Portrait

Marion, 25 ans : "Comment je suis devenue assureur d'œuvres d'art"

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Dans la galerie Nuances et Lumières, située à Lyon, Marion, en tant qu’assureur d’œuvres d’art, doit savoir évaluer le risque d’un produit en cas de dommage. ©
Par Martin Rhodes, publié le 18 décembre 2015
1 min

Marion Gaillard, 25 ans, est souscriptrice-développeuse au sein de la compagnie d’assurance Hiscox, à Lyon. Sa mission consiste à prendre ou non le risque d’assurer des œuvres d’art.

Marion passe la moitié de son temps de travail à rencontrer des courtiers, qui recherchent pour leurs clients le meilleur contrat d'assurance. "L'intitulé exact de mon poste est souscriptrice-développeuse art et clientèle privée. Souscriptrice, parce que je choisis ou non d'assurer un produit ; développeuse, parce que je participe au développement commercial de l'entreprise", précise la jeune femme, embauchée dans le bureau lyonnais de la compagnie d'assurance anglaise, Hiscox, en septembre 2014.

Les études supérieures qui préparent aux métiers de l'assurance n'abordent pas toutes les compétences qui sont aujourd'hui demandées à Marion, telles que rencontrer les courtiers, instaurer une relation de confiance et créer des partenariats. C'est d'ailleurs la partie relationnelle et commerciale que Marion préfère désormais.

"J'ai assuré un hippopotame couvert de rubis"

En avril 2015, un courtier s'adresse à Hiscox pour un projet ambitieux. Une agence d'événementiel cherche à assurer la trentaine de sculptures, qui seront présentées l'été suivant dans le cadre de l'exposition "Stories in Stone" au Musée océanographique de Monaco, où 70.000 visiteurs sont attendus. Vols, chutes et autres incendies ne sont pas rares dans ce milieu. Il faut dire que l'artiste russe, Vasily Konovalenko, a décidé d'en mettre plein la vue : les œuvres sont intégralement ornées de pierres précieuses. "La plus remarquable d'entre elles est un hippopotame vert de 150 kilos, notamment composé de malachite et de rubis. Une merveille."

"Mes propositions engagent toute la compagnie"

Le dossier atterrit sur le bureau de Marion. La jeune femme commence par analyser le risque à partir des informations recueillies par le courtier : lieu et durée de l'exposition, type et valeur des œuvres, dispositifs de sécurité, sinistres antérieurs, etc. Le risque est bon, elle peut assurer les sculptures.

Commence alors la deuxième étape de son travail, la plus délicate : tarifer le risque à l'aide d'un logiciel informatique. "Je prends beaucoup de décisions importantes seule. Une fois que le courtier reçoit ma proposition, je ne suis plus en droit de revenir sur celle-ci. Ma signature engage la compagnie Hiscox", précise-t-elle, avant d'ajouter : "Ce métier exige de la rigueur et du sang-froid."

"Au départ, je voulais devenir commissaire de police"

Sans cette faculté à rester maître de soi, elle n'aurait jamais été embauchée dès la fin de ses études. Après avoir obtenu un bac ES, Marion s'inscrit en licence droit privé à l'université Lyon 3. Avec d'ores et déjà une petite idée professionnelle derrière la tête : "Je voulais devenir commissaire de police en intégrant l'ENSP (École nationale supérieure de la police)".

Rentrée en octobre, premiers partiels en janvier, vacances d'été en mai. Les années universitaires passent à toute vitesse et la jeune lyonnaise valide déjà son premier cycle.

Elle n'a pas à rougir de ses relevés de notes et le droit la passionne, mais elle n'est plus certaine de vouloir entrer dans la police. Un commissaire l'a notamment mise en garde contre la difficulté de l'épreuve physique au concours d'entrée de l'ENSP. Le passage de la licence au master est parfois l'occasion d'une sérieuse remise en question.

