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CHAM : ces classes à horaires aménagés pour allier études et passion

Surf // © phovoir
Le surf comme le ski, la danse ou la musique font partie des disciplines qui peuvent bénéficier d'horaires aménagés. // © phovoir © Phovoir
Par Sophie de Tarlé, publié le 15 septembre 2014
1 min

Au lycée, vous souhaitez poursuivre votre scolarité en conciliant vos études et votre passion pour le sport, la danse ou la musique. Certains établissements proposent des classes à horaires aménagés (CHAM) destinées à ces pratiques. Attention, seuls les élèves les plus motivés et les plus doués obtiennent une place. Alors vous vous sentez prêts à tenter l'aventure ?

Hugo a suivi sa scolarité en horaires aménagés de la sixième à la terminale. Tout en prenant des cours de danse contemporaine au studio des Abbesses, à Paris, il a passé son bac S au lycée Racine. Une scolarité particulière qui ne l'a pas empêché de décrocher une mention très bien et d'intégrer Sciences po Paris l'année suivante ! "Ce qui est difficile, ce n'est pas de cumuler les deux, c'est de choisir sa voie après le bac", souligne Hugo, qui a finalement décidé d'arrêter la danse malgré son admission au Conservatoire national supérieur musique et danse de Lyon.

En France, l'emploi du temps scolaire n'est pas conçu pour laisser du temps à la pratique d'un sport ou d'une activité artistique. Sauf quand l'Éducation nationale permet aux lycéens de concilier leur passion et la préparation du bac avec, dans certains établissements, un emploi du temps aménagé.

Sport : une pratique de plus en plus intensive

Les sportifs peuvent poursuivre leur scolarité dans un établissement disposant d'une section sportive scolaire (ex-sport-études). Ils bénéficient alors, au sein du lycée, d'au moins trois heures par semaine d'entraînement dans leur discipline (en plus des heures de sport prévues au programme) sous la houlette d'un professeur dédié. Presque tous les sports sont concernés : athlétisme, football, gymnastique, pelote basque, rugby, ski, surf...

Les sections sportives scolaires existent en nombre dans les collèges, un peu moins dans les lycées. Et pour cause : plus le niveau sportif monte avec l'âge, plus les élèves ont des chances d'être repérés par une fédération et inscrits en pôle Espoirs ou pôle France. Ils ont alors besoin d'une préparation de haut niveau au sein de leur club et sont donc scolarisés dans des lycées situés près des lieux d'entraînement, souvent des internats. Ils ont des facilités pour rattraper les cours et les devoirs en cas d'absences liées aux compétitions, mais ne bénéficient pas d'un emploi du temps aménagé. "J'allais à l'étude jusqu'à 19 heures, puis je poursuivais les entraînements jusqu'à 20h30", explique Thomas, qui a fait sa scolarité au pôle Espoirs basket du lycée Marseilleveyre de Marseille.

Musique : des places très demandées

La pratique du chant, de la danse ou d'un instrument a lieu au sein des conservatoires ou de centres privés. Ces derniers ont des partenariats avec certains lycées disposant de classes à horaires aménagés musique et danse (dites classes CHAM), permettant aux élèves d'avoir des moments libres le matin ou l'après-midi. Le CRR (conservatoire à rayonnement régional) d'Annecy (74), par exemple, en lien avec le lycée Gabriel-Fauré, permet de préparer les bacs ES, L et S en horaires aménagés. En général, il existe un ou deux lycées avec CHAM par académie.

Une violoncelliste au conservatoire national de musique de Paris © CNSMDPEn classes CHAM comme en sections sportives, seuls les élèves les plus motivés et les plus doués arrivent à avoir une place. // © CNSMDP

Lycées parisiens et lycées privés

À Paris, cinq lycées publics disposent de classes à horaires aménagés pour une pratique artistique : Racine (bacs L, S), Lamartine (bac TMD – techniques de la musique et de la danse), La Fontaine (bacs L, S et TMD), Brassens (bacs L et S) ainsi que le lycée professionnel Abbé-Grégoire. Ces établissements reçoivent en priorité les élèves de la Maîtrise de Radio France, des CRR et du CNSMDP (Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris).

