Portrait

Les métiers des "premiers de corvée" : Gaétan, 31 ans, médecin anesthésiste-réanimateur au front durant la vague de Covid-19

Par Etienne Gless, publié le 15 juillet 2020
5 min

VIDÉO. Gaétan est un héros du quotidien. Face à l'afflux de "patients Covid" pendant le pic de l'épidémie de coronavirus, le jeune médecin anesthésiste-réanimateur a travaillé 70 à 80 heures par semaine à empêcher que les malades ne meurent. Témoignage.

"Mon rôle durant le pic de l'épidémie de coronavirus fut de permettre aux patients de survivre à l'infection". Gaétan Casanova, 31 ans, est en 8e année de médecine, interne à l'hôpital Foch en région parisienne. Lors de la vague de Covid-19, de la mi-mars à début juin 2020, ce médecin, qui a choisi la spécialité d'anesthésiste-réanimateur, s'est retrouvé directement au front à lutter contre le virus.

Quadruplement des lits de réanimation en 15 jours

Le travail du réanimateur consiste à prendre en charge le patient en détresse vitale. "Je devais pallier toutes les défaillances que le patient infecté pouvait avoir lors de cette maladie. Par exemple, l'aider à respirer soit à l'aide d'oxygène nasal, soit à l'aide d'une machine de respirateur artificiel", détaille-t-il. Le service réanimation où travaillait Gaétan, alors à l'hôpital de la Fondation Rothschild à Paris (75), prenait en charge habituellement des patients en neuroréanimation (victimes d'AVC, d'hémorragies cérébrales).
"La réaction immunitaire au virus peut provoquer des détresses respiratoires aiguës. Comme réanimateur, je devais empêcher que les patients ne meurent, explique Gaétan. En deux à trois semaines il a fallu quadrupler le nombre de lits de réanimation pour ne plus prendre en charge que des 'patients Covid'. "Nous sommes passés de 10 à 39 lits de réanimation en quelques jours".
En effet, le plus difficile dans cette crise fut de gérer la montée de la vague de patients et l'explosion de la charge de travail passée à 70 à 80 heures hebdomadaires. "Il a fallu, en temps réel, transformer l'hôpital, former des personnels tout en évitant de se contaminer et de contaminer les autres", se souvient Gaétan. S'il est assez sévère sur "le mandarinat" et ces professeurs de médecine plus présents sur les plateaux de télévision que dans leurs services, il confie avoir apprécié la flexibilité du système de santé à s'adapter à la crise, en particulier la rapidité avec laquelle l’hôpital s’est transformé pour affronter l'afflux de patients Covid.

5 ans de droit... avant 11 ans de médecine !

Le bac S en poche, il commence par suivre des études... de droit ! "Je me destinais à être magistrat, j'ai travaillé via des stages dans les tribunaux. Les études de droit m'ont beaucoup plu et je les ai suivies jusqu'au master 2 en me spécialisant en droit de la santé, droit médical", détaille Gaétan, également chroniqueur santé sur Radio Présence.

Toutefois, à la fin de sa troisième année de droit, le jeune homme sait qu'il veut devenir médecin : "Je voulais être proche des gens et me mettre à leur service or le magistrat est un peu enfermé dans sa tour d'ivoire. Moi qui me destinais à la justice pénale, je constatais que, par définition, elle arrive toujours quand le mal est fait. La médecine me permet de garder le plaisir intellectuel que j'avais en droit mais aussi d'avoir toute la dimension humaine et humaniste que je recherche en travaillant auprès des gens".

Le médecin anesthésiste-réanimateur termine néanmoins sa formation en droit et repart pour un très long cursus d'études en s'inscrivant en première année de médecine : "Il existait une passerelle, que je n'ai pas eue, et j'ai donc fait une classique première année d'études de santé avant d'obtenir cette passerelle en fin d'année".

Le secret d'une orientation efficace et heureuse

Il confie volontiers qu'à l'origine de cette bifurcation, il y a une erreur d'orientation après ses années lycée. "L'erreur que j'ai commise c'est d'avoir beaucoup aimé ce que j'ai fait en droit, mais de ne pas m'y être reconnu humainement", diagnostique le jeune soignant.
"Quand on cherche à s'orienter, l'important n'est pas tant de se poser la question 'Qu'est-ce que j'aime ?' car quand vous êtes curieux vous pouvez apprendre beaucoup de choses. La vraie question à se poser c'est d'abord 'Qu'est-ce que je veux faire de ma vie ?', c'est une question fondamentale et qui interroge l'engagement que je veux avoir pour moi et pour les autres. C'est la réponse à cette question qui vous donnera les clés d'une orientation heureuse et efficace", préconise le jeune homme.
Après un début d'année mouvementé, il compte prendre 15 jours de vacances cet été avant de "reprendre une activité normale" et de préparer la thèse qu'il passera dans trois ans "car aujourd'hui je suis déjà médecin mais pas encore docteur !" sourit l'anesthésiste-réanimateur.

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