Décryptage

Spécialités : les écoles d'ingénieurs s'ouvrent timidement aux profils sans maths

Spécialités maths écoles d'ingénieurs
Si les écoles d'ingénieurs s'ouvrent davantage à de nouveaux profils, la très grande majorité des bacheliers admis ont choisi la spécialité mathématiques au lycée. © Koldo_Studio/Adobe Stock
Par Marine Ilario, publié le 09 février 2023
6 min

Si la grande majorité des néobacheliers en école d’ingénieurs suivaient la spécialité maths au lycée, des profils plus atypiques commencent à se dessiner depuis la rentrée 2022.

Autant le dire d’emblée : pour intégrer une école d’ingénieurs les matières scientifiques, et notamment les mathématiques, sont incontournables.

Pour autant, les données de la Cdéfi (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs), utilisées pour éditer le classement 2023 des écoles d'ingénieurs de l'Etudiant, montrent que les mathématiques laissent un peu plus de place aux autres sciences et aux sciences humaines et sociales. Un frémissement, qui montre que les écoles d’ingénieurs commencent à s’ouvrir à des profils plus diversifiés.

Trois catégories de spécialités

Pour étudier les profils précis des bacheliers généraux admis en école post-bac, la Cdéfi a classé les spécialités de terminale en trois catégories :
- les mathématiques,
- les sciences exactes (SVT, physique-chimie, NSI, SI),
- les sciences humaines et sociales (SHS : HGGSP, SES, LLCER, etc.).

Une montée des profils sans maths

Ainsi, parmi les bacheliers généraux admis en école d'ingénieurs post-bac, la part de ceux ayant suivi une combinaison scientifique sans maths augmente, passant de 3,7% des admis à la rentrée 2021 à 5,4% en 2022. Ceux ayant choisi une spécialité scientifique (hors maths) et une spécialité sciences humaines et sociales (SHS) sont encore très marginaux, mais légèrement plus nombreux : ils passent de 0,6 à 0,8% entre 2021 et 2022.

Le volume d'admis en école d'ingénieurs sans la spé maths reste donc malgré tout très faible, "parce que souvent ils n’imaginent pas pouvoir intégrer une école d’ingénieurs", explique Astrid Woitellier, directrice générale du concours puissance Alpha. Pourtant, certaines banques de concours proposent des épreuves adaptées à ces profils, pour éviter "le blocage des élèves qui n’auraient pas fait maths ou physique-chimie en terminale".

Selon François Stephan, directeur de l’ECE, ce début d’ouverture permet aux écoles de s’aligner à la philosophie du nouveau bac : "C’est une façon de s’ouvrir aux possibilités données aux élèves dans leur choix de spécialités."

Les maths et les sciences : voie royale en école d’ingénieurs

Malgré cette légère ouverture, les sciences restent à privilégier pour intégrer une formation d'ingénieur. "Il ne faut pas oublier que ce sont des études scientifiques !", martèle Astrid Woitellier.
En 2022, plus de 92% des bacheliers généraux admis en école d’ingénieurs avaient une combinaison maths et science exacte. "Le duo classique est de prendre maths et physique-chimie, indique la directrice générale. Mais aujourd’hui, il n’est plus vrai de considérer que c’est la seule option pour intégrer une école d’ingénieurs."

Maths complémentaires et expertes, de bonnes options mais pas d’obligation

En plus de la spécialité maths, l’option "maths expertes" peut être un plus pour intégrer une école d’ingénieurs. "Mais il n’y a aucune obligation à suivre cette option, concède François Stephan. Elle va renforcer le niveau en maths, ce qui est une bonne chose, mais ce n’est pas forcément demandé."

En 2022, près de 43,5% des bacheliers généraux ayant la spécialité maths et admis en école d’ingénieurs suivaient l'option maths expertes, contre 46,1% l'année précédente.

Une diminution plus marquée pour l’option maths complémentaires : 52,9% des bacheliers généraux qui n’ont pas conservé la spécialité maths en terminale ont suivi maths complémentaires en 2022, contre 63,9% en 2021. Pourtant, "lorsqu’on ne fait plus de maths en terminale, suivre l’option 'maths complémentaires', sans être obligatoire, est recommandé parce que cela permet de ne pas perdre le lien avec les maths pendant une année", souligne François Stephan.
Et les bacheliers technologiques ?

En 2022, 3,9% des étudiants admis en école d'ingénieurs post-bac venaient d'un lycée technologique. Le plus souvent, via une voie d'accès spécifique. La grande majorité d'entre eux ont un bac STI2D (83,5%). On retrouve aussi des bacheliers STL (12,5%) et STAV (4,1%).
Intégrer une école d'ingénieurs après un bac technologique est aussi possible après une classe préparatoire, un BUT, un BTS ou une licence.
Quelle que soit la combinaison de spécialités que vous choisissez, tant que vous faites encore des sciences, vous pouvez intégrer une école d’ingénieurs. Le tout "à condition de choisir un programme qui corresponde à votre parcours et surtout d’oser vous lancer", conclut Astrid Woitellier.

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