Portrait

Comment je suis devenu kinésithérapeute

Pierrick Gervais, 27 ans, est kinesitherapeute en cabinet.
Pierrick Gervais, 27 ans, est kinesitherapeute en cabinet. © Photo fournie par le témoin
Par Nathalie Helal, publié le 18 février 2019
6 min

Un tempérament actif, un attrait pour le milieu médical et un goût marqué pour l’indépendance et la liberté ont permis à Pierrick de trouver sa voie : la kinésithérapie, pour soulager les autres.

20 h 30. Pierrick Gervais vient tout juste de terminer sa journée avec sa dernière patiente, souffrant d’une double fracture du poignet. Depuis 8 h ce matin, il n’a cessé d’enchaîner les rendez-vous dans le cabinet de kinésithérapeutes où il pratique en tant qu’assistant-collaborateur : "J'exerce en profession libérale, mais mon statut n’est pas celui d’un associé. Je rétrocède une partie de mon chiffre d’affaires au propriétaire, un peu comme un loyer", explique- t-il.

Même s’il n’est pas encore installé à son compte, Pierrick ne chôme pas. Diplômé fin juin 2017, il a démarré son activité dix jours plus tard dans un cabinet du XIe arrondissement de Paris, en remplacement de kinés qui prenaient leurs congés estivaux. "Dans ce métier, on ne connaît pas la crise ! Je n’étais pas encore diplômé que j’avais déjà des propositions d’embauche, en centre de rééducation principalement. Rien de surprenant quand on sait qu’il y a une pénurie de praticiens en France", souligne-t-il.

Un kiné qui se rêvait pilote de chasse

Le parcours de ce professionnel de 27 ans n’a pas été un long fleuve tranquille. Élève agité, bien qu’avec des facilités, Pierrick était un peu hyperactif. Attiré par les matières scientifiques et la biologie, il était également amateur d’histoire mais rêvait de devenir… pilote de chasse ! La faute à un parrain employé chez Dassault comme dessinateur de prototypes pour l’aviation civile.

Mais la fréquentation assidue de la polyclinique où travaille sa mère, infirmière, finit par déteindre sur ses rêves d’avenir : "Je restais souvent à jouer dans les couloirs, j’adorais aussi descendre dans le cabinet de kiné pour admirer la piscine de balnéothérapie. À force de baigner dans le milieu médical, j’ai fini par trouver ma vocation", s’amuse-t-il.

Trois ans de préparation avant l'IFMK

Après une terminale S au lycée Montalembert de Courbevoie (92), Pierrick, qui avoue avoir été "un peu feignant", décide de s’inscrire dans une prépa kiné postbac, la Fondation EFOM-Boris Dolto, située à Paris. En 2010, le choix entre une prépa et une fac de médecine pour accéder à ce métier était encore possible. Mais les chances de réussir le concours d’entrée dans les instituts de formation de kiné étaient minces : entre 10 et 15 %.

À deux reprises, Pierrick rate le concours et triple sa prépa… "À la fin de ma 3e année, j’ai été admis dans trois écoles, toutes parisiennes. J’ai choisi l’école (privée) de kiné Assas. S'ensuivent trois années d’études en tout [aujourd'hui, la formation est de quatre ans], avec des matières variées : neurologie, traumatologie, rhumatologie, pneumologie, cardiologie, kiné du sport, pédiatrie en deuxième année. En première année, l’accent était surtout mis sur l’anatomie fonctionnelle et le fonctionnement de chaque "système" du corps humain. La troisième année, quant à elle, était consacrée à l’écriture d’un mémoire, portant sur un cas clinique pour lequel nous devions établir un diagnostic et proposer des traitements", résume Pierrick.

Un métier physique

Des études intenses, rythmées chaque année par trois ou quatre stages de trois à six semaines chacun, en centre de rééducation, en club de sport, ou encore en cabinet libéral. Un rythme qui n’a pas faibli depuis l’entrée de Pierrick dans la vie active, puisqu’il ne compte plus ses heures, entre rendez-vous avec les patients et tâches administratives : "On jouit à la fois d’une totale liberté en étant maître de son planning tout en devant être disponible, et à l'écoute des malades et de leurs douleurs !

Ce métier est passionnant, mais aussi très physique puisqu’on est debout toute la journée. Il vaut mieux être énergique pour effectuer des manipulations. Dur de tenir sans pratiquer soi-même un sport !", ajoute-t-il.

Actuellement, la tendance chez certains kinés est à l’utilisation des machines, pour rentabiliser les séances. Pierrick, lui, qui consacre une demi-heure par patient, est contre : "Je préfère les méthodes manuelles. Et on aura toujours besoin d’un (bon) kiné !", conclut cet acharné du travail…

Pierrick Gervais en 5 dates

12 janvier 1992 : naissance à Levallois-Perret (92)
2010 : bac S obtenu à Courbevoie (92)
Fin juin 2017 : diplôme d'État de masseur-kinésithérapeute
Juillet 2017 : intègre un cabinet libéral comme remplaçant
Novembre 2018 : fin d’une formation de thérapie manuelle orthopédique à l’ITPM à Vitry-sur-Seine (94)
La formation pour devenir kiné

Depuis la rentrée 2017, une année de PACES (première année commune aux études de santé) est obligatoire pour entrer dans un IFMK (institut de formation en masso-kinésithérapie). Il est également possible de passer par une première année de licence de STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) ou une première année en sciences de la vie. La formation, pratique et théorique, dure ensuite quatre ans.
Salaire moyen : variable entre 2.500 € et 4.000 € ou plus en fonction des horaires et du lieu d'exercice.

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