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Comment je suis devenu Maître Gilbert Collard, avocat

publié le 28 mai 2009
1 min

gilbert collard avocatQuels souvenirs gardez-vous de votre enfance ?

J’ai grandi au sein d’une famille bourgeoise. Mon père était notaire et ma mère, riche héritière. Avec mes deux frères et mes deux sœurs, nous avons passé notre enfance au château de la Madone, le domaine familial, près de Marseille. Durant cette période, j’ai emmagasiné de bonnes données freudiennes. Aujourd’hui, le château est occupé par une compagnie de CRS. La chapelle est un véritable musée des projectiles reçus par les CRS lors des manifs. Tout cela sous l’œil de la Madone…

À l’âge de 9 ans, vous intégrez le collège des Révérends Pères maristes à La Seyne-sur-Mer…
Il préparait à l’École navale. J’y ai subi une éducation militaire à la dure, avec de nombreux châtiments corporels. J’avais très peu de permissions pour rentrer à la maison. Il fallait avoir un total de 180 points pour partir le week-end. Nous perdions par exemple 20 points quand nous discutions dans les rangs. C’était donc quasiment impossible d’avoir une respiration familiale. Je n’y mettrai jamais mes enfants ! Cela ne m’a bien évidemment pas donné une vision idyllique de l’humanité, mais en encaissant tous les coups, cela m’a certainement permis d’affronter tous les combats.


Quel élève étiez-vous ?
J’étais un vrai cancre, excepté en gymnastique, en français et en catéchisme. Suite à cette formation spirituelle, j’ai eu ma période anticléricale. Je suis, depuis, redevenu croyant.

Ensuite, vous entrez à la fac de droit d’Aix-en-Provence
Je voulais être comédien, mais mes parents m’ont fortement conseillé de décrocher un diplôme avant. J’ai donc suivi des études de droit dans cette université très bourgeoise, où je dénotais un peu : je me réclamais de l’anarchisme… Je me souviens qu’en Mai 68, lors d’un vote pour savoir qui était favorable à la grève, nous n’étions que deux à vouloir la faire. J’étais fondamentalement révolté. Je garde aussi le souvenir d’un professeur brillant et passionnant qui était un spécialiste de l’Empire romain.

Une fois votre diplôme en poche, comment avez-vous démarré votre carrière d’avocat ?
J’ai prêté serment en 1971. À mes débuts, j’ai rencontré un vieil avocat qui m’a pris en affection et m’a donné l’occasion de plaider très vite aux assises. J’avais 22 ans et je recevais modestement mes clients dans un café.

Vous souvenez-vous de votre première affaire ?
Je devais plaider pour un clochard qui avait tué, dans un accident de triporteur, un autre clochard. Il a écopé de seulement trois ans de prison. Je me souviens parfaitement de son : "Merci, petit !" Et depuis, ce qui marque mes affaires, c’est que j’ai toujours des résultats. Je recherche cela.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui souhaite se lancer dans une carrière d’avocat ?
S’il veut être avocat pénaliste, il doit avoir une vraie révolte en lui et refuser de perdre. Un bon avocat est un révolté. Il faut qu’il sache également qu’il n’y a pas de petites affaires, car il n’y a pas de petites humanités. Toutes les affaires nous marquent.

Ses dates importantes
1948 : naît à Marseille le 3 février.
1957 : entre au collège des Révérends Pères maristes, à La Seyne-sur-Mer (13).
1971 : prête serment et devient avocat au barreau de Marseille.
1987 : représente les parties civiles dans le procès de Klaus Barbie.
2009 : est notamment l’avocat de la grand-mère du petit Antoine, disparu à Issoire (63) en septembre 2008.

Propos recueillis par Séverine Tavennec

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