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Témoignage

"Ça m’a permis d’avoir une vraie vision du métier" : elles ont trouvé leur vocation sur les réseaux sociaux

Après un master de droit, Lise se reconvertit en tant que perruquière et Eloïse, psychomotricienne, espère bientôt devenir cordonnière.
Après un master de droit, Lise se reconvertit en tant que perruquière et Eloïse, psychomotricienne, espère bientôt devenir cordonnière. © Photos fournies par les témoins
Par Léa Fournier, publié le 27 janvier 2025
1 min

Un simple "swipe" peut désormais créer une vocation. Grâce à Instagram ou TikTok, de nombreux jeunes découvrent des métiers auxquels ils n’auraient jamais pensé. De la cordonnerie à la perruquerie, en passant par l’enseignement ou la cuisine, quatre passionnées racontent comment les réseaux sociaux ont été une source d’inspiration pour leur (ré)orientation.

Tout part d’une simple vidéo. Un Reel, sur Instagram. À l’écran, on peut voir une basket de foot se transformer en chaussure de ville grâce aux outils d’un cordonnier. Éloïse est émerveillée. "Je me suis dit : 'Je veux faire ça, c’est trop beau !"" Cette psychomotricienne de 26 ans avait "toujours voulu faire un métier avec [ses] mains". Ces quelques dizaines de secondes ont suffi à lui donner envie de se renseigner sur la cordonnerie.

"Après avoir vu cette vidéo, je me suis intéressée au métier de cordonnier. J’en avais déjà entendu parler mais je n’y avais pas vraiment pensé", raconte-t-elle. Elle fait des recherches, apprend le vocabulaire, les ustensiles…

"Je suis allée voir un cordonnier en expliquant que j’avais un projet de reconversion. La semaine prochaine, je vais faire une immersion dans son atelier." Objectif : voir à quoi ressemble vraiment ce travail… Avant, elle l’espère, de faire sa rentrée en CAP cordonnerie dans quelques mois.

44% des jeunes influencés par les réseaux dans leur choix de carrière

Comme Eloïse, de plus en plus de jeunes trouvent leur vocation grâce aux réseaux sociaux. En septembre 2024, une enquête de Dewalt et WorldSkills International révélait que 44% des jeunes professionnels affirment que les réseaux sociaux les ont influencés dans leur choix de carrière. Dont plus de la moitié étaient inspirés par un influenceur ou une marque spécifique.

Pour la future cordonnière, les réseaux sociaux ont surtout été un tremplin vers d’autres sources d’informations – auprès de professionnels ou des structures qui l’amèneront à se former. D’autres jeunes considèrent quant à eux qu’Instagram et TikTok sont des plateformes privilégiées pour en apprendre plus sur le métier qui les intéresse.

Ainsi, Lise, 29 ans, se reconvertit en tant que perruquière après un master de droit. "Les réseaux sociaux ont eu une grande place [dans mon choix de réorientation, NDLR] car perruquière, c’est un métier un peu 'niche'", affirme-t-elle.

"Plus parlant" que des fiches métiers

C'est en regardant un film que Lise s'imagine d’abord exercer ce métier. Admirative devant les coiffures, elle cherche des professionnels de la perruque sur Instagram. "Voir des personnes faire ce travail, leurs créations, découvrir la perruque sur les réseaux… Je ne pouvais pas trouver ces infos ailleurs, explique-t-elle. Ça m’a permis d’avoir une vraie vision du métier. C’est plus parlant que la fiche descriptive sur Google."

Les réseaux sociaux sont même le point de départ de son apprentissage : elle fait d’abord de petites formations auprès de deux perruquières très actives sur Instagram. Ensuite, elle contacte sur LinkedIn des profs ou d’anciens étudiants du bac pro qu’elle vise à l’époque.

De passion à formation

Eléonore, quant à elle, a vu sa vocation toquer à la porte par message privé. "J’avais créé un compte de cuisine sur Insta pendant le confinement de mars 2020", retrace-t-elle. Etudiante à Sciences Po Lille puis professionnelle dans le milieu de la culture, elle exerce en parallèle sa passion sur les réseaux, jusqu'à vouloir changer de métier.

"Et alors que je cherchais autre chose, on m’a contactée pour me proposer un job de cuisinière !" Travailler dans un restaurant lui a confirmé qu'elle aimait ce métier, et l'a "motivée" à se former. À 26 ans, cette jeune femme vient d’obtenir son CAP cuisine. Un parcours inattendu et rendu possible grâce à Internet.

Les réseaux sociaux : un terrain d’opportunités

Source d’inspiration, d’informations et d’opportunités, les réseaux sociaux aident aussi certains jeunes à se motiver. Après avoir été journaliste pendant quatre ans, Pauline, 28 ans, a choisi de se réorienter pour devenir professeure des écoles. "J’ai regardé beaucoup de vidéos pour voir ce qu’on attendait de moi au concours", précise-t-elle.

Sur TikTok et Instagram, même avant d’être prof, elle suivait déjà des comptes d'enseignants partageant leur quotidien. "Je me projetais à leur place. J’ai toujours eu un bon contact avec les enfants. Ce métier me semblait très créatif, porteur de sens", analyse-t-elle.

Avant de se décider, elle effectue un stage dans une école, "pour se confronter à la réalité du terrain". Une bonne initiative, comme elle l’explique : "J’ai vu des pans du métier que je n’avais pas forcément, comme l’esprit d’équipe, le côté salle des profs…"

En formation, elle apprend désormais à gérer des élèves de primaire. Elle s’inspire toujours de la créativité de ses pairs sur les réseaux pour trouver "des activités manuelles sympas" ou "des idées d’organisation de classe".

Toutefois, elle met en garde face à la pression qui peut en découler : "Quand tu es face à tes 26 élèves et que c’est le bazar… Tu te dis : 'Aux autres, on dirait que ça ne leur arrive pas ?'" Dans ces moments-là, la jeune femme préfère se fier à l’équipe pédagogique de son école plutôt qu’aux réseaux sociaux, qui peuvent s’avérer anxiogènes.

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