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Le bac à option internationale (OIB), un diplôme en VO

Au lycée International Jean-Pierre-Vernant certains cours sont donnés en anglais ou en allemand.
Au lycée International Jean-Pierre-Vernant certains cours sont donnés en anglais ou en allemand. © Marie-Pierre Diéterlé / Babel pour l'Étudiant
Par Isabelle Dautresme, publié le 05 mai 2015
1 min

Pas besoin de franchir le Rhin ou l’océan Atlantique pour goûter au système éducatif allemand ou américain. Le lycée Jean-Pierre-Vernant de Sèvres (Hauts-de-Seine) prépare au bac général à option internationale (OIB). “l’Etudiant” est allé à la rencontre de ces élèves qui n’apprennent pas tout à fait comme les autres. Reportage.

Les classes de terminales OIB du lycée Jean-Pierre-Vernant, situé à quelques ­kilomètres de Paris, comptent 225 élèves anglophones ainsi que 75 germanophones. Au program­me : histoire-géo et littérature en lan­gue étrangère, mais aussi voyages, spectacles, échanges... Certains élèves sont entrés en section internationale en se­conde, d'autres en sixième, quelques-uns même dès le primaire. Ils ont tous en commun d'être bilingues en anglais ou en allemand, et plutôt du genre sociable.

Sourire aux lèvres, Emmanuelle, en terminale ES, est “inter” depuis la sixième. Alors que les “nationaux” (ceux qui ne font pas partie de la section internationale) occupent leur mercredi après-midi à faire du sport ou de la musique ou bien à réviser leur prochain devoir de philo, elle, elle commente Shakespeare.

Des cours en immersion


Dans la salle voisine, c'est l'histoire américaine qui est au programme de l'après-midi. Au mur défile un PowerPoint où une caricature du président Wilson succède à une illus­tration de la signature du traité de Versailles. Les élèves réagissent, en anglais “of course” ; à peine si on décèle un brin ­d'accent ici ou là. 

Un étage plus bas, Éléonore, en première S et également inter depuis la sixième, écoute attentivement deux de ses camarades lire à haute voix un extrait d'une pièce de Dürrenmatt. Nous sommes en cours de littérature allemande.

Un engagement à la réflexion


Partout, la même ambiance à la fois studieuse et décontractée. “Cela tient à la manière dont nos profs, tous anglophones ou germanophones, enseignent, explique Emmanuelle. Ils ne cherchent pas à nous gaver de connaissances, mais à nous aider à comprendre le pourquoi du comment. Une large place est laissée aux débats et à la contradiction. Conséquence : les cours sont bien plus inter­actifs, donc moins ennuyeux.”

Thomas, en terminale L, ajoute d'un ton assuré : “Les enseignements internationaux et nationaux se complètent. L'idée est de prendre le meilleur de chaque système éducatif :la rigueur, les connaissances, le formalisme parfois rigide de l'école française et la bienveillance (peut-être infantilisante)  ­du système anglo-saxon.”

Une communauté soudée

La vie extra­scolaire est également prise très au sérieux à Sèvres. “C'est l'occasion de développer une vraie communauté”, note Christophe Delporte, le directeur des sections internationales. Spectacles et rencontres ponctuent l'année scolaire : “Garden party” à la rentrée, “Wine and Cheese”, en novembre, accueil des correspondants australiens au mois de décembre... Et en mai : “La Play”, le spectacle en version anglaise ou allemande, point d'orgue de l'année.

“Pour les élèves, c'est un couron­nement, s'enthousiasme Françoise Bonne, proviseure du lycée. Et pour nous, c'est l'occasion de mesurer véritablement le bilinguisme des inters. Fluidité, accent, rythme, tout y est!” Autre temps fort : “La Prom”, comprendre la remise des diplômes. “Tout le monde est sur son 31, on se croirait dans un lycée américain”, commente dans un grand sourire Emmanuelle. Les parents anglophones et ­germanophones sont très de­mandeurs de ces initiatives qui nourrissent la vie de l'école. “Pour se construire et s'épanouir, le jeune a besoin aussi de s'engager et de s'investir”, fait valoir Christophe Delporte. À venir, donc : une association humanitaire, un festival de la culture allemande, une revue littéraire trilingue...

Des jeunes qui s'adaptent

Dans un tel environnement, rien d'étonnant à ce que les inters soient plutôt “curieux et très adaptables”. “Ils jonglent en permanence avec des systèmes très différents, des langues ­différentes qui renvoient à des cultures différentes, analyse Mary May, professeure d'histoire-géographie en section internationale. Je les trouve particulièrement matures et confiants.” Ce propos ne surprend pas Thomas : “Depuis tout petits, on est en contact avec des systèmes éducatifs plutôt bienveillants, ça aide à croire en nos capacités.”
Du coup, “en cours ‘nationaux’, les inters sont plus à l'aise et sont souvent les seuls à participer”, remarque Emmanuelle.

Un passeport pour des études à l'étranger

Le bac option OIB ouvre, en outre, largement les portes des universités étrangères. “Chaque année, 30% des élèves partent à l'étranger avec le bac en poche”, souligne Christophe Delporte. Les autres ? Ils vont en prépas, rejoignent l'université pour “travailler à l'international”, intègrent des écoles de commerce ou des écoles d'ingénieurs avec l'idée de partir un peu plus tard, ou optent pour une année de “gap” (année de césure). “C'est très courant dans le système anglo-saxon !”, commente Mary May.

Une sélection drastique

Pour intégrer la section internationale du lycée de Sèvres, il ne suffit pas d'être bilingue, il faut aussi avoir un solide dossier scolaire et se montrer motivé. Les places sont chères. Une vingtaine seulement sont ouvertes en seconde, la plupart des collégiens de section internationale poursuivant au lycée. Les jeunes qui ont été scolarisés à l'étranger dans une école “locale” doivent passer un test de français. 

“Nous voulons nous assurer qu'ils maîtrisent suffisamment bien notre langue pour pouvoir suivre les cours nationaux”, précise Christophe Delporte. Ensuite, tous les candidats ­doivent passer un entretien de personnalité. Objectif : évaluer leur motivation. “On préférera un élève pétillant qui a envie de s'engager, à un élève moins enthousiaste qui a de meilleurs résultats”, indique le directeur. Quitte à l'accompagner durant sa scolarité avec des cours de FLE (français langue étrangère) et avec du soutien dans les ma­tières “nationales”.

Les cours sont terminés, les inters quittent le lycée en grappes dispersées. Certains poursuivent la conversation en anglais ou en allemand, d'autres passent au français, mais en tout cas, tous rêvent leur avenir en partie à l'étranger.

Les bacs OIB, c'est quoi ? 
La section internationale du lycée de Sèvres est ouverte aux élèves bilingues en anglais ou en allemand, Français ou étrangers, en filière générale : ES, L et S. Les élèves passent toutes les épreuves correspondant à leur bac français. Mais les deux épreuves écrites de langue vivante 1 et d'histoire-géographie sont remplacées par deux épreuves écrites et deux orales, en littérature et histoire-géographie, en anglais ou en allemand. Ces quatre épreuves ont un coefficient total de 16 en S, de 18 en L et en ES. Coût de la scolarité : environ 2.200 € par an. Cette somme sert notamment à rémunérer les enseignants de la section. 

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