Les métiers de la justice recrutent : faites entrer les témoins !

Surveillants pénitentiaires, greffiers, magistrats... Le ministère de la justice recrute beaucoup actuellement. Témoignages de jeunes fonctionnaires sur trois métiers clés.
À tous les maillons de la chaîne, la justice recrute. Des magistrats, bien sûr : le ministère en a recruté beaucoup ces dernières années – 343 auditeurs de justice pour la promotion 2017 – pour faire face à une vague massive de départs en retraite. Mais la justice française a également besoin de greffiers et de greffières, au civil comme au pénal, pour veiller au respect de la procédure et accueillir les justiciables. Au moins 500 postes de greffier sont à pourvoir au concours 2018.
L'administration pénitentiaire, quant à elle, renforce ses effectifs de surveillants : 2.500 recrutements de surveillants ont eu lieu en 2017 et cela va continuer. Toujours recherchés aussi les conseillers d'insertion et de probation, chargés d'aider les personnes emprisonnées à garder un lien avec l'extérieur et de préparer leur réinsertion.
Et enfin les services de la protection judiciaire de la jeunesse recrutent régulièrement des éducateurs ou des psychologues. Zoom sur trois jeunes professionnels qui exercent ou se préparent à exercer des métiers phares.
Nicolas, 23 ans, greffier stagiaire : "Hier gendarme, demain greffier !"

"J'ai découvert le métier de greffier en allant au tribunal alors que j'étais gendarme. Je présentais au juge d'instruction les prévenus mis en cause sortant de garde à vue." À l'automne 2017, Nicolas Benentendi, 23 ans, comme 216 autres greffiers stagiaires de sa promotion, a prêté serment à l'ENG (Ecole nationale des greffes de Dijon) en présence de Nicole Belloubet, garde des Sceaux et ministre de la Justice. "Le greffier a un rôle d'assistant technique du magistrat et de garant des procédures. Il est l'authentificateur des procédures", explique Gérard Sentis, le directeur de l'école. "C'est un métier aussi diversifié que celui de magistrat."
Après dix semaines intenses de formation, Nicolas effectue son premier stage au service surendettement du tribunal d'instance de Pau. Le greffier stagiaire a quitté le képi et le statut de militaire pour la robe et un métier civil il y a quelques mois. "En 2012, juste après mon bac ES, je me suis engagé pour cinq ans comme gendarme adjoint volontaire. Je voulais prendre mon indépendance et travailler tout de suite". Dès 2015, Nicolas reprend pourtant des études de droit à distance pour avoir le niveau de formation minimal (bac+2) requis pour postuler au concours de greffier. Il prépare à distance son diplôme grâce au CAVEJ, un organisme spécialisé dans l'enseignement à distance du droit, créé par cinq universités parisiennes.
Pour le concours externe, vous devez avoir obtenu au minimum un diplôme de niveau bac+2. Admissibilité : une note de synthèse d'après des documents d'ordre juridique et deux séries de questions portant sur les procédures civile, pénale et prud'hommale. Admission : oral devant un jury. En 2018, au moins 500 places de greffiers stagiaires seront offertes au concours. Vous pouvez vous inscrire jusqu'au 8 janvier 2018 pour les épreuves de mars et juin.
Matthieu, 28 ans, surveillant pénitentiaire : "C'est un métier qui n'enferme pas, on peut évoluer"
Le surveillant de prison accompagne les détenus au cours de leurs déplacements, surveille leurs activités ou fouille leurs cellules. "Nous avons aussi une fonction "anti-récidive" : nous devons inciter les détenus à toute action à l'intérieur de la prison qui soit gage de réinsertion : travail en atelier, activité socio-éducative, lecture…", explique Matthieu, surveillant pénitentiaire dans un établissement de la région Grand Est. Après son bac STMG obtenu en 2007, Matthieu commence d'abord par travailler comme vendeur en magasin durant deux ans.
Puis, soucieux de mieux gagner sa vie, il cède en 2010 aux sirènes d'une publicité sur le Web pour la campagne de recrutement de l'administration pénitentiaire. "Je me suis inscrit, j'ai réussi les tests du concours : entretiens avec un psychologue, test de culture générale, tests psychotechniques, épreuve de sport. Puis je suis parti en formation à l'École nationale d'administration pénitentiaire d'Agen, l'ENAP." La formation y dure huit mois : les futurs gardiens y apprennent le droit pénitentiaire, l'usage des armes, les techniques de menotage, de gestion du stress ou encore de self-défense. Ils y effectuent aussi deux stages. "La fonction de surveillant peut être stressante, confie Matthieu. Mais il faut rester calme en toute situation : un détenu peut s'énerver pour un rien."
: ces équipes régionales d'intervention et de sécurité sont appelées à la rescousse quand les prisons sont en proie à des émeutes ou quand il s'agit d'assurer l'extraction et le transfert de détenus dangereux. "La principale motivation de celles et ceux qui rejoignent l'administration pénitentiaire reste les perspectives d'évolution qu'elle offre", conclut Matthieu.
Pour se présenter au concours, vous devez être titulaire du diplôme national du brevet et avoir au moins 19 ans et au plus 42 ans. L'admissibilité se joue sur épreuves écrites (QCM, tests logiques et compte rendu d'incident), l'admission après deux épreuves (orale et sportive). À l'issue du concours, la formation rémunérée de huit mois se déroule à l'ENAP (École nationale d'administration pénitentiaire) d'Agen. 2.500 surveillants ont été recrutés en 2017. Pour vous inscrire au prochain concours (janvier 2018), vous avez jusqu'au 12 décembre 2017.
Thomas, 28 ans, substitut du procureur au tribunal de grande instance de Lyon : "Magistrat du siège ou du parquet, les journées ne se ressemblent jamais"

