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Réforme du bac : une première génération de lycéens très accompagnée mais mal préparée au supérieur

Si leur entrée dans le supérieur n'a pas toujours été évidente, les premiers diplômés du nouveau bac parviennent à s'adapter au niveau rythme de travail.
Si leur entrée dans le supérieur n'a pas toujours été évidente, les premiers diplômés du nouveau bac parviennent à s'adapter au niveau rythme de travail. © Adobe Stock/WavebreakMediaMicro
Par Hippolyte Loechner, Paul-Adrien Montacié, publié le 23 mars 2022
6 min

Les premiers lycéens ayant passé le nouveau bac sont désormais étudiants de première année. Après avoir connu la réforme du bac et la crise sanitaire, difficile pour eux de trouver le rythme des études supérieures. Ils saluent pourtant l'accompagnement infaillible de leurs anciens professeurs dans ce contexte doublement particulier.

La génération 2003 est la toute première à être arrivée dans l’enseignement supérieur après le nouveau bac général. Entre choix de spécialités imprécis et crise sanitaire, la première année n'est pas simple pour ces nouveaux étudiants.

"Le niveau n’est pas le même entre le lycée et les études supérieures"

Eva, aujourd'hui en classe préparatoire droit économie à l’université catholique de Lille (59), ne cache pas son avis tranché sur la réforme du bac. "D’un côté c’est bien parce qu’on se spécialise et qu’on fait un peu plus ce qu’on aime. Mais ils auraient dû laisser des maths dans le tronc commun parce que ça pénalise beaucoup d’élèves. Notre prof d’économie de prépa est déçue de notre niveau", regrette celle qui avait pris SES (sciences économiques et sociales) et HGGSP (histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques) en terminale. Avant de concéder : "Le niveau n’est pas le même entre le lycée et les études supérieures."

Avec le recul, le bilan de Lana est lui aussi mitigé sur les spécialités. Aujourd'hui en BTS commerce international au lycée Albert Camus de Nîmes (30), elle n’a pas l’impression que les spécialités SES et anglais monde contemporain lui aient servi pour sa formation. "Après, la filière est peut-être plus adaptée aux bacs STMG", relativise-t-elle.

Même son de cloche chez Lucas, en BUT métiers du multimédia et d’Internet au lycée Marie Curie de Tarbes (65), qui n’a pas jugé ses spécialités pertinentes. "Peut-être que la physique me sert un peu pour l’optique, mais c’est tout." S’il a abandonné NSI (numérique et sciences informatiques) après la première, c’est pourtant cette spécialité qui lui a donné le plus de bases pour sa formation d'aujourd'hui, notamment pour le codage.

Professeurs et élèves perdus face à la réforme du lycée

Ces choix pas toujours pertinents peuvent s’expliquer, selon Eva, par "le flou" qui entourait alors la réforme. Laure, étudiante en licence LEA anglais-espagnol à Arras (62) complète : "Les professeurs étaient présents, mais avec la réforme, ils étaient aussi perdus que nous, et comme elle changeait tout le temps, ils ne savaient pas trop sur quoi se baser pour nous donner des conseils. En plus, avec l’annulation des épreuves un mois avant à cause du Covid, ils étaient au bout du rouleau."

La difficile découverte de l'autonomie

Au-delà des cours, passer du lycée à l’enseignement supérieur présente aussi un défi d'organisation. Les étudiants découvrent, parfois brusquement, un nouveau rythme de travail, et rares sont ceux qui considèrent que le lycée les a aidés à préparer cette autonomie. "Le lycée ne te prépare pas spécialement à être autonome. Soit tu l’es, soit tu ne l'es pas", estime Daniel, en classe préparatoire intégrée à Polytechnique Sorbonne à Paris (75).

Pour autant, les étudiants de la génération 2003 interrogés se sentent plutôt bien encadrés, en dépit (ou en raison) du contexte sanitaire et de la réforme du bac. Par exemple, si Laure admet que "le ressenti peut être différent en fonction des facs", elle a l’impression de "ne pas être lâchée comme ça". De la même manière, Lucas, qui profite de l’autonomie laissée par ses professeurs en BUT, apprécie qu'ils soient "là si on a une question, et qu'ils essaient de nous connaître personnellement".

L'accompagnement des professeurs salué par les lycéens

Un dévouement qui leur rappellera peut-être leurs professeurs de lycée. Tous saluent l’engagement de leurs anciens enseignants : "Les professeurs étaient très investis, et nous suivaient au cas par cas même en distanciel", se souvient Lucas.

Neuf mois après la fin de son lycée, Daniel ne tarit pas non plus d’éloges : "Les professeurs nous ont bien accompagnés, ils nous ont parlé des écoles, expliqué comment fonctionne Parcoursup… Ils nous ont montré les différents parcours. Tout le monde pouvait s’orienter facilement. Même ceux qui étaient perdus ont trouvé ce qu'ils voulaient faire."

L'accompagnement des élèves est l'un des critères pris en compte dans le classement des lycées généraux et technologiques de l'Etudiant, à travers trois indicateurs : la capacité à faire progresser les élèves (d'avoir le bac), celle de les faire briller (de décrocher une mention) et, plus simplement, la stabilité, soit la capacité pour un lycée de conserver ses élèves de la seconde jusqu'à la fin de la terminale.

Retrouvez l'ensemble de notre dossier "classement 2022 des lycées"

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