"J'ai pris l'option droit des assurances, par curiosité"

C'est une simple option, deux petites heures de cours en plus par semaine, qui vont sortir Marion de la confusion. La jeune femme entre en master 1 de droit privé, une filière qui offre de nombreux débouchés. "Par curiosité, j'ai pris l'option droit des assurances."

Le coup de cœur pour cette matière est immédiat. Alors elle se renseigne. Le secteur recrute, offre d'importantes perspectives d'évolution, une large palette de métiers et même des passerelles avec la banque. Sa décision est prise, elle pose sa candidature au master 2 de l'Institut des assurances qui dépend de son université.

À l'Institut, Marion est comme un poisson dans l'eau. Bien décidée à mettre à profit cette année d'études, elle participe à tous les événements. On peut la croiser à l'association étudiante qu'elle préside, ainsi qu'à tous les cours du master 2 et du DU (diplôme universitaire) droit des assurances. "Le master apprend la théorie et le DU, la pratique", explique Marion. "Ce dernier me permet de me confronter aux contrats et aux mises en situation avec des professionnels du secteur."

"Pour le stage, j'ai ciblé un assureur qui correspondait à mon projet"

Deux mois seulement après la rentrée, Marion commence à réfléchir à son stage de fin d'études. Consciente que cette expérience peut être déterminante, elle met en place un véritable plan d'action : écarter les compagnies généralistes qui souscrivent massivement des assurances vie, automobile et habitation, et opter pour la spécialisation afin de sortir du lot sur le marché de l'emploi.

"Je me suis renseignée sur Internet, j'ai consulté mes camarades et j'ai fini par trouver un assureur qui correspondait en tous points à mes critères : Hiscox." Le bureau parisien la reçoit au début de l'année. L'entretien se passe bien mais la réponse se fait attendre. Tant et si bien que l'étudiante change totalement de stratégie et postule à tout-va. April, Axa et Marsh lui disent oui.

"Le directeur d'Hiscox Lyon m'a reçu le jour même"

Un jour de février, pressée par les compagnies à prendre une décision, Marion se donne encore quelques heures. Elle contacte par téléphone la DRH (directrice des ressources humaines) d'Hiscox France. "À ma grande surprise, je me suis entendue répondre que le directeur du bureau lyonnais, informé de mon appel, m'attendait à 15 heures précises." L'entretien dure près de deux heures et, à la fin, Marion insiste pour avoir une réponse le jour même ! Mais à 18 heures, toujours rien.

Elle ne peut plus faire attendre April, Axa et Marsh. Elle annule ces candidatures, quitte à mettre en péril la validation de son année. Une heure plus tard, son téléphone sonne. Le directeur d'Hiscox Lyon a une proposition à lui faire : trois mois de stage suivis d'un CDI (contrat à durée indéterminée).

Comment devenir assureur
Pour être souscripteur, vous pouvez suivre, par exemple, une formation universitaire de premier cycle. Entre autres, le DUT (diplôme universitaire de technologie) carrières juridiques option banque-assurance, la filière courte de niveau bac + 2, puis les licences de droit et les licences professionnelles, spécialités assurance, gestion des sinistres et chargé de clientèle assurance.
Vous pouvez poursuivre, toujours à l’université (dans un institut des assurances par exemple), en master 2 droit des assurances et finance : ce sont les diplômes très demandés par les compagnies et les cabinets de courtage.

Plus d’infos sur le site de la Fédération française des sociétés d’assurances.

Le parcours de Marion en 4 dates
2012
Bac ES au lycée Chevreul, à Lyon.
2013
Master 1 droit privé, parcours carrières judiciaires, à l'université Lyon 3.
2014
Juin : master 2 droit des affaires et diplôme universitaire droit des assurances, à Lyon 3.
Septembre : assureur d'œuvres d'art chez Hiscox, à Lyon.
Été 2015
"Stories in Stone" (Monaco), exposition la plus importante que Marion a assurée.

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