Témoignage

Comment je suis devenue responsable commerciale dans l'édition

Déborah Vedel est devenue responsable commerciale chez Plon, à 23 ans.
Déborah Vedel est devenue responsable commerciale chez Plon, à 23 ans. © Photo fournie par le témoin
Par Nathalie Helal, publié le 15 mars 2019
7 min

À 23 ans, après une école de commerce et plusieurs stages dans l’édition, Déborah Vedel est devenue responsable commerciale chez Plon, l’une des plus prestigieuses maisons françaises du secteur.

9 h du matin, siège de la holding Editis, place d’Italie à Paris. Déborah Vedel rejoint son bureau et vérifie les stocks de livres disponibles, avant de consulter ses mails. Elle les regardera également avant de quitter son poste, vers 19 h, après avoir profité du calme de la fin de journée pour répondre aux auteurs de la maison.

Polyvalente, Déborah est chargée de veiller au bon déroulé de toute la chaîne de production d’un livre depuis l’idée, lancée par l’auteur ou l’éditeur, jusqu’à sa commercialisation et au-delà. "J’effectue toutes les remontées d’informations, je regarde les chiffres, les tendances, les tirages, je gère les stocks, les réimpressions, les signatures en librairie, et… je fais des chiffres avec des lettres !", énumère-t-elle.

Pas plus littéraire que la normale

Tout commence par une enfance bordelaise, un profil de première de la classe, réservée, un saut direct du CE1 au CM1 et quatre années dans un collège public de Blanquefort (33) sans histoires. Déborah concède juste un certain désintérêt pour la musique, les arts plastiques, et le sport.

"J’aimais beaucoup les matières scientifiques, et je n’étais pas plus littéraire que la normale. En revanche, j’ai eu un coup de cœur pour le latin, en 4e, grâce à un excellent prof, qui faisait des cours un espace libre de discussions et d’échanges", confie-t-elle. En 2009, par amour pour cette matière, elle intègre le lycée Sud-Médoc La Boétie, au Taillan-Médoc, où celle-ci est enseignée.

Outre le latin, ce sont les sciences économiques et sociales qui vont animer son année de seconde. Elle poursuit en première ES, puis en bac ES qu'elle obtient avec la mention très bien. Le sans fautes continue pour Déborah, qui s’est découvert une passion pour l’anglais en regardant les films en VO, que l’option "anglais renforcé" lui permet de mieux appréhender.

"À ce moment-là, je songeais à intégrer Sciences po. J’ai passé le concours de l’IEP [institut d'études politiques] de Bordeaux, mais n’ayant pas été admise, je me suis dirigée vers une prépa en deux ans aux écoles de commerce."

Cap sur Paris et l'édition

Au lycée Montaigne de Bordeaux, le rythme est intense. "Je dégringole en maths, mes lacunes en philo sont considérables. Alors je passe le concours Ecricome, qui regroupe plusieurs grandes écoles de commerce, comme l’ICN, Neoma et Kedge. C’est dans cette dernière que j’ai été admise", raconte Déborah.

L’école est située à Bordeaux mais est si éloignée du domicile de ses parents qu’elle partage un appartement en colocation. Elle contracte un prêt étudiant qu’elle continue de rembourser aujourd’hui. Mais le cursus n’est pas à la hauteur de ses espérances : "Tout était 'corporate' à l’extrême. Seule l’école comptait, comme s’il n’y avait pas de vie en dehors", résume Déborah.

Elle intègre alors le master "Parcours industries créatives"en deuxième année, toujours à Kedge. Musique, arts, édition et mode y sont enseignés sous l’angle du digital, du marketing et du développement créatif. De quoi satisfaire la jeune femme qui se passionne pour les classiques de la littérature.

En 2016, année de césure, l’objectif est de réaliser deux stages de six mois chacun. Elle met alors le cap sur Paris et le monde de l’édition, qui l’attirent. Sur le site asfored.org, elle déniche un stage dans une maison d’édition pratique et jeunesse, Playbac.

"Au service marketing, j’y ai découvert tout le travail de la chaîne du livre, et j’ai adoré. J’ai fait en sorte de décrocher un autre stage chez Flammarion à la fin du premier. Là, je baignais dans les classiques et l’histoire, tout ce qui me faisait rêver !", explique-t-elle.

Recrutée sur le champ

Déborah part ensuite en échange universitaire à l’université de Nottingham, en Angleterre, histoire de peaufiner son anglais. À son retour, son stage de fin d’études, toujours dans l’édition, se passe mal et lui laisse un goût amer : une ambiance délétère et une directrice commerciale peu empathique la font douter de son avenir dans ce métier.

En juin 2018, une offre de stage de chef de projet junior chez Plon lui donne pourtant envie de postuler. "J’ai envoyé mon CV sans vraiment y croire. À ma grande surprise, j’ai été recrutée sur le champ", se souvient Déborah.

Deux mois après son arrivée dans la maison, chamboulée pour cause de restructuration interne au sein du groupe Place des éditeurs, sa responsable commerciale est mutée ailleurs. Le nouveau directeur commercial et marketing de la branche, avec lequel elle collabore au quotidien, la soutient tandis que le recrutement d’une nouvelle responsable commerciale est en cours.

"Je voyais l’annonce passer sur les sites, mais dix ans d’expérience étaient demandés. J’ai tenté ma chance en postulant directement auprès des ressources humaines, tout en m’investissant à fond dans mon stage. Cela a payé : le 1er novembre 2018, on m’a donné ma chance en me proposant le poste en CDI [contrat à durée indéterminée] !" Aujourd’hui, celle qui sera officiellement diplômée de son école de commerce en juin est en immersion dans un monde aussi fascinant que riche de contenus.

Déborah Vedel en 6 dates

4 novembre 1995 : naissance en région parisienne
Juin 2012 : bac ES avec spécialité anglais renforcé
Septembre 2014 : intègre Kedge business school à Bordeaux
De juillet 2016 à décembre 2016 : stagiaire aux éditions Playbac
Juillet 2018 : arrivée chez Plon et Perrin éditeurs comme stagiaire
1er novembre 2018 : début de son CDI de responsable commerciale chez Plon
Quelles formations pour devenir responsable commerciale dans l'édition ?

Vous pouvez passer par un master métiers du livre et de l’édition (Paris-Est Marne-la-Vallée, Paris Nanterre, Rennes 2…) – il en existe 17 dans toute la France –, un master lettres (comme à Lille 3), une école de commerce ou un master en économie ou gestion.
Salaire : entre 30.000 et 35.000 € brut annuels pour un junior, plus du double pour un senior.

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