Portrait

EuroSkills 2018 : l'équipe de France des métiers affronte l'Europe à Budapest

Euroskills 2018 de Budapest : les 27 membres de l'équipe de France des métiers possèdent des diplômes du CAP à bac+5.
Euroskills 2018 de Budapest : les 27 membres de l'équipe de France des métiers possèdent des diplômes du CAP à bac+5. © EuroSkills_Info
Par Étienne Gless, publié le 28 septembre 2018
7 min

Fleuriste, cuisinier, carreleur, webdesigner… Les 27 membres de l'équipe de France des métiers concourent à Budapest aux Olympiades européennes, les EuroSkills. Qui sont ces "athlètes" ? Quelles formations ont-ils suivies pour arriver à un tel degré d'excellence ?

Ils sont 27 : 25 hommes et deux femmes, tous âgés de moins de 24 ans. Ils représentent l’équipe de France des métiers. Depuis le 25 septembre 2018, ils sont à Budapest, en Hongrie, pour défendre nos couleurs aux Olympiades européennes des métiers, les EuroSkills. Durant trois jours, ils se confrontent à 500 autres jeunes venus des 28 pays de l’Union européenne. Ils excellent déjà dans leur domaine, ayant tous remporté une médaille lors des olympiades nationales, qui se sont déroulées à Bordeaux au premier semestre 2018.

Pour s'entraîner à la compétition européenne, entraînement ils ont suivi deux semaines d’une intense préparation physique et mentale au printemps et à l’été, en plus des conseils techniques de leurs experts métiers. Ils ont leur cri de ralliement et même leur mascotte, une grenouille verte en peluche : so frenchy ! Ils souhaitent faire passer un message aux collégiens et lycéens : que vous empruntiez la voie professionnelle sous statut scolaire ou via l'apprentissage, si vous vous passionnez pour votre formation, vous trouverez facilement un emploi qui vous plaira et vous permettra d'évoluer.

Des candidats français qui se sont exportés à l'étranger

Le champ de la compétition couvre six grandes familles de métiers : automobile et engins, BTP, industrie, numérique, services et arts créatifs. Dans le vaste hall de 60.000 m2 qui abrite les Olympiades européennes, les professions classiques côtoient les plus en pointe : ici s’affrontent des cuisiniers, des peintres décorateurs, des charpentiers, des coiffeurs mais aussi des webdesigners, des dessinateurs industriels ou encore des administrateurs de système informatique et de réseaux.

Clément Gosselin, lui, concourt dans la catégorie serveur en salle. À 23 ans, ce titulaire d’un BTS en management hôtellerie-restauration a déjà beaucoup voyagé pour travailler : à Monaco – pour le chef étoilé Joël Robuchon –, à Dubaï ou sur l’île de Guernesey. "Au Ynyshir Hall, un Relais & Châteaux du pays de Galles, j’ai pu perfectionner mon anglais", indique-t-il. Grâce à cette maîtrise de la langue, le jeune homme a pu décrocher un emploi dans un célèbre palace londonien, The Connaught Hotel. Parmi les participants aux Euroskills, nombreux excellent dans les métiers de la gastronomie internationale et font carrière à l'étranger.

Alexis Nué, 21 ans, exerce également à l’étranger : "Je suis menuisier en Suisse dans une petite entreprise artisanale. J’ai obtenu mon brevet professionnel chez les Compagnons du Devoir et je me forme ici aux techniques locales", explique Alexis.

Des ingénieurs passés par l'apprentissage

Dans l'équipe de France, on recense également plusieurs ingénieurs diplômés ou sur le point de l'être. Thomas Jullien, 22 ans, apprenti ingénieur réseaux chez EDF prépare son diplôme à l’INSA Lyon et concourt dans l’épreuve d’administration des réseaux et des systèmes. À la finale nationale, ce bachelier scientifique mention bien a décroché une médaille de bronze. "C’est mon professeur en réseaux et télécommunications à l’IUT [institut universitaire de technologie] qui m’a poussé à participer aux olympiades régionales", se souvient Thomas. Après son DUT réseaux et télécommunications obtenu à l’IUT de Belfort-Montbéliard, Thomas entreprend de devenir ingénieur, toujours par la voie de l’apprentissage.

Thomas et Guillaume élèves ingénieurs en apprentissage à Polytech Montpellier concourent à Budapest dans la catégorie Robotique mobile
Thomas et Guillaume élèves ingénieurs en apprentissage à Polytech Montpellier concourent à Budapest dans la catégorie Robotique mobile © Worldskills France

De son côté, Alexandre Michel, 23 ans, vient d’obtenir son titre d’ingénieur réseaux et sécurité. Pendant trois ans, il a effectué son apprentissage dans l’entreprise Neurones IT et suivi la formation de l’ESIEE, une école de la chambre de commerce de Paris Île-de-France.

Thomas Godel, 21 ans, prépare quant à lui son diplôme d’ingénieur à Polytech Montpellier et participe à la compétition de robotique mobile avec son binôme, Guillaume Gourmelen, 22 ans. Les deux élèves de 4e année suivent la spécialité microélectronique et automatique.

Numérique : trois jours pour créer un site Web de A à Z

Les métiers du numérique figurent également au programme de la compétition. Gilles Granger, 22 ans, représente ainsi la France en tant que développeur Web dans le concours de webdesign. "Pendant trois jours, il faut concevoir le design d’un site, en développer un côté serveurs, avant de créer une interface ergonomique sur WordPress. C’est très court pour tout réaliser !".

Gilles assiste aux Olympiades depuis ses 18 ans. Une révélation.

Elles lui ont permis de trouver sa voie. Le jeune homme termine à l'automne 2018 son master MIAGE d’informatique en alternance à l’université de Picardie Jules-Verne. "Après le lycée, j’étais un peu perdu. J’aimais l’informatique, comprendre le code, l’architecture d’un site Internet. Durant ma formation en DUT, j’ai appris l’existence de ces olympiades. Je me suis inscrit pour voir où je me situais par rapport aux autres concurrents." Et le voilà au plus haut niveau.

De la compétition régionale aux EuroSkills

Fraisage, soudage, contrôle industriel, robotique mobile ou réfrigération technique... Sept jeunes sur 27 concourent à Budapest dans des métiers industriels qui ne se limitent pas à ceux de la production. "Cette compétition incroyable nous fait énormément apprendre sur le plan professionnel et personnel", assure Adrien Mary. À 20 ans, le jeune homme est déjà médaille d'or national dans sa spécialité, le dessin industriel assisté par ordinateur. Adrien a d'abord préparé un bac pro de technicien outilleur, qui comporte beaucoup d'enseignements en dessin technique. Puis il a rejoint l'Ecole nationale supérieure de mécanique et des microtechniques de Besançon pour y préparer un BTS conception et industrialisation en microtechniques.

Poussé à participer aux Olympiades par son professeur de conception, Adrien enchaîne alors les concours locaux et régionaux jusqu'à la finale nationale à Bordeaux en mars 2018, avant de rejoindre l'équipe de France des métiers. Après les EuroSkills, il s'apprête à poursuivre ses études dans le cursus ingénieurs de son école. Toujours par la voie de l'apprentissage. Une belle ascension pour Adrien qui était en difficulté au collège. Sera-t-il médaillé au niveau européen ? Réponse le 28 septembre.

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