Pourquoi la doublette maths-physique-chimie n'est pas le seul sésame vers le supérieur

Existe-t-il des doublettes gagnantes à tous les coups sur Parcoursup ? Il semblerait, à commencer par la combinaison choisie par près d'un élève de terminale générale sur quatre : maths et physique-chimie.

"C'est la doublette qui met à l'abri de ne rien avoir du tout", analyse Joël Capon, psy-EN et directeur du CIO de Lens (62). En effet, en 2023, moins d'un élève (0,9%) sur cent avec ces spécialités ne recevait aucune proposition sur Parcoursup. Elle permet à trois élèves sur quatre d'accéder à une licence, près d'un sur deux à une CPGE et près d'un sur trois à une école d'ingénieurs.

Mais si la doublette maths-physique-chimie semble ouvrir de nombreuses portes, elle n'est bien sûr pas la seule. D'autres, certes suivies par une poignée de lycéens, permettent même à 100% des bacheliers de recevoir au moins une proposition parmi laquelle SVT-latin, HGGSP -latin, ou encore bio/éco-EPPCS .

Plus largement, le bac général à lui seul suffit bien souvent à ouvrir les portes de l'enseignement supérieur, puisque toutes combinaisons de spécialités confondues, la part moyenne de bacheliers à recevoir au moins une proposition se situe à près de 96%.

"Contrairement à ce que pensent les élèves, à savoir qu'il faudrait impérativement garder les maths, il y a beaucoup de débouchés dans l'enseignement du supérieur qui n'exigent pas la matière", assure Marc Czeszak, professeur d'histoire-géographie à Biarritz (64) et de culture générale à Sciences po Bordeaux (33). "Le tout est de faire des choix cohérents en fonction de l'orientation à venir", conseille David Denoncin, professeur de maths en prépa scientifique au lycée Raspail de Paris (75). L'objectif : "Étudier ce qui nous intéresse pour ensuite pouvoir exercer un métier qui nous plaît."

C'est donc bien votre parcours académique, puis professionnel, qui doit colorer vos spécialités. Si vous n'appréciez pas particulièrement, ou n'êtes pas à l'aise dans les matières scientifiques, rien ne sert de s'y enfermer si vous ne souhaitez pas faire de sciences dans l'enseignement supérieur.

Dit autrement, renoncer au fameux duo maths et physique-chimie si vous visez une prépa scientifique n'a pas de sens ; ça en a beaucoup plus si vous envisagez une licence de droit.

Attention toutefois avant de laisser les maths de côté. Car si la fameuse doublette n'est pas le seul sésame pour le supérieur, il permet néanmoins d'accéder à une grande variété de formations. Donc si vous aimez les maths et y avez de bons résultats, conserver la spécialité peut être une bonne stratégie, même sans viser d'études scientifiques ensuite.

De plus, si vous n'êtes pas certains de votre projet étudiant, ayez en tête que se passer des maths pourrait aussi vous fermer la porte de certains cursus non scientifiques, comme les prépas économie. Une impasse que font beaucoup plus souvent les filles que les garçons.

"Elles vont plus spontanément vers les matières littéraires et elles abandonnent plus facilement les maths si elles ne sont pas absolument excellentes dedans", observe Marc Czesak, qui côtoie environ 80% de filles dans ses cours d'HGGSP. Or, "le problème reste le même qu'avant la réforme du bac : il n'y a toujours pas assez de filles qui font des sciences", déplore David Denoncin.

À la rentrée 2023, la doublette maths physique-chimie était suivie par 14% des filles et 29% des garçons. Pourtant, les filles affichent de meilleurs résultats, notamment au bac, et reçoivent davantage de propositions que les garçons sur Parcoursup (respectivement 95,3% et 93,7%). Raison de plus pour ne pas se censurer, quel que soit votre genre.