Certains lycées privés proposent également à leurs élèves d'intégrer une classe à horaires aménagés dans le cadre d'accords avec des centres de formation artistique privés (ou des clubs sportifs). Ainsi, le lycée privé Passy-Saint-Honoré (Paris XVIe) prépare aux baccalauréats ES et L en partenariat avec l'AID (Académie internationale de la danse). Les jeunes (voir le témoignage de Line) vont au lycée le matin et suivent des cours de danse l'après-midi.

Un emploi du temps chargé

Mais qui dit aménagement des horaires ne dit pas allégement ! Les élèves qui pratiquent la danse dans un CRR y consacrent environ douze heures par semaine, en plus d'une bonne trentaine d'heures de cours au lycée. Ceux qui pratiquent un instrument n'ont "que" huit heures de musique hebdomadaires, mais c'est sans compter le travail personnel. Et il faut beaucoup de volonté, car on s'entraîne seul. Dans les sections sportives, l'emploi du temps est aussi conséquent. Au lycée René-Cassin de Bayonne (64), Ramuntxo Belly, responsable de la section pelote basque, explique que les élèves suivent cinq heures d'entraînement par semaine. Et ils continuent le week-end, dans leur club.

Une sélection plus ou moins drastique

Très demandées, les classes à horaires aménagés et les sections sportives sont réservées aux élèves les plus motivés. Pour y entrer, il faut d'abord avoir un excellent niveau artistique (ou sportif). "Au CRR de Paris, un quart des candidats sont admis chaque année", confirme Viviane Loriaut, responsable du cursus horaires aménagés. Le recrutement se fait sur tests, en mai-juin chaque année. La sélection est rude, particulièrement en musique. Au CRR, il arrive qu'ils ne prennent personne, estimant que les élèves ne sont pas assez bons. En sport aussi, des journées de test sont organisées chaque année. La sélection est alors plus ou moins forte selon la spécialité.

Un atout pour gratter des points au bac

Au bac, la pratique sportive ou artistique peut rapporter des points supplémentaires grâce aux épreuves facultatives. Les candidats peuvent en présenter deux (en danse, par exemple, un élève peut passer art-danse et danse-EPS), sachant que les points supérieurs à la moyenne sont multipliés par deux pour la première épreuve, et par un pour la seconde. Autre ­possibilité pour gagner des points, en L uniquement : opter pour l'option "lourde" musique ou danse (coefficient 6). Enfin, les plus passionnés peuvent passer le bac TMD dans l'un des 25 lycées qui le proposent. Et après ? Certains deviennent sportifs ou artistes professionnels, mais beaucoup font autre chose. Hugo, par exemple, s'est plongé à 100 % dans les études à Sciences po.

Line, horaires aménagés // © Florence Levillain pour l'EtudiantLine, 15 ans, en première ES au lycée Passy-Saint-Honoré, à Paris, et à l'AID (Académie internationale de la danse)
"Je compte me lancer dans la vie professionnelle dès que j'aurai mon bac en poche"

À 10 ans, Line rêve qu'elle se retrouve sur la scène de l'Opéra de Paris. "Je faisais de la danse classique devant des centaines de personnes", se souvient-elle, le sourire aux lèvres. Déterminée, elle intègre l'Académie internationale de la danse dès la sixième. Elle apprécie, en particulier, le fait que l'enseignement soit aussi complet, qu'il y ait à la fois de la danse, du chant, du théâtre et de la comédie musicale. Pour elle, se retrouver entre futurs artistes est une chance : "J'ai des amis qui vivent la même chose que moi, avec qui je peux partager mes expériences", explique Line. Elle sait que l'investissement est immense. "Parfois, c'est difficile de suivre le rythme, certaines semaines sont très chargées", admet-elle. Mais elle s'accroche avec l'espoir d'intégrer la prestigieuse compagnie du Béjart Ballet Lausanne. "Je compte me lancer dans la vie professionnelle dès mon bac en poche", affirme-t-elle. Confiante, sa mère la soutient à 100 %.

Témoignage recueilli par Valentin Chatelier

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