Décryptage

Qu'est-ce qu'un bon prof ?

Un bon prof sait dynamiser sa classe.
Et pour vous, c'est quoi, un bon prof ? © plainpicture/Blend Images/Hill Street Studios
Par Erwin Canard, publié le 28 juillet 2017
7 min

En ce début d'année, vous découvrez votre nouvel emploi du temps, mais aussi vos profs. Vous êtes content pour certains, beaucoup moins pour d'autres. Mais, au fait : un bon enseignant, c'est quoi ? Élèves, profs, chefs d'établissement et inspecteurs donnent leur point de vue.

"Cool, on a Madame X !", "Oh non, pas Monsieur Y…" À la découverte de la liste des enseignants qui vous accompagneront tout au long de cette nouvelle année, vous ferez sans doute ce type de commentaires. Parce que vous les avez déjà eus ou parce que vous connaissez leur réputation, certains sont, à vos yeux, de "bons profs", d'autres moins. Selon cette "classification" subjective, vous avez ainsi plus ou moins hâte de les retrouver en cours.

"Sympa mais sévère quand il le faut"

Selon qui juge – les élèves, les profs, les chefs d'établissement ou encore les inspecteurs de l'Éducation nationale, qui évaluent les enseignants pour l'État – l'appréciation sur le "niveau" d'un enseignant peut différer. À tel point que, à la question "Qu'est-ce qu'un bon prof ?", Stéphane Linais, professeur de mathématiques au lycée Christophe-Colomb à Sucy-en-Brie (94), affirme qu'il "n'y a pas une seule réponse".
Pour Chloé, en troisième au collège Notre-Dame, à Saint-Jean-d'Ardières (69), un bon prof est "un prof sympa mais sévère quand il le faut". Une combinaison entre autorité et sympathie partagée par Éloïse, en première S au lycée Mathias de Chalon-sur-Saône (71) : "Un bon prof sait tenir sa classe, où il ne se passe pas n'importe quoi, mais il est aussi à l'écoute des élèves, il est humain". "Les élèves ont envie et besoin d'un prof avec de l'autorité, assure Stéphane Linais. Cela peut être déstabilisant au début mais, sur le long terme, ils sont reconnaissants." Il s'agit alors de trouver le bon dosage. "Le prof ne doit pas être le copain des élèves mais ne pas être trop à distance non plus. Il faut parvenir à créer un esprit de groupe dont le prof fait partie et dire : je ne suis pas votre ami, mais on est une équipe", explique Bastien Mouchet, enseignant de français au collège Gutenberg de Malesherbes (45).

"Donner envie de travailler"

L'objectif pour les enseignants est, selon lui, "de créer une relation de confiance permettant de favoriser au mieux les apprentissages, de donner envie de travailler". Chloé explique pourquoi sa prof d'anglais, l'an dernier, correspondait à ce profil : "Elle donnait des punitions à ceux qui perturbaient la classe tout en faisant souvent des blagues." Et la jeune fille d'ajouter : "Elle nous faisait beaucoup travailler à l'oral, ça changeait."
Outre l'attitude avec les élèves, la manière de les faire travailler joue donc également. "Un bon prof ne doit pas être là juste pour faire son cours. Il doit vivre avec son temps et ne pas rester avec des méthodes ancestrales. C'est quelqu'un qui fait son programme tout en amenant une touche de fraîcheur, de jeunesse qui permet de captiver", estime Lucas, qui a eu son bac ES en juin 2017 au lycée La-Xavière de Lyon (69). Sa prof de maths de l'an dernier y était parvenue : "Elle utilisait le vidéoprojecteur, organisait des visites pour expliquer un cours, c'était vivant ! Du coup, même si elle donnait beaucoup de travail à la maison, tout le monde essayait d'avoir de bonnes notes car elle donnait envie de bien faire son travail."

