Portrait

"Comment je suis devenu trader"

Maxime, trader // © Jean-Pierre Amet/Divergence pour l'Etudiant
Maxime s'est pris au jeu de la finance la troisième année de sa licence en sciences économiques. © Jean-Pierre Amet/Divergence pour l'Etudiant
Par Maria Poblete, publié le 22 janvier 2016
1 min

Après des études d’économie et de finance, Maxime a travaillé pour plusieurs sociétés à l’étranger avant de retourner à Nice, sa ville d’origine, où il devient trader indépendant. Et ça marche !

On ne le verra pas les manches de sa chemise retroussées et gesticulant en sueur tel un parfait golden boy new-yorkais. Il est 10 heures du matin dans la salle des marchés de Nice, et Maxime, 31 ans, sirote tranquillement son café en allumant son ordinateur. Certes, les dizaines de graphiques qui apparaissent sur les six écrans qui s'allument les uns après les autres peuvent impressionner le visiteur, mais le jeune homme se veut rassurant et surtout pédagogue.

"Je suis motivé par la réussite, pas par l'argent"

"Mon travail consiste à faire des plus-values en prenant le moins de risques possible, dit-il. Je me positionne sur un marché dont le prix évolue et dont je scrute les évolutions indiquées sur les tableaux. J'achète un produit financier (une action, une obligation, une devise) au moment opportun pour le revendre plus cher et dégager ainsi un gain." Trader indépendant depuis deux ans, Maxime n'est pas salarié d'une société. Il gère plusieurs comptes. Certains sont à son nom propre, avec ses capitaux, d'autres appartiennent à des investisseurs. Actuellement, il spécule pour un groupement d'investissement suisse.

Il tient à préciser : "Attention, je ne cherche pas à gagner le plus d'argent possible ! J'ai une éthique, je ne veux pas m'enrichir à tout prix et de façon démesurée. Je 'trade' des sommes relativement réduites (quelques dizaines de milliers d'euros) et, surtout, je ne provoque pas d'impact sur les cours. En clair, je n'amplifie pas la volatilité d'un marché. Je fais ce métier par passion. Celle-ci découle de l'excitation, de la satisfaction d'avoir gagné et de la confirmation que ma stratégie est la bonne."

Sa propre stratégie, il l'a mise sur pied avec un ami, trader comme lui et rencontré à Londres. Leur spécialité : ne pas aller trop loin dans les pertes en restant raisonnable et mesuré. Cette manière de travailler, il l'enseigne désormais. Il a créé un centre pour former des personnes au trading.

"J'ai toujours aimé l'économie, les chiffres, le calcul mental"

La révélation pour la finance, il ne l'a eue que tardivement, après une licence en sciences économiques obtenue en 2006. "J'ai toujours aimé les chiffres et je n'étais pas trop mauvais en mathématiques. En parallèle, je me passionnais pour la microéconomie et la marche du monde, la géopolitique. Mes points faibles étaient le droit et la comptabilité."

En troisième année de licence, lors d'un cours sur la finance, il se prend au jeu : voilà ce qu'il lui faut ! Il suit alors un master 1 ingénierie financière à l'université Nice-Sophia-Antipolis. "Là, je découvre les instruments concrets de la finance, un autre monde s'ouvre à moi et c'est passionnant ! Et je me dis clairement que je veux être courtier, analyste financier ou même trader... mais pour percer comme trader, il faut vraiment donner de sa personne et arriver à décrocher un très bon master 2. Je savais que c'était difficile de percer." Pas découragé pour si peu et alors que les places sont chères, Maxime ne lâche rien et entre à l'ESLSCA Paris. Il est à sa juste place.

"J'ai vécu dans trois pays en cinq ans ; il faut aimer bouger"

À 24 ans, son master 2 en poche, il postule chez Van Der Moolern, un fonds spéculatif très coté installé à Amsterdam (Pays-Bas). Il ne passe pas par la case stages, il est embauché directement en CDI (contrat à durée indéterminée), avec un bon salaire pour démarrer. La sélection est drastique, Maxime s'accroche : chaque round de sélection est une épreuve, physique et psychologique. "J'ai d'abord passé des tests en calcul mental, de suites numériques, ainsi qu'un entretien de trois heures portant sur les marchés financiers et la culture générale.

La sélection se poursuit aux Pays-Bas, entièrement en anglais, où on a testé ma motivation et ma résistance au stress. Un psychologue a également observé mes réactions lors de séances en situation de travail. C'était intense !" Le jeune homme est solide, il ne se démonte pas et tient le choc. Bingo, il est embauché. Après quelques mois d'exercice en simulation, il se lance dans la réalité du travail "avec bonheur et avec joie".

Il s'épanouit et découvre un métier "fascinant et excitant". Maxime reste cependant à l'affût d'autres aventures et opportunités. Londres l'appelle : il change d'entreprise et intègre Trading and High Rate où il développe de nouvelles stratégies. "Oui, c'est vrai, on bouge énormément dans ce secteur. On va où les occasions se présentent.

Mon objectif est de progresser, d'évoluer et de faire mieux. De plus, Amsterdam et Londres sont des villes où la qualité de vie est géniale. Il ne faut pas imaginer que les traders passent leur journée entière à travailler derrière leurs écrans. Non, nous avons aussi des loisirs et du temps libre."

"Je choisis l'indépendance, j'avais envie d'être mon propre patron"

Après ces deux expériences en tant que salarié, il est appelé à collaborer comme trader discrétionnaire pour un groupement familial. On lui demande de s'installer en Suisse, près de Genève. "Disons que l'ambiance était plus calme qu'en Angleterre, mais le job était passionnant !" Il reste encore quelques mois pour, enfin, obtenir ce qui lui tient à cœur : "trader" depuis Nice de manière indépendante pour des comptes étrangers et avec ses capitaux propres. "Une opportunité s'est présentée avec d'anciens collègues de travail. Nous avons ouvert une salle de marchés, nous 'tradons' et nous formons des particuliers à nos stratégies. Je n'ai plus envie qu'on m'en impose une."

Aujourd'hui, Maxime est heureux. Il travaille à son rythme et termine ses journées à 17 heures. Il n'estime pas qu'elles sont si stressantes. Certes, il manipule des sommes importantes. Et alors ? Confiant, il dispose de pas mal de temps libre pour pratiquer ses sports préférés, snow-board en hiver et parachutisme toute l'année. "C'est un peu un cliché, mais j'adore le saut en parachute ! Vous allez croire que j'ai le goût du risque, pas du tout !" Ce sont, dit-il des risques mesurés. Un peu comme le trading...

Comment devenir trader

Les profils scientifiques sont convoités. Sortir d’une grande école de commerce (EDHEC, HEC, INSEEC…) ou d’une école d’ingénieurs (Polytechnique, Centrale…) est un atout.

Il est vivement recommandé de terminer par une spécialisation en marchés financiers. Le master Financial Markets de l’université Paris-Dauphine est particulièrement coté. Certains étudiants peaufinent leur cursus avec un master mathématiques et statistiques, par exemple. Il va sans dire que la maîtrise de l’anglais est indispensable.

Le parcours de Maxime en 5 dates

2003
Bac ES, à Nice
2006
Licence d’économie à Nice-Sophia-Antipolis
2008
MSc Trading, finance et négoce international, à Paris ESLSCA BS
2010-2012
Trader à Londres et à Genève
2013
Trader indépendant, créateur d’un centre de formation, à Nice

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