Reportage

Dans un lycée professionnel à Pessac : "En fait, c'est bien de voter !"

Certains lycéens de Philadelphe-de-Gerde, à Pessac, votent pour la première fois en 2017.
Certains lycéens de Philadelphe-de-Gerde, à Pessac, votent pour la première fois en 2017. © Morgane Taquet
Par Morgane Taquet, publié le 02 mai 2017
1 min

Au lycée professionnel Philadelphe-de-Gerde à Pessac (33), dans l'entre-deux-tours, les avis des élèves sont très partagés. Ce qu'ils ont en commun : une confiance toute relative dans la parole politique.

Au lycée professionnel Philadelphe-de-Gerde à Pessac (33), c'est la rentrée après les vacances de printemps. Devant les portes de l'établissement, les discussions d'entre-deux-tours vont bon train. Évan, 15 ans, élève en seconde TMSEC (technicien de maintenance des systèmes énergétiques et climatiques), n'a pas le droit de vote mais, pour lui, pas question de voir le FN au pouvoir.

Il aimerait bien pouvoir voter au second tour pour contrer Marine Le Pen, "parce qu'avec sa politique migratoire, j'ai peur qu'elle le dégage", dit-il en pointant son ami Samy du doigt. "Mais je suis Français !", lui répond son camarade en riant. "De toute façon, elle ne passera pas", assure Évan. "Pas si sûr, le reprend Lucas, 17 ans. Regarde Trump aux États-Unis." À Pessac, Emmanuel Macron est arrivé en tête (31,2 %), devant Jean-Luc Mélenchon (24,5 %), loin devant François Fillon (14,8 %) et Marine Le Pen (11,4 %).

Lire aussi : Emmanuel Macron vs Marine Le Pen : quels programmes pour les jeunes ?

Pour Mandy, 17 ans, en première commerce et Julien, 16 ans, en seconde TFCA (technicien du froid et du conditionnement d'air), l'arrivée de la députée européenne à la tête de l'État serait une bonne chose. "Il y a des Français qui n'ont pas de travail, qui dorment dans la rue. Et on donne de l'argent à des immigrés", peste Mandy qui milite pour l'instauration d'"une préférence nationale" telle que voulue par la candidate du FN.

"Moi, je préférerais qu'on retrouve De Gaulle", se désole quant à lui Julien. Gabriel, 17 ans, également en seconde TFCA, ne partage pas du tout cette position. Pour lui, la sortie de l'euro serait "une catastrophe pour l'économie française". Et de résumer : "Avec Macron, on a un avenir ensemble. Le Pen, elle ne veut que nous enfoncer tous".

Simulation d'élection : Poutou en tête

Voter, ces lycéens n'en ont, pour la plupart, pas encore le droit. Pourtant, ils ont déjà glissé un bulletin dans l'urne. En amont du premier tour, une dizaine de professeurs ont lancé l'idée d'une "simulation" d'élection à laquelle ont participé 110 élèves, principalement de seconde. Organisée juste après le débat avec les 11 candidats, les résultats, qui ne sont dévoilés qu'aujourd'hui, se trouvent être très différents de ceux du 23 avril : Philippe Poutou et Jean-Luc Mélenchon sont arrivés loin devant la députée européenne et François Fillon.

"Philippe Poutou, candidat du cru, a séduit les élèves suite au débat à 11. Et les élèves ont été très sensibles aux affaires liées à François Fillon", analyse Carine Bayle, professeure de lettres et histoire, et co-organisatrice de cette "fake" élection.

Le vote, "une évidence"

Analyser les programmes, décrypter les biographies, organiser le vote, dépouiller... : l'opération a été "archi réussie", selon les mots de Véronique Escafré, professeure de lettres-espagnol. "Après la simulation, la plupart nous ont dit 'En fait, c'est bien de voter !'", se réjouit-elle.

En terminale CAP ECMS (employé de commerce multi-spécialités), Arnaud, 18 ans, se veut optimiste pour cette première élection à laquelle il est fier de participer. "Pour moi, voter c'est une évidence. Des gens se sont battus, nous n'avons pas le choix." A-t-il l'impression que son vote compte pour l'avenir ? "Oui, j'y crois, j'ai bon espoir. Même si on a moyennement confiance dans les candidats", dit Arnaud, qui retournera voté Emmanuel Macron au second tour.

Une confiance toute relative

Qu'ils soient d'un bord ou de l'autre, c'est le manque de confiance dans la sphère politique qui semble les réunir. Brian, favorable aux propositions du candidat Macron, et Mandy, séduite par le programme de Marine Le Pen, sont tous deux plutôt pessimistes. "Ça va faire comme avec Hollande et Sarkozy : ils parlent, ils parlent, il ne se passe rien. C'est la France quoi !", se désolent-ils.

Fier d'avoir voté pour la première fois à 19 ans, Bastien, en terminale CAP ECMS (employé de commerce multi-spécialités), a donné sa voix à Jean-Luc Mélenchon au premier tour, notamment convaincu pas son volet environnemental, la sortie du nucléaire et la généralisation du bio dans les cantines. Si au premier tour, le jeune homme était séduit, pour le second tour, il est dubitatif. Macron ou vote blanc, il ne sait pas encore. Ce qui inquiète surtout Bastien, c'est le non-respect des promesses. "Même si on sait que ce n'est pas évident, on aurait plus confiance dans les politiques si, une fois élus, ils respectaient leurs programmes. Si seulement, ils pouvaient faire ce qu'ils disent."

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