Ils sont en première, deuxième ou troisième année à l’IFSI d’Ivry-sur-Seine pour devenir infirmier(ère)s. Plongée dans le quotidien bien rempli de ces étudiants, entre cours et stages à l’Hôtel-Dieu, à Paris.

"Pas toujours facile de comprendre les cours filmés"
Au total, les élèves de première année passent 35 heures par semaine à l’école. "Les journées commencent à 9 heures et finissent à 16h30 ou 17 heures, parfois 19h30. Il arrive que nous ne prenions pas le temps de manger, c’est intensif ! Nous avons beaucoup de travail personnel à fournir, et ce n’est pas toujours facile de comprendre les cours filmés du premier coup", avoue Diane. Mais les deux étudiantes piaffent d’impatience à l’idée de démarrer leur premier stage, programmé 10 semaines après la rentrée. "Je n’ai jamais fait de petit boulot dans ce milieu avant d’entrer à l’école. Or, j’ai besoin de passer par la pratique pour mieux apprendre", déclare encore Diane. Les étudiants en première année d’IFSI passent 25 semaines à l’école et 15 semaines en stage. Ils y apprennent les soins de base, d’hygiène et de confort, et le contact avec le patient. En bref, le métier d’aide-soignant.
En deuxième année, les temps passés en cours et en stage s’équilibrent
La formation commence à cibler les soins infirmiers. Le lien est plus étroit entre les enseignements dispensés et les compétences demandées. Ophélie, 20 ans, et Maguy, 22 ans, en font l’expérience. Toutes deux sont stagiaires pour cinq semaines à l’Hôtel-Dieu, à Paris, en ophtalmologie. Maguy travaille en hospitalisation (un service de 18 lits, dont deux sont réservés à la chirurgie générale) de 7 heures à 14 heures. Ce matin-là, elle prépare une perfusion, encadrée par Brigitte, son infirmière référente. "Brigitte est très patiente. Elle me dit si je fais bien ou mal. Elle me montre les gestes", déclare l’étudiante. Un vrai cours particulier. Et Brigitte, de lui glisser entre deux chambres : "Quand on fait un soin, on regarde toujours si le patient a besoin d’autre chose."
"En deuxième année, on nous laisse faire plus de choses"
Plus tard, Maguy aide sa référente à poser un électrocardiogramme sur une dame âgée opérée pour une occlusion intestinale. "En tant que stagiaire, je peux changer des pansements, instiller des collyres, faire des prises de sang… En deuxième année, on nous laisse faire plus de choses. Mais tout dépend des terrains de stage. Dans certains services, on nous propose d’enlever des agrafes dès le premier jour. Dans d’autres, on ne réalise pas une seule prise de sang. À nous aussi de demander, de nous lancer", assure l’étudiante. La plupart du temps, les stages sont trouvés et proposés par l’école. "Le problème, c’est que nous sommes trop nombreux à l’IFSI. 20 élèves sur 130 n’en avaient pas trouvé à deux jours du début du stage. On nous demande déjà d’en chercher un pour mai", témoigne Maguy.
"C’est sur le terrain qu’on apprend le plus"
Sa camarade de promotion, Ophélie, a aussi été affectée en ophtalmologie, mais en ambulatoire (les patients sont hospitalisés pour quelques heures, souvent avant et après une opération). Ici, le travail de l’infirmière consiste davantage à prévenir et à informer. "J’accueille les patients, je consulte leur dossier, je regarde de quoi ils ont besoin avant de partir au bloc opératoire et je leur donne des explications après l’opération", raconte Ophélie.
L’étudiante vient de mettre des gouttes dans l’œil d’un homme qui sera opéré de la cataracte. À présent, elle se rend auprès d’une autre personne qui s’apprête à quitter l’hôpital. Sous le regard attentif d’Amandine, son infirmière référente, elle enlève le cathéter qui a servi pour la perfusion. Petite erreur : elle oublie de demander au patient de compresser sa main. Du sang s’écoule. Ophélie fait vite le pansement. Un peu plus tard, Amandine lui demande de renouveler l’exercice sur un autre opéré. Ophélie ne réitère pas son erreur. Mais elle oublie d’apporter les papiers pour la sortie du patient et manque de repartir en laissant le plateau de soins dans la chambre. Amandine intervient. "Ce sont des étourderies. En faisant et refaisant les gestes, cela deviendra un réflexe. C’est sur le terrain qu’on apprend le plus", rassure l’infirmière.
"Porter la blouse : obligatoire pour nous mettre en situation"

Le TP commence par un calcul de dose pour "Madame Perf", patiente imaginaire. Puis, Cécile, une élève du groupe, se porte volontaire pour effectuer la perfusion "dans les conditions du réel". Le cobaye s’appelle Charlotte, un mannequin dont le "bras", fatigué, a été déjà beaucoup utilisé ! Les autres étudiantes observent, commentent à voix basse. Cécile hésite, fait des erreurs d’asepsie, ne sait pas comment piquer. Une autre élève prend le relais. Elle a déjà acquis certains réflexes. "C’est bien d’apprendre avec ses pairs, d’échanger. En milieu professionnel, les réflexions pourraient être bien plus tranchantes", indique Nora.
"En troisième année, on a davantage de pression"

Ainsi, dès leur troisième année, les étudiants peuvent s’occuper seuls de patients, dans leur globalité, des soins au travail administratif en passant par les relations avec la famille (sous la responsabilité de leur référent). Durant leur cursus, ils auront découvert des services et structures variés : psychiatrie, gériatrie, chirurgie, obstétrique, médecine du travail, rééducation, cabinet libéral, service médico-judiciaire… De quoi les aider à choisir un domaine une fois diplômés.