Portrait

Isahora, lycéenne en section sportive : "L'entraînement a une incidence positive sur la vie scolaire"

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Isahora, 17 ans, est en terminale ES au lycée Baggio, à Lille (59). © Aimée Thirion/Hans Lucas pour l'Etudiant
Par Propos recueillis par Maria Poblete, publié le 16 mars 2017
1 min

Isahora a commencé sa carrière d’athlète au collège. Elle continue au lycée en section sportive, en s’entraînant treize heures par semaine. Première de la classe, elle est déterminée et très organisée. Le sport, elle adore !

“Je suis sportive depuis mon enfance. J'ai commencé à l'école primaire, un peu par hasard. À 9 ans, en CM1, j'arrivais toujours première au cross. J'aimais courir. Un professeur du collège m'a repérée. J'étais très grande : à 10 ans, je mesurais 1 m 63. J'étais bien bâtie et je courais plus vite que les autres. Sur les conseils de ce professeur, je me suis inscrite, dès la sixième, à l'UNSS (Union nationale du sport scolaire). J'avais un bon niveau. Les deux premières années du collège, je m'entraînais deux fois par semaine, pendant une heure. Petit à petit, je suis montée en puissance, jusqu'à aujourd'hui où je m'entraîne tous les jours, au moins deux heures. Mais je vais trop vite dans mon récit. Je reprends... C'est en classe de quatrième que j'ai accepté de participer aux compétitions : j'ai alors adhéré au Lille Métropole Athlétisme. J'avais parfois deux compétitions par semaine, une le mercredi et une le week-end. L'athlétisme est vite devenu ma passion !

À l'école, je n'ai jamais eu de problèmes. Je suis une bonne élève, les enseignants disent que j'ai des facilités. Pour être honnête, je n'aime pas ne pas être première (ou deuxième à la limite !). Je me suis toujours trouvée dans le peloton de tête et, au lycée, je suis première.”

“Mon dossier scolaire était bon, j'avais des résultats corrects”

“Quand les professeurs de collège m'ont conseillé de postuler à une section sportive, j'ai choisi le lycée le plus proche de chez moi. Il y avait d'autres possibilités, mais la ville de Lille convenait mieux. J'habite à Mouvaux, près de Tourcoing. J'ai postulé pour le lycée Baggio qui est à 50 minutes de chez moi. C'est beaucoup ! Les sélections pour intégrer la section ont eu lieu en avril, avec des tests physiques et sportifs, une étude du dossier scolaire et un entretien de motivation. Il y avait quatre épreuves : le 50 mètres au sprint, le saut en pentabond [un enchaînement de cinq sauts, avec le dernier dans le sable], un lancer de medecine ball [un ballon lesté de 1 à 10 kilos] et un demi-fond qui consistait à courir 6 minutes, le plus loin et le plus vite possible.

Mon dossier scolaire était bon, pas de souci, j'avais des résultats et des appréciations correctes. La dernière étape était l'entretien de motivation, avec le coach, Jalile Boukhoubza, responsable de la section. Je n'étais pas trop stressée. Il voulait savoir à quel point j'étais motivée et quels étaient mes objectifs. C'était facile, je ne triche jamais. J'ai dit que j'avais besoin de concilier les études et l'entraînement. J'ai répété que je voulais progresser. Je m'étais aussi renseignée sur le niveau des entraîneurs et il est top ! On a un entraîneur de sprint et de haies, un autre de saut en longueur et de triple, de lancer, et un autre encore spécialisé en saut en hauteur. En athlétisme, il y a beaucoup d'épreuves et les entraînements sont particuliers. Il vaut mieux être bien guidé.”

“Nous avons des dispenses de cours quand nous partons en compétition”

“L'un des arguments qui m'a fait choisir cette section sportive, ce sont les horaires. Avec un emploi du temps normal, je n'y arriverais pas : à la fin du collège, j'étais souvent fatiguée parce qu'après le sport, qui finissait aux alentours de 20 heures, il ­fallait encore que je fasse mes devoirs. Au moins, ici, tous les athlètes s'entraînent entre 16 heures et 18 heures, c'est plus simple.

