Innovation et environnement : cap sur le Vendée Globe 2028 avec l’industrie !
Proposé par Avec l’Industrie®

« Avec l’industrie® », la marque inter-industrielle qui promeut les métiers de l'industrie, vous emmène à la rencontre de DUQUEINE Atlantique. Acteur incontournable de l’aérospatial, DUQUEINE Atlantique s’efforce de développer une approche plus durable de son secteur. Et cela passe par… la course au large !
Alors que le Vendée Globe 2024/2025 touche à sa fin. Que le chenal des Sables-d’Olonne retrouve peu à peu sa quiétude après les arrivées triomphales des Charlie DALIN et autres Violette DORANGE, certains s’affairent déjà sur le grand départ 2028. Parmi eux, Nicolas HENRY, Directeur de DUQUEINE Atlantique. L’entreprise vient en-effet de terminer la construction de l’IMOCA d’Armel TRIPON, un bateau conçu à partir de fibres de carbone upcyclées issues de… l’aéronautique.
Nicolas, comment un spécialiste de l’industrie aérospatiale, comme DUQUEINE Atlantique, se retrouve à préparer… le Vendée Globe ?
C’est vrai qu’on est un acteur de référence dans l’aérospatial, notre cœur de métier c’est la fabrication de pièces composites. Mais le COVID est passé par là, et pour nous ça a été un électrochoc. On a pris conscience qu’on était trop dépendants de l’aérospatial, et qu’il nous fallait conquérir un nouveau marché, le nautisme en l’occurrence. Et puis on souhaitait mettre en place une approche plus durable, plus responsable. Le nautisme permet de conjuguer plus facilement innovation et environnement. L’idée, in fine, c’est que nos innovations dans le domaine du nautisme, s’imposent aussi dans l’aérospatial.
Pourquoi est-ce plus simple d’associer innovation et environnement dans le nautisme ?
L’aérospatial et le nautisme sont deux secteurs extrêmement innovants. Mais à la différence de l’aérospatial, où la sécurité prime sur tout le reste, le nautisme innove aussi pour l’environnement. Et c’est un secteur plus souple. Pour qualifier une nouvelle matière dans l’aérospatial, il faut 10 ans, dans le nautisme il faut quelques semaines !
On travaille dans le nautisme au sens large, et sur la course au large, en particulier. C’est un formidable laboratoire d’innovations, ça va très vite ! Regardez, en seulement 8 ans, il y a 10 jours d’écart entre les temps de référence d’Armel LE CLEAC’H et de Charlie DALIN sur le Vendée Globe, c’est énorme !
Comment vous êtes-vous fait une place dans le milieu de la course au large ?
Il y a une demande très forte de la part des skippers et de leurs équipes sur la réduction de l’empreinte carbone liée à la construction d’un IMOCA. Il faut savoir que pour concevoir un tel bateau, ce sont 600 tonnes d’équivalent CO2 qui sont envoyées dans l’atmosphère (pour info, chaque Français émet chaque année huit tonnes de CO2 en moyenne) !
Armel TRIPON avait envie de construire un bateau avec du carbone réutilisé, issu de l’aéronautique. Il se trouve qu’on connaît très bien la matière, qu’on partage la même philosophie, et qu’on a une vraie expertise en maîtrise de projet et de respect des délais, donc notre collaboration était une évidence.
Le gisement de carbone « périmé » est colossal. Par exemple en arrêtant la production de son A380, AIRBUS s’est retrouvé avec une quantité considérable de stocks non utilisables. Des stocks considérés comme n’étant plus suffisamment performants pour l’aérospatial, mais qui ont pourtant encore toutes leurs caractéristiques mécaniques, toutes leurs propriétés. AIRBUS a donc fourni à Armel deux tonnes de carbone, et on les a utilisées pour réaliser 70% de son bateau. Bilan : une empreinte carbone divisée par deux !
Le bateau sera mis à l’eau en mai 2025. On le retrouvera dès novembre 2025 au départ de la Transat Jacques Vabre, et, si tout va bien, sur le prochain Vendée Globe.
Quelles ont été les étapes de fabrication de cet IMOCA pas comme les autres ?
Déjà il a fallu caractériser la matière « upcyclée », trouver les bon paramètres process et étudier l’ensemble de l’effet domino de ce couple matière/process sur les colles, matériaux d’âme, consommables pour s’assurer que le bateau sera aussi performant que ses concurrents. On a aussi dû démontrer à la classe IMOCA que les enjeux de sécurité sont respectés, et que le bateau n’aura pas de meilleures caractéristiques mécaniques que les autres.
Puis on a dû trouver le lieu adéquat pour fabriquer le voilier. On a construit un bâtiment dédié de 600 m2. Rien que ça, c’était 9 mois de travail.
Après on a constitué notre équipe : des ingénieurs venant de l’aérospatial et d’autres spécialisés sur la course au large, des techniciens, des opérateurs. On a essentiellement fait appel à des volontaires issus de nos équipes aérospatiales mais aussi de spécialistes du monde du nautisme car les méthodes de fabrication et d’assemblage ou les contraintes dimensionnelles étaient différentes de notre expertise historique.
Ensuite tout le monde entre en action. Les ingénieurs transforment les plans des architectes en données exploitables pour les opérateurs. Ils vont également caractériser les produits à fabriquer et à usiner, déterminer les machines à utiliser, les process à respecter.
Les opérateurs produisent d’abord la coque, en même temps que les cloisons puis le pont en parallèle de l’assemblage de la structure dans la coque. On va contrôler chaque pièce majeure avec un bras de contrôle 3D, on va aussi envoyer des ondes pour checker que tout est sain à l’intérieur de la matière, qu’il n’y a pas de fragilité potentielle. Il y a ensuite beaucoup d’interventions manuelles à la meuleuse et à la disqueuse pour assembler toutes les pièces fabriquées, via des méthodes de collage composite. Là il faut être très précis, il n’y a pas le droit à l’erreur.
Est-ce que DUQUEINE Atlantique a vocation à continuer de s’impliquer dans le nautisme ?
Oui, d’ailleurs on a reçu plein de demandes venant du monde de la plaisance. On veut également continuer dans la course au large, avec cette méthode, mais aussi avec des technologies toujours plus innovantes et plus vertueuses. Beaucoup de dossiers sont en discussion.
Pour en savoir plus sur le secteur industriel, un secteur résolument tourné vers l’avenir, rendez-vous sur aveclindustrie.fr.