"Durant trois ans, j'ai exercé la fonction de juge des enfants comme premier poste dans un petit tribunal à Auxerre. Depuis cette année, je suis substitut du procureur pour l'un des plus grands tribunaux de France." Thomas adore son métier de magistrat, qu'il a envisagé dès le collège. Après avoir été magistrat du siège (juge), il est désormais "parquetier" ou magistrat du parquet. "Je décide des suites à donner quand un délit grave ou un crime est commis. À l'audience, je représente la société et requiers une peine contre les prévenus. Enfin, je suis chargé de faire exécuter les peines. C'est un métier de prise de décision en temps réel, on est en lien permanent avec les enquêteurs."
Son bac L option théâtre en poche, Thomas entre en 2006 à l'IEP d'Aix-en-Provence avec le projet de réussir le concours d'entrée à l'ENM (École nationale de magistrature) à Bordeaux. "Les candidats issus des instituts d'études politiques ont de bons résultats au concours", justifie le magistrat. Reçu, il effectue sa rentrée à l'ENM en janvier 2012 pour 31 mois de formation rémunérée (2.093 € brut). "À Bordeaux, nous recevons six ou sept mois de formation théorique, mais nous effectuons surtout des stages pratiques en juridiction pour exercer toutes les fonctions." À l'issue de leur formation, les futurs magistrats sont classés. Ils passent des épreuves théoriques. Leurs stages donnent lieu à des évaluations sur trois fonctions : substitut, juge aux affaires familiales et président de tribunal correctionnel. Puis ils doivent encore passer des épreuves de fin de stage comme rédiger un réquisitoire et passer un grand oral avant d'entrer en fonction.
Pour vous présenter au premier concours d'accès à l'ENM (École nationale de magistrature), vous devez avoir au maximum 31 ans et détenir un diplôme de niveau master 1 au minimum. Le concours se compose de six épreuves écrites d'admissibilité et de six épreuves écrites et orales d'admission. Vous avez droit à trois tentatives. En 2017, 215 places étaient offertes par le ministère de la Justice.