Murs délabrés, coupures d’électricité... Profs et élèves du lycée Voillaume d’Aulnay-sous-Bois témoignent
De nombreuses photos du lycée Voillaume d’Aulnay-sous-Bois ont circulé ces derniers jours sur internet. Élèves et enseignants racontent à l'Etudiant l'état du délabrement d’un des bâtiments et les conditions d’enseignement particulièrement difficiles.
Tout est parti de photos diffusées sur les réseaux sociaux il y a quelques jours. On y voit l’intérieur d’un bâtiment du lycée Voillaume, à Aulnay-sous-Bois (93), dans un état de délabrement inquiétant.
Les murs sont très abîmés, certaines fenêtres impossibles à fermer, des portes cassées… "On alerte sur la situation depuis plusieurs années", soupire Ivan Boquet, professeur d’histoire-géographie au lycée.
"L’an dernier, j’ai attrapé une infection, je ne vais plus aux toilettes au lycée"
Le bâtiment en question est l’un des cinq que comporte l’immense enceinte de ce lycée de 2.500 élèves. Si deux autres bâtiments font l’objet d’un plan de rénovation d’envergure, celui-ci accueille les élèves dans des conditions déplorables. "On a des difficultés à fermer certaines fenêtres, il y a des dalles au plafond qui tombent, des portes qui sont très abîmées", témoigne Marion Alline, professeure de français à Voillaume depuis quinze ans.
Outre les salles des classes, le délabrement des locaux pose surtout problème dans les sanitaires. "Chez les filles, deux cabines sur quatre n’ont pas de porte. On ne peut pas se laver les mains, il n’y a jamais de savon, raconte Agathe*. L’an dernier, j'ai attrapé une infection, je ne vais plus aux toilettes au lycée". Élève de première générale, Agathe affirme que de nombreux élèves ont alerté sur cette situation.
Mauvaise isolation et coupures d’électricité
Alors que le froid est revenu, élèves et profs doivent aussi composer avec un chauffage défaillant. "Dans les salles de classe, il fait parfois 16 degrés, et le pire, c'est dans le CDI et le gymnase où il a déjà fait 7 degrés", témoigne Ivan Boquet.
Pour les élèves, difficile de suivre les cours dans ces conditions. "Je garde mon manteau en cours et parfois, j'hésite à mettre mes gants", abonde Keyleen, élève de première générale. Agathe, elle, est épuisée par la situation : "Je fais un long trajet dans le froid pour venir au lycée et en arrivant, j'ai toujours froid toute la journée."
Aux problèmes de chauffage s’ajoutent ceux des coupures d’électricité. Certaines classes se retrouvent parfois privées de lumière et les élèves ont déjà été obligés d’utiliser leur téléphone portable pour éclairer leur copie, comme l’illustre une photo largement diffusée sur les réseaux sociaux. "Ca me gêne vraiment d’accueillir les élèves dans ces conditions", s’énerve Ivan Boquet.
Le sentiment d’être délaissés
Pour Clémence Lagache, prof d’histoire-géo, la situation de ce lycée n’est qu’un exemple parmi tant d’autres en Seine-Saint-Denis où de nombreux bâtiments seraient délabrés. "Quelle image de l’Education nationale renvoie-t-on ?", se demande-t-elle. Agathe, elle, a vu sur les réseaux sociaux des photos du lycée Henri IV à Paris, où la coupole de la bibliothèque vient d’être rénovée, "alors que nos murs sont en train de tomber".
À la suite de la polémique engendrée par la diffusion de ces photos, Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France et Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale, se sont rendus sur place ce mardi. "Pécresse dit qu’elle n’avait pas reçu nos courriers, on lui en a pourtant envoyé huit", s’agace Agathe. Quelques chauffages ont été installés en urgence et des travaux rapides ont été promis, notamment dans les sanitaires.
