Décryptage

Nouveautés de la rentrée au lycée : Luc Chatel occupe le terrain

Par Virginie Bertereau, publié le 31 août 2010
5 min

Le 31 août 2010, Luc Chatel a donné sa conférence de presse de rentrée à guichets fermés. Les journalistes sont venus en masse pour écouter le ministre de l’Éducation nationale présenter tout ce qui agitera l’année 2010-2011 (et repartis sans scoop). Une année riche en réformes (du lycée, de la formation des enseignants), en débats (sur les rythmes scolaires) et en expérimentations tous azimuts (dispositif "Cours le matin, sport l’après-midi", programme CLAIR (Collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite) pour les établissements qui concentrent le plus de difficultés, livret de compétences…). Objectifs : "personnaliser notre action pour travailler au plus près des élèves", "développer l’autonomie des établissements" et "proposer aux professeurs un nouveau pacte de carrière".

Réformes en marche


Premier point : la réforme du lycée général et technologique – qualifiée par le ministre "d’ambitieuse" lors de sa conférence de presse de rentrée 2009 – est sur des rails. Accompagnement personnalisé, enseignements d’exploration, groupes de compétence en langues, etc. se sont mis en place dans les établissements, avec localement plus ou moins de difficultés. La réforme du lycée professionnel se poursuit également, avec la création de la nouvelle première professionnelle. Quelque 1.300 lycées sont concernés sur les 3.845 que l’on compte en France.

Côté professeurs, les lauréats des concours 2010 plongent dans le grand bain à la rentrée 2010. Nommés fonctionnaires stagiaires, ils seront désormais responsables d’une ou de plusieurs classes, sous le tutorat d’un enseignant expérimenté. Plus formés (le niveau master est requis), les nouveaux professeurs seront également mieux rémunérés.

Sécurité et rythmes scolaires : les débats sont ouverts


Parmi les sujets qui font débat à la rentrée 2010, figurent les rythmes scolaires. Luc Chatel est revenu sur la création d’une commission nationale qui travaillera jusqu’au printemps 2011 sur toutes les pistes possibles : réduction des vacances d’été, journées moins chargées, cours le mercredi matin, etc. Parallèlement, le ministre a rappelé la mise en place de "l’expérimentation" "Cours le matin, sport l’après-midi" dans 124 collèges et lycées.

Autre sujet d’actualité : le plan de sécurisation des établissements scolaires, renforcé en février 2010. Au programme : mise en œuvre des quelque 8.000 préconisations (aménagement des locaux, installation de clôtures, équipement en vidéo protection…) recueillies dans les établissements, effectifs des EMS (équipes mobiles de sécurité) doublés dans les académies les "plus exposées à la violence", poursuite des formations des équipes dans les établissements pour réagir face aux situations de crise, expérimentation d’un bureau pour les gendarmes et policiers référents dans les établissements... Et évolution des règles et des sanctions disciplinaires à venir. "L’exclusion d’un élève ne résout rien : elle ne fait que déplacer le problème et rompre le suivi éducatif", a déclaré le ministre. Luc Chatel a également mentionné la création d’une dizaine d’ERS (établissements de réinsertion scolaire) d’ici novembre 2010 (10 autres au cours de l’année). Des établissements destinés à accueillir en internat des "élèves très perturbateurs ayant fait l’objet de nombreuses exclusions".

Du sur-mesure


Enfin, pour lutter contre le décrochage scolaire, fer de lance de Nicolas Sarkozy, le ministre a annoncé l’ouverture de 11 nouveaux internats d’excellence, sur l’exemple de l’internat de Sourdun (77)à la rentrée. En 2010-2011, 28 académies offriront 6.238 places. Luc Chatel a également annoncé le lancement du programme CLAIR (Collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite). Expérimenté dans 105 établissements "difficiles", ce dispositif doit permettre aux équipes d’innover sur tous les plans (pédagogie, vie scolaire, ressources humaines). Luc Chatel, un ministre adepte du "sur mesure".


Rentrée riche, rentrée chaude
D’un côté, le ministre de l’Éducation nationale qui souhaite que "tous les enfants soient accueillis dans les meilleures conditions au sein de leur école ou de leur établissement". De l’autre, les politiques de l’opposition et les syndicats de l’éducation qui présagent une rentrée "difficile", "sans filet", "exceptionnelle" (dans le mauvais sens), évoquent "un climat de défiance" et déplorent une école "malade". Même le SI-EN Unsa (prin­ci­pal syn­di­cat des ins­pec­teurs péda­go­giques de l'Éducation natio­nale), qui a organisé le 30 août 2010 une conférence de presse de rentrée pour la première fois de son histoire, a observé : "sur le ter­rain, tout est loin d'aller très bien". Le SNES (syndicat d’enseignants majoritaire dans le second degré) a appelé à la grève le 6 septembre 2010, la veille de la grève contre la réforme des retraites. "Ce n’est pas une surprise. Le SNES était opposé à la réforme du lycée, répond Luc Chatel. Citez-moi une rentrée au cours de laquelle les syndicats ne font pas état de difficultés", a ajouté le ministre.

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