Nous sommes 31 au total, toutes filières et toutes classes confondues. Le mercredi, l'entraînement a lieu entre 14 heures et 16 heures. Outre cet aménagement, nous avons des dispenses de cours quand nous partons en compétition. Cela ne pose pas de problème, à condition bien entendu de rattraper les leçons. Mais ça, on y arrive. Comme je vous disais, nous sommes de bons élèves et nous essayons de nous organiser le mieux possible.”

“Nous devons avoir un comportement correct, en classe et en compétition”

“Dans la section, l'esprit de groupe est essentiel. Sans cela, cela ne marcherait pas si bien, j'en suis sûre. Ce n'est jamais chacun pour soi. Côté scolarité, on s'encourage, on se soutient, on s'aide, on se passe des documents ou les devoirs. Mais ce n'est pas seulement avec les élèves de notre filière ou de notre classe. La transmission est réelle, dans tous les sens. Elle se vérifie chaque jour. Quand je croise des "petits" de seconde qui sont dans la section sportive, je leur pose des questions sur leurs résultats, leurs notes et leurs difficultés. On n'est pas des censeurs, plutôt des grands frères et des grandes sœurs. Si je vois l'un d'entre eux faiblir, je vais le chambrer, sur le ton de la plaisanterie.

Plus sérieusement, je donne aussi des trucs et des astuces pour rester concentré dans les compétitions, en cours ou à la maison. Il y a une philosophie de vie, un état d'esprit. Nous devons avoir un comportement correct, nous tenir bien en classe et pendant les compétitions. L'attitude et le savoir vivre sont essentiels. Mieux tu te tiens dans la vie de tous les jours, plus heureux et plus fort tu seras. Je me souviens d'avoir bénéficié de ce coaching des élèves plus âgés, et ça m'a été hyper utile.”

“L'esprit du sport est là, mais nos relations vont au-delà”

“Être scolarisée dans une section sport études n'a que des avantages. Je ne vois aucun aspect négatif. Je me donne à fond dans ma passion, j'étudie dans d'excellentes conditions et je crée des liens solides. Nous nous attachons les uns aux autres. De véritables amitiés naissent, même des couples parfois ! L'esprit du sport est là, bien sûr, mais nos relations vont au-delà. On se retrouve aussi le week-end, certains se font des cadeaux à Noël. Il m'arrive de croiser des gens de la section précédente et, croyez-moi, les liens sont intacts. C'est incroyable.”

“J'ai la vie d'une fille de 17 ans”

“On dit souvent que le sport a un impact sur le travail scolaire. Je partage cette idée. Je suis posée en cours, j'écoute attentivement et je suis concentrée. C'est une posture, c'est physique. L'entraînement a une incidence positive sur la vie scolaire. En étant vraiment présente, on enregistre mieux et plus. Car, au lycée, les professeurs n'écrivent pas tout ce qu'ils disent. Pareil, avant de démarrer une course, un parcours de haies, il faut être à sa place, centré sur soi-même... comme en classe. J'ai aussi une bonne hygiène de vie. Je fais attention à ce que je mange, sans être obsessionnelle. Je ne grignote pas, je ne bois pas trop de sodas et je limite les chips ! Mais attention, je ne mène pas une vie repliée. J'ai des amis, je sors. Même si je me couche tôt en semaine... Je suis coquette, je m'occupe de mes ­cheveux, de mes ongles, je range mes habits, j'écoute de la musique... J'ai la vie d'une fille de 17 ans !”

Section sportive, mode d'emploi

L'inscription dans une section sportive relève de chaque établissement. Au lycée Baggio, à Lille, où est scolarisée Isahora, l'admission a lieu après l'étude des résultats scolaires et aprèsplusieurs tests sportifs. “L'un ne va pas sans l'autre, explique Jalile Boukhoubza, l'enseignant chargé de la section sportive. L'excellence sportive implique un bon niveau scolaire.”

Les horaires sont aménagés afin de permettre à l'élève un entraînement régulier. Des professionnels médicaux et paramédicaux interviennent aussi auprès des lycéens : entraîneurs spécialisés, kinésithérapeutes, médecins du sport.

Des renseignements peuvent être pris auprès des fédérations sportives, de l'académie dont dépend votre établissement ou des enseignants d'EPS.
eduscol.education.fr, mot-clé : les sections sportives scolaires.

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