Boîte à outils

Un camarade du lycée sans papiers ? Comment vous pouvez l’aider

Entraide
Entraide © iStockphoto
Par Virginie Bertereau, publié le 05 novembre 2013
1 min

La manifestation et le blocage d’établissement restent des mesures de crise lorsqu’un copain de classe sans papiers est arrêté ou expulsé. Comment pouvez-vous agir au quotidien, de façon pacifique et légale ? Voici quelques pistes simples pour aider à la régularisation d’un ami.

Les expulsions de France courant octobre 2013 de Leonarda, 15 ans, et de Khatchik, 19 ans, vous ont marquées. Vous connaissez un camarade de classe sans papiers et vous voulez l'aider à obtenir son titre de séjour ? Vous pouvez agir sur trois plans : moral, pratique et juridique (lire à ce sujet l'interview de Me Valérie Piau : "Élève sans papiers : 7 questions-réponses sur vos droits".). Mais la première étape consiste à savoir qu'il n'a pas de papiers...

"Hors crise, les jeunes sans papiers évitent de se déclarer. Toute la difficulté, pour leur apporter de l'aide, est de les repérer", indique Marc Naelten, membre de RESF (Réseau éducation sans frontières) à Paris. Vous pouvez le découvrir de façon fortuite ou il peut vous le dire lui-même, souvent à mots voilés ("Je connais quelqu'un qui..."). Encouragez-le à se confier, mais restez discret. Dans un premier temps et sans son accord, n'alertez pas tout le lycée.


En amont, aidez-le à constituer un dossier

 

La constitution d'un dossier de demande de papiers est un travail au long cours. Aidez votre ami à lister les documents à fournir, à les comprendre parfois et à les chercher, en séparant l'urgent et le moins urgent. Faire établir un passeport, par exemple, demande un certain temps. Faire rédiger une lettre de soutien par votre proviseur et vos professeurs, normalement moins.

Faites le tour avec lui de tout ce qui peut jouer en sa faveur – les preuves "d'intégration" – et qu'il pourrait mentionner. Par exemple, est-il membre d'un club sportif ou culturel ? Ayez un œil attentif sur les lettres qu'il pourrait vous proposer de relire.

Repérez les éléments que vous ne maîtrisez pas et qui demandent une aide extérieure, notamment sur le plan juridique. Vous pouvez le guider vers RESF, vers une association de défense des droits de l'homme ou de juristes, ou encore vers une fédération de parents d'élèves, un syndicat enseignant...

Par la suite, vous pouvez l'accompagner à la préfecture pour le dépôt de son dossier. Mais à une condition : que lui ou ses parents ne soient pas déjà sous le coup d'une mesure administrative d'éloignement dite obligation de quitter le territoire français (OQTF). Si c'est cas, il peut être immédiatement interpellé par la police et mis en centre de rétention.

Pour "formaliser" votre aide, vous pouvez parrainer votre ami. "Un jeune sans papiers scolarisé peut être parrainé par un élu (maire, conseiller régional...) et deux citoyens. Être parrain ou marraine, c'est s'engager pendant tout le processus administratif de la régularisation mais aussi dans la vie quotidienne", définit Marc Naelten.


Soyez présent en cas de situation critique

 

Sans jouer "à la bonne conscience", vous pouvez veiller à ce que votre ami ne se mette pas dans une situation plus compliquée qu'elle ne l'est : évitez les embrouilles (pas de titre de transport, substances illicites dans les poches, etc.). En cas d'interpellation, veillez à ce qu'il ait toujours un numéro de téléphone à appeler, le vôtre si vous vous sentez d'assurer la diffusion de l'information. S'il n'est pas opposé à ce que sa situation soit rendue publique, vous pouvez faire passer une pétition dans votre établissement. À rédiger toutefois soigneusement, et avec l'accord de ses proches.

Pour finir, quelques mises en garde. Chaque situation est unique : aucune action ne peut être menée "mécaniquement". Ne décidez jamais à la place de votre ami, même si vous vivez "à fond" sa situation. Ne le forcez pas à décider et à agir dans l'urgence. Et quel que soit le résultat de la procédure de régularisation (succès ou échec), restez présent.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !