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Agro-alimentaire : des métiers pour tous les goûts

Par Sandrine Chesnel, publié le 18 mai 2009
1 min

Quel sera l’état du secteur de l’agroalimentaire quand vous arriverez sur le marché de l’emploi ? Réponses et conseils de professionnels et de responsables de formation.

Frédérique Roy, responsable recrutement chez Lactalis, 1er groupe laitier mondial.

Lactalis produit les marques Président, Galbani, Bridel… Il compte 34 500 collaborateurs sur 125 sites industriels, partout dans le monde.
 

"Il y a déjà une vraie pénurie dans les métiers de la production : les jeunes ne s’y engagent pas parce qu’ils connaissent mal notre secteur. C’est  pourtant un secteur d’avenir, même en temps de crise : l’achat d’une voiture peut attendre, mais tout le monde doit manger ! En revanche, même si la dimension environnementale est évidemment importante pour notre activité, nous ne recrutons pas spécifiquement dans cette filière, même si nous recevons beaucoup de CV ! "
 

Côté formation : "Pour les profils ingénieurs, nous recrutons uniquement les diplômés d’écoles ingénieurs à spécialité agro-alimentaire, et non pas des ingénieurs généralistes : c’est très important pour nous pour qu’ils aient toutes les notions d’hygiène et de fabrication qui sont spécifiques à nos métiers. Les écoles qui ont notre préférence ?  Agrocampus Ouest, AgroParisTech, l’Ecole nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l'alimentation Nantes-Atlantique - cursus ingénieurs, l’ENSAIA, le réseau des Polytech".

 

Paul-Marie Fontenau, directeur de l’espace formation du groupe Stalaven

Le groupe Stalaven emploie 1400 personnes et est spécialisé dans les produits traiteurs, plats cuisinés, salades, pour la grande distribution et les professionnels.
 

"Après plusieurs années qui ont vu le développement de l’automatisation des lignes de production, nous avons maintenant besoin de techniciens de maintenance et de conducteurs de machines pour maintenir et piloter ces machines, qui deviennent de plus en plus complexes et mêlent informatique, robotique, automatismes. Nous allons aussi avoir besoin de commerciaux pour vendre nos produits auprès des restaurateurs, des traiteurs, des charcutiers : c’est une activité que nous souhaitons développer fortement dans les prochaines années".
 

Côté formation : "Le plus important pour nous est d’abord de recruter des gens qui sont attirés par nos produits. A la fonction maintenance, nous privilégions les jeunes formés en alternance sur nos machines : c’est clairement un pré-recrutement pour nous. Aux postes de commerciaux, nous recrutons du bac à bac+3, et après une école de commerce pour les postes d’encadrement. Nous accueillons aussi des jeunes qui ont, par exemple, une formation dans l’hôtellerie ou dans les métiers de bouche et qui veulent se reconvertir dans le commercial. Ils suivent alors chez nous une formation interne spécialement développée à cet effet".

 

Jennifer Chevy, chargée de communication et du recrutement des apprentis à l’IFRIA (Institut de formation régional de l'industrie agro alimentaire) Bretagne

L’IFRIA forme aux métiers de l'agro-alimentaire en alternance, du CAP au diplôme d’ingénieur et au master 2.
 

"Les métiers de l’agro-alimentaire sont des métiers très variés, et complexes : il s’agit de travailler sur une matière vivante, susceptible de s’altérer, qui impose de respecter des cahiers des charges précis, notamment sur le sujet de la sécurité alimentaire. Comme les processus de production se sont beaucoup industrialisés et automatisés, nous allons de plus en plus recruter des techniciens qualifiés pour conduire les machines, et des cadres techniques pour les encadrer, ainsi que des techniciens en maintenance pour maintenir et réparer ces machines".
 

Côté formation : "Pour travailler dans la maintenance, les recruteurs cherchent en priorité des jeunes titulaires d’un BTS en maintenance. Pour ces profils, la demande est déjà importante car les entreprises doivent organiser les conditions d’un transfert de compétences entre les anciens, qui vont bientôt partir à la retraite, et les jeunes recrues. Pour travailler comme pilote de ligne de fabrication ou au niveau de l'encadrement intermédiaire, le BTS IAA (indutrie agro alimentaire) et les DUT génie biologique sont aussi recherchés, tout comme les licences professionnelles Gestion de production, Management de la production ou Génie des Bio-production". 

 

Brigitte Chassaing, directrice du CFA (centre de formation des apprentis) du Lycée de Thère, à Saint-Lô (50).

Le lycée de Thère dépend du ministère de l’agriculture et forme lycéens, étudiants, adultes et salariés aux métiers de l’agro-alimentaire.
 

"Ces dernières années, notre secteur a un peu perdu « l’expertise produit ». Il y a tellement de litrage et de tonnage à gérer, on finit par oublier qu’on a affaire à une matière soumise aux aléas des saisons et des climats, aux terroirs, etc. Même si beaucoup d’opérations sont standardisées, les propriétés nutritionnelles et microbiologiques de l’aliment sont essentielles, tout comme son aspect, sa texture, son goût. Dans les années à venir, l’industrie agro-alimentaire va donc avoir besoin d’experts capables de maîtriser un produit donné dans toutes ces dimensions".
 

Côté formation : "Pour les jeunes qui sont attirés par l’expertise produit, le mieux est de préparer un BTS IAA (Industrie Agroalimentaire) suivi d’une année de spécialisation pour acquérir une double compétence, par exemple, une licence professionnelle spécialisée dans le lait. Autres exemples de diplômes recherchés dans les prochaines années : les bac+2 et les licences pros axés sur la gestion de la production, la licence pro management des produits frais, et la licence pro Gestion et management d’ateliers d’élaboration de produits carnés. Même s’ils ont très demandés par les jeunes, il faut savoir que les métiers de la recherche et du développement recrutent peu : ces fonctions représentent moins de 1% des effectifs dans les entreprises de 500 personnes. Les métiers de la production, en revanche, sont peu demandés par les jeunes car pas très valorisés, mais c’est, avec les métiers de la maintenance, ceux qui offrent les meilleures possibilités d’évolution dans l’entreprise".

 

Jean Bussery, responsable territorial AGEFAFORIA Bretagne, Pays de Loire Poitou Charentes et Centre.

L’ AGEFAFORIA regroupe les représentants de 29 organisations professionnelles d'employeurs du secteur de l'agroalimentaire et l'ensemble des organisations syndicales représentatives des salariés.
 

"Même s’ils ont très demandés par les jeunes, il faut savoir que les métiers de la recherche et du développement recrutent peu : ces fonctions représentent moins de 1% des effectifs dans les entreprises de 500 personnes. Les métiers de la production, en revanche, sont peu demandés car pas très valorisés, mais c’est, avec les métiers de la maintenance, ceux qui offrent les meilleures possibilités d’évolution dans l’entreprise".
 

Côté formation : "Les diplômes les plus recherchés dans les prochaines années seront ceux qui préparent à la conduite de lignes de production, à la maintenance, à la logistique : bacs professionnels et bacs technologiques, BTS, licences pros. Il y a aujourd’hui un vrai déficit de jeunes formés à ces métiers, sans doute parce qu’ils ont été assimilés un peu vite aux métiers de l’industrie : d’où, dans les 3 à 5 années qui viennent, les importants besoins de jeunes qualifiés".

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