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Portrait de pro - Nicolas Pradon, administrateur de biens : « C’est un métier passionnant, mais très stressant »

publié le 17 janvier 2011
1 min

Depuis 1996, Nicolas Pradon est administrateur de biens à Boulogne-Billancourt (92). Un métier peu connu, souvent décrié, mais pourtant peu sensible la crise. On a toujours besoin de pros pour s’occuper des petits tracas de son immeuble.

En quoi consiste votre métier ?

Je suis d’abord syndic. C'est-à-dire que je m’occupe de l’administration courante des immeubles et de leurs parties communes. Je gère les relations avec les gardiens, je fais réparer les fuites d’eau, je contacte les fournisseurs, je suis les factures liées à l’immeuble, le chauffage, l’ascenseur, l’eau et le salaire du gardien. Je tiens aussi les assemblées générales une fois par an. Les propriétaires d’un immeuble s’y retrouvent pour voter les travaux nécessaires pour l’année à venir, et approuver les comptes.

Vous vous occupez aussi de la gestion des appartements ?
On appelle ça la gérance. C'est-à-dire que j’encaisse les loyers, que je reverse aux propriétaires, moins une commission. Je m’occupe aussi de transactions, c'est-à-dire de trouver des acheteurs pour des propriétaires qui souhaitent vendre leur bien, et de location, c'est-à-dire de trouver des locataires pour des propriétaires d’appartement.

Vous avez créé votre société en 2003. Qui recrutez-vous ?
J’ai 12 salariés dont une assistante, un comptable, un DRH (directeur des ressources humaines) et un gestionnaire de copropriétés. L'administrateur de biens est payé de 3000 à 6000 € brut par mois. Dans l’idéal, je conseillerais d’avoir une licence en droit et le diplôme de l’ESPI (École supérieure de profession immobilière), qu’on peut intégrer après le bac. Je recommande aussi l’ICH (Institut de la construction et de l’habitat), une composante du CNAM (Conservatoire national des arts et métiers). Ce diplôme permet d’obtenir la carte professionnelle d’agent immobilier et d’administrateur de biens.

En quoi consiste le métier de gestionnaire immobilier au quotidien ?
Il faut d’abord être prêt à terminer tard le soir, car c’est ce professionnel qui tient les assemblées générales des immeubles, lesquelles peuvent durer facilement jusqu’à 22 heures. Il doit ensuite établir un procès-verbal, c'est-à-dire un rapport de ce qui s’y est dit. La journée, il ne chôme pas pour autant, puisqu’il doit assurer le suivi technique des immeubles, c'est-à-dire aller voir ce qui ne va pas, faire un constat à l’amiable en cas de dégât des eaux, par exemple.

C’est un métier stressant, non ?
Oui, et d’ailleurs une fois par an, j’invite les copropriétaires qui trouvent qu’on gagne trop d’argent à passer une journée au bureau. Les propriétaires ne nous appellent jamais pour nous dire que tout va bien. Quand ils appellent, c’est toujours pour se plaindre. C’est pourquoi, il faut une forte résistance au stress pour faire ce métier. Et puis, il faut avoir assez d’autorité pour tenir une assemblée générale, où les gens peuvent être très agressifs. Mais on apprend à repérer dans une assemblée le meneur, le joyeux drille, le procédurier… Ce sont surtout des hommes qui font ce métier, mais lorsqu’une femme a le tempérament requis, elle peut très bien réussir.

Il faut aussi avoir des notions techniques ?
En effet, il faut avoir des notions solides pour être à même de suivre les travaux, ainsi que des connaissances juridiques. Des bases en comptabilité sont aussi utiles pour suivre un budget prévisionnel et l’expliquer.

C’est un métier d’avenir pour des jeunes ?
Tout à fait, car pour une fois, ce n’est pas un métier qui risque d’être délocalisé. On aura toujours besoin de gens pour s’occuper des immeubles. S’il y a plus de jeunes diplômés sur le marché que par le passé, on recherche toujours des gestionnaires. C’est un métier passionnant.

Bio express

1968 : naissance à Cambrai.
1990 : diplômé du groupe EDC Paris, École supérieure de commerce.
1992 : création d’une société de distribution de produits paramédicaux.
1996-2002 : gestionnaire de copropriété dans un groupe immobilier.
2003 : création du cabinet Pradon.
2008 : juge au conseil des prud’hommes de Boulogne-Billancourt*.

* Tribunal compétent pour juger tout conflit entre un salarié et son employeur.

 Sophie de Tarlé

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