"Un bon enseignant est un prof qui fait le programme"

Parvenir à faire travailler les élèves pour les amener au bout du programme : voici un autre critère qui, selon Stéphane Linais, permet de juger la qualité d'un enseignant. "Un bon enseignant est un prof qui fait le programme car, dans le cas contraire, c'est handicapant pour les élèves pour la suite", souligne-t-il. Le suivi du programme est d'ailleurs un des critères qu'utilisent les chefs d'établissement et les inspecteurs dans leur mission d'évaluation des enseignants pendant leur carrière. Il s'agit (voir document ci-dessous) notamment de la partie "Maîtrise des savoirs disciplinaires et leur didactique". "L'inspecteur regarde notamment le contact avec la classe, la conformité des cours avec le programme et la correspondance entre ce qui est fait et ce qui est attendu… Globalement, comment l'enseignant prépare les élèves à la classe suivante ou à l'examen de fin d'année", résume Philippe Vincent, secrétaire général adjoint du SNPDEN, principal syndicat de chefs d'établissement, et proviseur d'un lycée à Marseille.

Les critères à partir desquels les chefs d'établissement et les inspecteurs évaluent les profs
Les critères à partir desquels les chefs d'établissement et les inspecteurs évaluent les profs © Ministère de l'Éducation nationale

Aux yeux de l'Éducation nationale, un bon prof est donc un enseignant qui suit le programme, mais pas uniquement. "L'enseignant doit avoir pour premier objectif de faire progresser ses élèves, d'adapter ses pratiques à chacun d'eux", indique Patrick Roumagnac, secrétaire général du SIEN-UNSA, principal syndicat des corps d'inspection. "L'enseignant ne fait pas que passer des connaissances toutes prêtes mais donne les clefs pour aller les chercher. Il s'adapte à l'élève. Quand un élève est très bon, il doit lui permettre de grimper encore plus. Et quand il en est en difficulté, il doit pouvoir l'aider", estime Bastien Mouchet. Les inspecteurs regardent ainsi, explique Patrick Roumagnac, "si l'enseignant donne une part d'activité aux élèves, comment il analyse les difficultés de chacun, s'il travaille en équipe, etc.".

Les résultats et l'avis des élèves : hors jeu (ou presque)

En revanche, les résultats des élèves ne sont pas pris en compte dans l'évaluation des enseignants car, selon Patrick Roumagnac, la "qualité" de l'enseignant n'est pas l'unique critère qui entre en jeu. Les résultats des élèves peuvent être liés, par exemple, à leur milieu social.

L'opinion des élèves n'est pas non plus prise en compte dans l'évaluation des enseignants. Du moins, pas officiellement. "Il y a des canaux qui remontent jusqu'à la direction, assure Philippe Vincent. Ce n'est pas formel mais, quand ça se passe mal, on le sait. Il y a les élèves, les délégués, les parents délégués… On sait assez vite quels types de relations les élèves et les enseignants ont." Pour Patrick Roumagnac, établir une évaluation des enseignants par les élèves serait compliqué : "Il se poserait la question de savoir comment l'élève fait pour apprécier la qualité d'un enseignant. Les professeurs pourraient être tentés de seulement plaire à leurs élèves".
Comment sont évalués les enseignants ?

Les modalités d'évaluation des enseignants vont évoluer prochainement. Jusqu'alors, ils étaient "inspectés" tous les 6 à 7 ans en moyenne. C'est-à-dire qu'un inspecteur assistait à des cours de l'enseignant puis procédait à un entretien. À la suite de cela, une note était donnée, qui comptait pour 60 % de la note totale. Les 40 % restant résultaient d'une évaluation "administrative" donnée par le chef d'établissement. Le nouveau mode d'évaluation consistera à trois "rendez-vous" lors de la carrière de l'enseignant. Ceux-ci ressembleront globalement à l'évaluation précédente : une inspection, un entretien avec l'inspecteur puis un autre avec le chef d'établissement. Mais, contrairement à précédemment, les enseignants n'auront plus d'entretiens annuels avec le chef d'établissement.

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