Janice, cordonnière : "c'est un métier accessible aux jeunes"
VIDÉO - SÉRIE "AVEC UN E". Selon une étude des Chambres des métiers et de l’artisanat publiée en 2024, seulement 27% des cordonniers en France sont des femmes. C’est le cas de Janice Dion, 28 ans, installée dans le quartier Saint-Hélier à Rennes. Portrait d’une cheffe d’entreprise qui souhaite transmettre une image moderne de son métier.
Un talon qui se décolle, un cuir éraflé après des mois de marche, des lacets prêts à céder : résoudre ces petits tracas du quotidien, c’est le métier de Janice, 28 ans, cordonnière installée dans le quartier Saint-Hélier à Rennes.
Ne souhaitant pas rester des heures assise à un bureau, c’est son attrait pour les chaussures qui l'a poussée dès ses 18 ans à découvrir ce savoir-faire, un peu par hasard, en parallèle d’une licence LEA .
Une expérience à l'étranger pour se perfectionner avec Erasmus+
Après un apprentissage entre le CFA de Joué-lès-Tours et une brève expérience dans une cordonnerie à Cherbourg, Janice décroche son Brevet Technique des Métiers (BTM). Ce diplôme lui ouvre les portes du programme européen Erasmus+, destiné aux apprentis en fin de parcours scolaire.
Une opportunité qu’elle saisit pour s’expatrier six mois en Irlande, à Dublin, où elle perfectionne son savoir-faire et apprend de nouvelles techniques au sein de la cordonnerie Clegg’s, dans les quartiers sud de la ville. "Voir une chaussure abîmée, puis la transformer pour qu’elle redevienne comme neuve, c’est ce que j’adore dans mon métier", explique la jeune cheffe d’entreprise.
"On m'a souvent demandé si j'étais la femme ou la fille du patron"
Quelques années plus tard, Janice reprend la cordonnerie de son ancien patron après avoir été salariée pendant plusieurs années. La voilà désormais à son propre compte dans un quartier particulièrement prisé de la capitale bretonne. "C’était une belle opportunité. Les clients de la cordonnerie me connaissaient déjà, ce qui m’a offert une certaine sécurité", confie-t-elle. Mais être une femme dans ce milieu reste un défi.
Selon une étude des Chambres des métiers et de l’artisanat publiée en 2024, seulement 27% des cordonniers en France sont des femmes. "On m’a souvent demandé si j’étais la femme ou la fille du patron, ce qui peut être frustrant quand on souhaite être reconnue comme cordonnière à part entière", raconte la jeune cordonnière.
D'autant plus que la profession est vieillissante : plus de la moitié des cordonniers ont plus de 45 ans. Aujourd’hui, Janice s’efforce de déconstruire l’image vieillotte de la cordonnerie. Avec des techniques adaptées aux nouvelles matières, comme la réparation de baskets, elle montre qu’il s’agit d’un métier moderne, durable et accessible aux jeunes générations. "C’est important, à l’heure actuelle, d’apprendre à réparer et à mieux consommer."
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