Portrait

Journées du patrimoine : cet ingé son a réalisé les audioguides de l'Assemblée nationale

Réverb, brillance, équilibre des voix... au sein du studio, Benjamin veille à la qualité du son.
Réverb, brillance, équilibre des voix... au sein du studio, Benjamin veille à la qualité du son. © Benjamin Sangoï
Par Martin Rhodes, publié le 15 septembre 2017
6 min

Benjamin Sangoï, 28 ans, enregistre des voix off pour les visites guidées des musées. Ce passionné nous parle de son quotidien au travers d'un projet réalisé pour l'Assemblée nationale à l’occasion de l’édition 2017 des Journées européennes du patrimoine.

Il y a quelques mois, l'Assemblée nationale contacte la société lyonnaise Audiovisit, spécialisée dans les "visites embarquées". Elle souhaite mettre à jour le contenu français et anglais de ses audioguides afin d'améliorer l'information et la compréhension des visiteurs déambulant dans l'Hémicycle ou la salle des Quatre colonnes. Il faut impérativement que tout soit prêt pour les Journées du patrimoine, les 16 et 17 septembre 2017.
À Lyon, une équipe se forme, composée d'une cheffe éditoriale et de deux techniciens, dont Benjamin Sangoï. Le jeune homme de 28 ans est auto-entrepreneur. Il collabore très régulièrement avec l’entreprise Audiovisit. Le reste du temps, il est notamment perchman pour des fictions ou des films institutionnels. L’envie d’enregistrer des voix off lui est venue en regardant les coulisses des tournages sur DVD. "J’ai toujours aimé soulever le rideau pour voir l’envers du décor" confie-t-il.

Phase d'enregistrement : Benjamin entre en scène

Pour l'équipe dont fait partie Benjamin, la toute première étape consiste alors à récupérer, auprès du Palais Bourbon, les textes de présentation des 24 points d'écoute (salles, décorations, tableaux, etc.), avant de les retravailler entièrement. La cheffe éditoriale peut remplacer les termes techniques, politiques ou littéraires par des mots simples et connus de tous. Elle peut également modifier la ponctuation, là aussi dans le but de faciliter la compréhension de la visite.
"Après plusieurs échanges avec l'Assemblée nationale, elle nous a présenté le bon-à-tirer, en disant : "Voici ce que vous attendiez. À vous de jouer, les gars !"", rapporte Benjamin. Les deux techniciens entrent en scène pour la phase d'enregistrement. Ensemble, ils choisissent, dans le catalogue des collaborateurs de l'entreprise, les comédiens qui guideront les visiteurs du Parlement. Leur choix se porte sur deux voix, l'une féminine et l'autre masculine, pour "dynamiser la lecture et régulièrement relancer l'attention".

Mettre le son en boîte

Environ deux heures d'enregistrement sont nécessaires pour mettre en boîte 40 minutes de visite. Benjamin est chargé de capter la voix masculine. Pour cela, il dispose d'une console de son et d'un ordinateur muni du logiciel Pro Tools. La cheffe éditoriale l'a rejoint dans la "control room" pour s'assurer que le texte soit bien respecté. Devant eux, de l'autre côté de la vitre, le comédien s'installe face au micro dans une cabine entièrement insonorisée. Après le réglage du micro et le traditionnel test voix, le comédien prend une grande respiration et se lance, les yeux rivés sur le prompteur. Il porte un casque pour bien entendre les intonations de sa voix et communiquer avec Benjamin.
Voir le son. Benjamin coupe les bruits de respiration
Voir le son. Benjamin coupe les bruits de respiration © Benjamin Sangoï
La mission du jeune technicien du son est triple. Elle consiste à contrôler le volume et la qualité de l'enregistrement, l'intonation ("fluide, souriante et dynamique"), mais aussi et surtout, le respect du texte par le comédien. Parmi les erreurs fréquentes : le pronom "le" à la place du pronom "la", ou encore l'inversion d'un chiffre dans une date.
Le preneur de son doit être vigilant et hyper-concentré tout au long de l'enregistrement des 24 séquences. Un moment que Benjamin apprécie particulièrement. "Cela peut paraître paradoxal, mais l’aspect que je préfère concerne l’éditorial et non la technique, s’amuse-t-il avant d’ajouter : On se forge une culture !"

Jingles et bruits de bouche

Le comédien peut faire des pauses, se tromper et bafouiller, sans pour autant que Benjamin ne coupe l'enregistrement. La phase dite d'"editing" – d'une durée de trois heures pour une heure d'enregistrement – a notamment pour but de couper les blancs et les reprises, ainsi que tous les bruits de bouche et de respiration. Benjamin peut également, à ce stade, ajouter des éléments sonores comme des jingles ou des bruitages. Une fois éditée, chacune des 24 pistes est mixée afin de spatialiser (son plus ou moins à gauche ou à droite) et d’homogénéiser le niveau sonore de la première à la dernière seconde.
Les 24 séquences sont enregistrées et "propres", c’est-à-dire agréables à l’écoute. "La prochaine étape consiste à prendre le train pour l’Assemblée nationale", lance le jeune Lyonnais. Nous sommes quelques jours seulement avant les Journées du patrimoine. Les différents sons sont chargés sur deux "audioguides master". Ils serviront à mettre à jour, cinq par cinq, les quelque 250 audioguides du Palais Bourbon.

Premier contrat de "techos"

Benjamin est titulaire d’un bac S. Après l’examen national, il a cherché à intégrer un BTS (brevet de technicien supérieur) métiers de l’audiovisuel, mais la sélection est importante et son dossier "pas assez béton, surtout en maths". Il s'est donc rabattu sur la formation "technicien son", dispensée sur deux ans par l’école privée Studio M (campus lyonnais). La formation lui plaît. Il apprend notamment les rudiments de la MAO (musique assistée par ordinateur), les techniques de prise de son et de mixage. Il décroche son premier poste un peu moins d’un an après l’obtention de son diplôme : un CDD (contrat à durée déterminée) de quatre mois pour cette entreprise au nom évocateur, Audiovisit.

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