Décryptage

Lycées d’excellence : la solution du privé

publié le 14 mars 2007
4 min

Le privé sous contrat fait recette. Il scolarise déjà 21,4 % des lycéens. Un chiffre qui pourrait être encore plus élevé si l’État, qui rémunère les professeurs de ces établissements, n’en freinait le recrutement. Conséquence : à la rentrée 2006, 29 800 élèves se sont vu refuser leur inscription. Dans certaines régions, la pression est particulièrement forte : les académies de Créteil, Versailles et Aix-Marseille ont recalé chacune plus de 3 500 élèves. Le record est détenu par le lycée Jean-Baptiste-de-La-Salle, en Seine-Saint-Denis, qui a éconduit 2 200 élèves à lui tout seul.

Privé : les critères de choix


Des attentes différentes. « Les familles ne cherchent pas uniquement à éviter l’établissement du secteur, elles ont aussi des attentes spirituelles et éducatives », analyse Paul Malarte, secrétaire général de l’enseignement catholique. Mais si les souhaits éducatifs sont bien réels, la religion n’est plus le premier critère de choix. D’ailleurs, nul besoin d’être baptisé pour y rentrer. Seul un cours de culture religieuse est parfois obligatoire au lycée.

La réputation… Une étude du CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) sur l’enseignement privé, menée en avril 2005, montre ainsi que la « réputation » de l’établissement est l’élément le plus déterminant pour les parents.

… mais pas seulement. Un bon encadrement, l’épanouissement de leur enfant, des valeurs morales et enfin un bon niveau scolaire sont également cités parmi les principales motivations. Il est vrai que le taux de réussite exceptionnel au bac du privé sous contrat (32 établissements ont obtenu 100 % en 2005) a de quoi faire rêver…

Privé : s’y prendre plusieurs années à l’avance


Des places chères. Pour y rentrer, une seule règle : s’y prendre plusieurs années à l’avance. Les places sont rares et occupées en priorité par les frères et sœurs, les enfants des anciens élèves et… les élèves qui ont suivi les cycles précédents dans l’établissement. Ainsi, le lycée Lacordaire de Marseille ne dispose que de 50 places réellement extérieures en seconde. Seuls de gros établissements comme Stanislas, à Paris, peuvent accueillir 100 nouveaux élèves par an en classe de seconde. Mais ici comme ailleurs, la sélection est sévère. « Plus que la moyenne, qui ne veut rien dire, nous regardons comment se situe l’élève par rapport à sa classe, s’il est proche de la meilleure note par exemple », explique Daniel Chapellier, le directeur de Stanislas.

Un dossier adéquat… En outre, pour postuler à cet établissement très sélect, le dossier doit contenir deux lettres de motivation : l’une écrite par les parents, l’autre par l’enfant, qui seront ensuite reçus séparément. « Nous voulons être sûrs que l’enfant adhère à nos valeurs », ajoute le directeur. En seconde, ce lycée ne retient qu’un candidat sur trois.

… mais sans garantie. Dans certains secteurs pris d’assaut et moins bien dotés en écoles privées, bonnes notes et bonnes intentions ne suffisent plus. Alors que sa fille est scolarisée dans le public à Maisons-Alfort, en région parisienne, la mère d’Alice bataille depuis un an pour qu’elle intègre le très prisé Saint-Michel-de-Picpus (Paris, XIIe), doté d’une excellente prépa. Ses lettres de motivation et les bulletins impeccables de sa fille n’y ont rien fait. « Je suis même allée à la fête de l’école pour essayer de convaincre la directrice, sans aucun résultat, malheureusement. » Peut-être aurait-elle dû penser à sa stratégie dès la maternelle, comme c’est le cas pour de plus en plus de parents…

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