Comment je suis devenue maquilleuse
À 29 ans, Johanna Pariente vit sa passion de maquilleuse à fond. Créativité, rencontres atypiques et artistiques sont au rendez-vous, à condition de savoir utiliser ses réseaux.
De la Fashion Week aux hommes politiques
"Je ne fais jamais la même chose. Je passe du maquillage des hommes politiques avant une émission de télé à un film institutionnel pour une entreprise ou de la Fashion Week à un spectacle de danse contemporaine !", sourit Johanna, qui ne se déplace jamais autrement qu’en voiture pour trimbaler son matériel et arriver à l’heure aux rendez-vous.
Du travail, elle n’en manque pas. Même si, en théorie, une maquilleuse peut connaître des périodes creuses, cela n’est pas son cas. Toujours connectée, à l’affût de nouveaux contacts et surtout partante pour de nouvelles aventures, la jeune femme est une battante, reconnue dans son domaine pour ses compétences et sa créativité. Une jolie revanche après un parcours scolaire qui ne lui a laissé en guise de souvenirs qu’ennui, échec et incompréhension. "Je n’ai jamais aimé l’école. J’étais une élève moyenne dès le début et très vite j’ai compris que je n’arrivais pas à travailler. Je ne pensais qu’à sortir avec mes copines", explique-t-elle.
Kiné ou maquillage ?
Tentée un moment par le métier de kiné, "pour la relation à la personne et le bien qu’on procure aux autres", Johanna y renonce, découragée par la difficulté des études. Au même moment, elle développe une passion pour les films et les séries fantastiques, dont les couleurs et l’esthétisme la font voyager.
La voie de l’esthétique
Une maquilleuse, rencontrée peu de temps avant, lui parle de la difficulté de vivre de son art et l’encourage à suivre la voie de l’esthétique. Johanna se jette à l’eau.
S’ensuivront une année de CAP (certificat d'aptitude professionnelle) à l’École Françoise Morice, à Paris, puis deux années de BP (brevet professionnel), en alternance avec un institut de beauté et spa voisin. Elle y travaille trois jours par semaine, en serrant les dents. "L’école était privée et chère, mais on y apprenait la rigueur et l’hygiène, deux vertus essentielles dans ces métiers. J’adorais les cours : soins du visage, du corps, cosmétologie, physique, chimie : tout me passionnait, sauf la technologie des appareils à ultrasons pour les cabines, trop compliquée pour moi. Mais les heures supplémentaires constamment imposées - et jamais récupérées - me hérissaient le poil !", se souvient-elle.
Après son brevet professionnel, obtenu en 2014, Johanna "s’offre" l’École de maquillage parisienne Serge Alvarez, très réputée, pour 10.000 € annuels, sans compter le matériel de maquillage et les photos obligatoires pour la constitution de son book. Elle va suivre à la lettre le conseil donné par l’école, dès le début de l’année : accepter le maximum de collaborations pour récupérer des contacts et des photos. Ses week-ends se remplissent et son carnet d’adresses aussi.
Un métier sans statut officiel
Cette précarité pousse Johanna à aller toujours de l’avant, à se bouger en permanence pour accroître son réseau et à ne pas renâcler sur ses heures. "C’est sûr, ce métier, qui est magnifique et permet de faire des rencontres hors normes, est aussi dur à gérer quand on a une vie de famille, par exemple. Mais, si on se bouge, qu’on est prêt à se remettre en question, à enrichir ses compétences - comme moi qui apprend la coiffure en ce moment -, alors on gagne sa vie plus que correctement et on vit à fond sa passion !"
10 mai 1990 : Naissance à Paris
Juillet 2009 : Bac ES
Septembre 2010 : Démarre un BTS communication
2011 : Entre en CAP esthétique à l’École Françoise Morice
Mai 2014 : diplômée du BP esthétique
Septembre 2014 : entre à l’École de maquillage Serge Alvarez
Il n’existe dans ce secteur que des écoles privées, comme Make up forever, à Paris, Serge Alvarez, à Paris, ou Métamorphoses, à Lyon.
Salaire : de 500 € à 10.000 € nets mensuels.