Interview

BTP : construisez-vous un avenir en béton !

publié le 02 mars 2009
1 min

Aujourd'hui, c'est la crise, mais qu'en sera-t-il demain ? Nos 5 experts du secteur du bâtiment vous conseillent sur les métiers et les formations qui auront le vent en poupe dans les cinq années qui viennent.

L'avis d'Armel Le Compagnon, président de la Commission nationale de formation de la Fédération française du bâtiment (FFB)


« En 2012, toutes les constructions neuves ne devront pas dépasser un certain seuil de consommation d’énergie. Les grandes entreprises ont déjà largement entamé ce virage « vert », et les PME devront s’y engager dans les 5 ans qui viennent au plus tard. Tout cela va entraîner de gros besoins en recrutement dans les bureaux d’études, dans l’ingénierie pour développer l’exploitation de toutes les formes d’énergies, et pour mettre en œuvre de nouveaux matériaux, de plus en plus industrialisés. Les parpaings, les moellons, dans 5 à 10 ans, ça sera fini ! On construira les maisons avec des murs préfabriqués en atelier ».

Côté formation : « Il y a de belles perspectives pour tous les jeunes à tous les niveaux de formation, du CAP au diplôme d’ingénieur. Nous sommes actuellement en discussion avec le ministère de l’éducation pour qu’il fasse évoluer les diplômes de manière à tenir compte des changements liés au développement des « emplois verts ». Evidemment, les diplômés de la filière ingénieur BTP intéressent toutes les entreprises du BTP, mais pas seulement eux : les spécialistes de la gestion immobilière, de la gestion de biens, de la fiscalité, dans des secteurs touchés par la crise, sont susceptibles de nous intéresser. Nous sommes aussi ouvert à des jeunes qui ont suivi une filière scientifique ou technique très abstraite et qui ont envie de se réorienter dans un secteur plus concret ».


L'avis de Caroline Grac, chargée de recrutement chez Bec Frères (entreprise de travaux publics, filiale à 100% du groupe Fayat, 4ème entreprise française de BTP).


« Dans les toutes prochaines années le marché de l’emploi va se tendre avec les départs à la retraite liés au « papy boom ». Même si le Grenelle de l’environnement a mis un coup d’arrêt au développement de nouvelles autoroutes, de nombreux gros projets d’infrastructures sont prévus, comme la construction de nouvelles lignes de TGV, ce qui suppose des travaux de terrassement, la construction d’ouvrages divers, ponts, viaducs etc. Dès 2011, ces projets entraîneront des travaux d’études et donc beaucoup de travail pour les ingénieurs études et les ingénieurs méthodes (calculs de structures, études de prix, etc) ».

Côté formation : « Je conseille de viser les écoles d’ingénieurs si on en a la possibilité. Certaines licences professionelles sont aussi très intéressantes car elles forment leurs étudiants en alternance, ce qui permet de cumuler la préparation d’un diplôme et une première expérience dans l’entreprise. Quelque soit le niveau de diplôme, les jeunes qui choisiront le BTP n’ont pas d’inquiétude à avoir pour leurs débouchés, mais pour autant il ne faut pas choisir ce secteur uniquement pour ses débouchés : les métiers du BTP sont chronophages et energivores, ils supposent une grande motivation et le goût de la gestion des aléas, qui font le quotidien de nos métiers ».


L'avis de Patrick Plein, chargé de recrutement chez Vinci (1er groupe mondial de construction et de services associés).
 

« L’enjeu pour nous est de donner envie à des jeunes de travailler dans notre entreprise car dans les prochaines années un grand nombre de nos salariés va partir à la retraite. Nous allons aussi avoir besoin de spécialistes de la QSE (Qualité, Sécurité, Environnement), une filière qui se développe de plus en plus dans le bâtiment et les travaux publics. On sent bien que la vague verte commence à toucher notre secteur : les profils spécialisés dans l’éco conception seront recherchés dans les prochaines années. On ne peut pas dire que de nouveaux métiers vont apparaître pour satisfaire de nouveaux besoins, ce sont les métiers qui existent déjà qui vont s’enrichir de nouvelles compétences liées à la préoccupation environnementale ».

Côté formation :  « Dans les prochaines années, nous allons recruter beaucoup de jeunes diplômés de bac+2 à bac+5 pour travailler comme conducteurs de travaux, ingénieurs travaux, techniciens travaux… Les diplômes qui ont notre faveur : les DUT Génie civil, les diplômes d’ingénieur, les masters en génie civil comme celui de l’université de Marne La Vallée  ».


L'avis de Florence Darmon, directrice générale de l'ESTP (Ecole spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l'industrie), Paris (75).

 

« Il devrait donc y avoir de plus en plus de recrutements pour travailler à l'étranger en privilégiant les jeunes ingénieurs avec au moins une première expériences professionnelle ou un stage à l'étranger. Nous nous attendons aussi à une hausse des recrutements dans les bureaux d'études : de plus en plus ceux-ci conviennent que les profils d'experts jusque là recrutés pour travailler dans les en leur sein ont souvent des a priori sur les nouvelles technologies, ce qui les conduit à ne pas les utiliser, ou insuffisamment, ce qui n'est pas le cas des jeunes ingénieurs ».

Côté formation : «Les profils de bi diplômés seront très recherchés : un bi diplôme est la garantie d'une certaine ouverture d'esprit, dont les entreprises du BTP sont de plus en plus demandeuses. Le duo le plus recherché : celui d'ingénieur architecte, tel que nous en proposons avec l'école d'architecture de Paris La Villette. Toutes les formations intégrant les problématiques liées au développement durable auront également le vent en poupe ».


L'avis d'Hélène Grimault-Duc, directrice de l’ESITC (Ecole supérieure d'ingénieurs des travaux de la construction) de Caen (14).

« La France est très performante dans le secteur du BTP : Vinci, Bouygues, et Eiffage sont respectivement les 1ère, 2ème et 6ème entreprise mondiales. Même avec la crise, il y aura toujours du travail : on ne peut pas délocaliser l’activité de la construction… Jusqu’à présent, les métiers de la maîtrise d’œuvre (ingénieur travaux), et de l’ingénierie (ingénieur études, ingénieur méthode) étaient clairement séparés. Dans les prochaines années, la fonction d’ensemblier devrait se développer : elle consistera à gérer de A à Z à la place du client les projets importants type viaduc, usines, ponts».

Côté formation : « Les diplômés les mieux placés seront les ingénieurs génie civil, et les ingénieurs généralistes. Autre profils recherchés : ceux d’ingénieur spécialisé dans les éco matériaux, et dans les matériaux innovants ».

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