Enquête

Protocole sanitaire : l’ultimatum des enseignants à Jean-Michel Blanquer

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Un protocole sanitaire insuffisant dans les collèges et lycées ? La grogne monte chez les syndicats qui réclament un renforcement des mesures. © Come SITTLER/REA
Par Thibaut Cojean, publié le 05 novembre 2020
5 min

Si les règles sanitaires ne sont pas renforcées dans les collèges et lycées lundi 9 novembre, plusieurs syndicats enseignants lanceront un appel à la grève dès le mardi 10 novembre. Ils demandent l’organisation de demi-groupes et l’aménagement des épreuves communes et terminales du bac.

Après une semaine de rentrée chahutée dans de nombreux lycées et collèges de France, plusieurs organisations syndicales enseignantes ont demandé à Jean-Michel Blanquer de renforcer le protocole sanitaire dans les établissements scolaires. Selon nos informations, ils lui laissent jusqu’au lundi 9 novembre pour prendre des décisions fortes, sans quoi ils lanceront un appel à la grève, dès le mardi 10.

Protocole non renforcé

Après l’annonce du reconfinement, qui a pris effet vendredi 30 octobre, le ministre de l’Education nationale avait pourtant promis que le protocole sanitaire serait "renforcé" à l’école. En réalité, la plupart de ses propositions figuraient déjà dans le protocole de septembre et n’ont pas toujours été mises en place dans les établissements, faute d’espaces et de personnels.

Avec le rebond de l’épidémie, les lycéens ne comprennent pas pourquoi ils doivent tous venir en cours alors que les commerces et restaurants ferment leurs portes. "Les lycées sont des endroits dangereux pour les lycéens, les professeurs et leurs familles", estime Mathieu Devlaminck, président de l’Union nationale lycéenne (UNL), organisation qui soutient les blocages et mouvements lycéens observés cette semaine.

Les lycéens font bien circuler le virus

Selon lui, les lycéens sont "inquiets" et craignent de contracter le virus : "Des élèves ont peur de rentrer chez eux car ils ont des proches à risque". En effet, "les adolescents de 12 à 18 ans semblent avoir la même susceptibilité au virus et la même contagiosité vers leur entourage que les adultes", écrit le Conseil scientifique dans son rapport du 26 octobre 2020.

Cette professeure d’un lycée du Kremlin-Bicêtre (94) l’a constaté : "Avant les vacances, j’ai eu jusqu’à sept élèves positifs dans ma classe de 35, mais on ne l’a pas fermée et on n’a pas su de quels élèves il s’agissait."
Elle non plus n’a pas été convaincue par les annonces de Jean-Michel Blanquer. "Ce protocole renforcé est un protocole inexistant. Lundi, on a découvert que rien n’avait changé depuis octobre." Elle regrette notamment que son lycée n’ait pas assez de personnel pour faire respecter les règles sanitaires de base, comme la désinfection des locaux. "Il y a 1.700 élèves et 150 profs, et on a 11 agents d’entretien, dont 6 ont le Covid."

Droit de retrait des professeurs

"J’ai expliqué à mes élèves de seconde que j’exerçais mon droit de retrait", souffle l’enseignante de langue vivante, qui a souhaité rester anonyme. Après avoir accueilli des petits groupes jeudi matin, elle n’a pas voulu faire cours à une classe de 35 élèves. "On refuse de travailler dans ces conditions, martèle-t-elle. Nous avons rédigé un plan d’effectif réduit que notre direction doit transmettre au rectorat."
Les professeurs de son lycée formulent localement ce que les syndicats demandent nationalement : la mise en place de demi-groupes, avec une alternance entre présentiel et distanciel.

Une option que Jean-Michel Blanquer n'"encourage pas" et laisse pour l'instant à la responsabilité des établissements.

Demi-groupes et aménagements des épreuves du bac

Mathieu Devlaminck pense pourtant que "si on divise les effectifs par deux, c’est possible de faire des roulements et d’instaurer la distanciation. Ce qui inquiète aujourd’hui, c’est qu’il n’y a aucun lieu où l’on se sente en sécurité."
Au-delà du protocole sanitaire, l’UNL, mais aussi les syndicats enseignants, attendent également des mesures sur le volet de la pédagogie : allègement des programmes, annulation des évaluations communes (EC) de janvier-février et report en juin des épreuves de spécialités prévues pour mars.
Selon le ministère de l’Education nationale, des annonces sont attendues dans les prochains jours. Sans prise de position claire, le bras de fer et les grèves risquent de se poursuivre en pleine crise sanitaire.

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