Actu

Philippe Bellaïche, chirurgien plasticien

publié le 08 janvier 2009
5 min

Enfant, rêviez-vous d’être médecin ?
J’ai eu des petits soucis de santé lorsque j’étais jeune et j’étais fasciné par notre médecin de famille. Il trouvait toujours une solution pour me guérir. En revanche, je ne comprenais pas pourquoi la médecine ne pouvait pas tout soulager, notamment pour les paralysés. Cela me contrariait beaucoup. En grandissant, j’étais de plus en plus intrigué par le corps humain, et le désir de faire de la médecine s’est confirmé.

Après un bac scientifique, vous entrez à la faculté Saint-Antoine, à Paris. Comment votre premier stage s’est-il déroulé ?
J’ai intégré le service de chirurgie viscérale de l’hôpital Rothschild. Un jour, un interne est venu me chercher en me disant que nous allions aider le "patron" pour une intervention. Quand j’ai aperçu le chef de service, un vrai mandarin, et que je suis entré dans le bloc opératoire, j’appréhendais beaucoup, par peur de mal faire. J’ai tenu des écarteurs pendant trois heures. Je n’ai eu aucune remarque désobligeante. Je suis sorti en me disant que j’avais réussi un exploit physique et psychologique. J’ai réalisé ce jour-là que la chirurgie était faite pour moi : un problème, une opération, un résultat.

Vous vous orientez donc, pour l’internat, vers la chirurgie…
Je fais des petites interventions dans le bloc opératoire, toujours avec le concours d’une équipe médicale. J’apprends à tenir les instruments, à me servir des ciseaux, à disséquer…, à avoir une parfaite maîtrise de mes gestes. J’ai une soif d’opérer. J’en profite pour accroître mes connaissances médicales en passant une maîtrise d’anatomie et un diplôme de microchirurgie.

Puis vous obtenez un poste de chef de clinique à la Pitié-Salpêtrière…
J’intègre l’unité de chirurgie plastique et maxillo-faciale. Je me souviens de mon premier jour : je devais opérer une femme qui avait subi un écrasement du visage suite à une chute de cheval. Tout s’est bien passé. Je lui ai redonné son visage.
 
Vous enchaînez avec un autre clinicat à l’hôpital Trousseau…
J’y ai exercé en tant que chirurgien plasticien pédiatrique. J’opérais des enfants victimes de brûlures, de plaies par morsure d’animaux, d’accidents de voiture ou de malformations…

Quelles relations entreteniez-vous avec les enfants ?
Il faut toujours leur dire la vérité, que ça fera peut-être un peu mal après l’opération, mais qu’après, cela ira beaucoup mieux. On leur explique comment va se dérouler l’intervention chirurgicale avec des mots simples. J’ai l’impression qu’ils appréhendent moins qu’un adulte, mais ils restent très lucides sur leur état de santé.

Vous souvenez-vous d’une opération particulièrement éprouvante ?
Je garde en mémoire une intervention qui avait duré quatorze heures sur un enfant de 7 ans atteint d’un cancer osseux facial. La reconstruction était très compliquée. J’avais préparé cette opération durant trois mois, toute l’intervention était écrite. Nous avons guéri cet enfant, que je revois d’ailleurs régulièrement.

Aujourd’hui, vous avez votre cabinet. Quels conseils donneriez-vous à des jeunes intéressés par ce métier ?
De nombreux jeunes envisagent de s’orienter vers cette profession en voyant des séries comme Nip/Tuck. D’ailleurs, c’est impressionnant de voir des stagiaires tout à fait à l’aise en bloc opératoire, cela fait partie de leur quotidien. Ceux qui sont intéressés doivent se renseigner sur le cursus, qui est long, difficile et semé d’embûches. Et mieux vaut savoir que ce métier exige beaucoup de concentration et une grande résistance nerveuse.

Bio express
1966 : naissance de Philippe Bellaïche.
1984 : il entre en première année de médecine à la fac Saint-Antoine, à Paris.
2001 : il exerce en tant que chirurgien plastique pédiatrique à l’hôpital Trousseau, à Paris.
2002 : il ouvre son cabinet à Paris et opère en clinique.


Propos recueillis par Séverine Tavennec

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !