Interview

Avis d’expert - « Débuter dans l’humanitaire exige d’être très vite opérationnel »

Par Jean-Marc Engelhard, publié le 17 mars 2009
1 min

Eric Bordeaux Montrieux est responsable de la "Plateforme de l’emploi solidaire" au sein du centre de formation Bioforce. Il fait le point pour nous sur les profils recherchés dans l’humanitaire et sur les meilleures manières de postuler.

expert BioforceQu’est-ce qui caractérise le secteur de l’humanitaire ?
 
Sa diversité et sa professionnalisation. Il ne suffit plus seulement de vouloir s’engager dans l’action humanitaire. Encore faut-il avoir des compétences utiles à proposer. D’autant que les places sont chères : plusieurs milliers de candidatures pour quelques dizaines de postes chez les plus grandes ONG (organisations non gouvernementales).

Lorsque l’on veut s’engager, quelles sont les questions à se poser ?
 
D’abord, définir la nature de son engagement : soit on veut en faire son métier, soit on le considère comme une parenthèse de vie. Certains envisagent d’y faire carrière, d’autres veulent n’y travailler que quelques heures par semaine. Autre dimension à creuser : on peut avoir envie d’être envoyé sur des missions à l’étranger mais il est aussi possible de travailler sur le terrain en France.

Comment se faire une première expérience ?
 
Par exemple en partant sur des chantiers l’été. C’est possible avec des associations comme Jeunesse et Reconstruction, Solidarité Jeunesse ou encore Concordia. Plus simplement, il est possible de s’engager dans des associations près de chez soi. La solidarité ne silimite pas à l’aide aux pays en difficulté.

Quels sont les critères de sélection des grandes organisations non gouvernementales ?
 
D’abord, il est indispensable d’avoir terminé ses études et validé une formation initiale. Ensuite, il peut s’avérer utile d’avoir eu une première expérience de l’humanitaire dans une association qui envoie des volontaires dans les pays en voie de développement, comme Volontaires du Progrès, La Guilde, le Service de Coopération au Développement ou la Délégation catholique pour la coopération. Elles recrutent des profils très divers : des techniciens agricoles, des éducateurs spécialisés, des assistantes sociales, des architectes, psychologues, des ingénieurs en génie civil, etc.

Une première expérience professionnelle classique peut-elle être un atout ?
 
Elle est même vivement conseillée. Car lorsque qu’un volontaire est envoyé sur le terrain, dans le cadre d’une intervention d’urgence ou de post-urgence, il doit être immédiatement opérationnel. Un jeune diplômé aura du mal à l’être, surtout dans un contexte difficile. Sans compter que pour ceux qui ne veulent pas faire carrière dans l’humanitaire, une première expérience dans un autre secteur facilitera leur reconversion. Enfin, point non négligeable, avoir déjà travaillé avant de se lancer dans l’humanitaire est essentiel sur le plan financier : le temps d’une mission, les droits Assedic sont suspendus. Ils ne sont réactivés qu’au retour.

Quelles sont les compétences recherchées par les ONG ?
 
Là encore, elles sont très variées. Parmi leurs recrutements évidents : des médecins, des infirmières et des nutritionnistes. Mais on recherche aussi beaucoup de personnel d’encadrement : des chefs de mission, mais qui doivent avoir une expérience de terrain (environ trois ans), des administrateurs (chargés des budgets, des ressources humaines…) pour lesquels des profils « école de commerce » dotés d’une petite expérience peuvent convenir, ainsi que des logisticiens. Ces derniers s’occupent de tous les aspects techniques d’une mission : approvisionnements, gestion du parc automobile, télécommunications, sécurité des personnels… Un poste qui convient par exemple aux ingénieurs. A côté de ces profils, certaines compétences plus spécifiques peuvent être recherchées. Ainsi, Electriciens sans frontières a besoin d’électriciens et plus généralement de spécialistes de l’énergie. De son côté, Sport sans frontières recrute des professeurs de sport et des animateurs sportifs. Quant à Architectes de l’urgence, les profils d’architectes et d’ingénieurs en génie civil vont surtout les intéresser. Enfin, toutes ces organisations ont du personnel au siège, avec des fonctions classiques comme la finance, la gestion, la communication, etc.

Y a t il d’autres critères de sélection ?
 
Tout dépend du type d’actions menées. Les associations qui envoient des volontaires dans le cadre de programmes d’échanges apprécient les candidats capables de pédagogie. Les grosses ONG, qui interviennent dans des situations difficiles, en urgence et en post-urgence, ont d’autres critères : la capacité de résistance au stress, l’autonomie, l’adaptabilité, la réactivité ou encore le goût pour le travail en équipe. Dernier point, loin d’être accessoire : la maîtrise de l’anglais. C’est la langue internationale, il est indispensable de bien la parler.

Un diplôme spécialisé en humanitaire constitue-t-il un atout ?
 
Il existe de nombreux masters professionnels dans ce domaine. Mais ils ne permettent pas de faire carrière dans le secteur. Ils ne doivent pas non plus être envisagés comme une formation complémentaire. Ce que recherchent avant tout les organisations humanitaires, ce sont des compétences opérationnelles.

A qui s’adresser pour faire acte de candidature ?
 
Aujourd’hui, la grande majorité des ONG sont organisées comme des entreprises. Elles ont un siège et un service des ressources humaines. C’est à eux qu’il faut s’adresser.

* Au sein de Bioforce, la "Plateforme de l’Emploi Solidaire" informe et accompagne toute personne qui souhaite s’engager dans la solidarité au sens large.


Le Tour de France des métiers de l’humanitaire
 
La Plateforme de l’emploi solidaire organise un tour de France de l’humanitaire destiné à mieux faire connaître les métiers et le recrutement dans le secteur, en partenariat avec une trentaine d’ONG et d’associations de solidarité. Prochaine étape, Dijon, les 25, 26 et 27 mars.
En savoir plus : www.tdf-humanitaire.net

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