WorldSkills : quatre étudiants racontent leur préparation à la compétition mondiale des métiers
Du 10 au 15 septembre, l’Eurexpo de Lyon accueillait la finale mondiale de la compétition WorldSkills. Plus de 1.400 compétiteurs et compétitrices se sont affrontés, représentant des métiers extrêmement variés, du bâtiment à la restauration, en passant par des métiers industriels ou créatifs. Tess, Romain, Thomas et Basile se sont préparés pendant plus d’un an à cet événement.
Dans l’immense salle de l’Eurexpo, à Lyon (69), un décompte retentit, qui marque le début de la compétition WordlSkills pour Tess. La jeune Grenobloise, étudiante en 3e année de DNMADE au lycée de la Tourrache à Toulon, concoure pour le métier de "visual merchandising". Elle a quatre jours pour concevoir et installer une vitrine, comme si elle le faisait pour un vrai magasin. À côté d’elle, un espace vitré attend ainsi d’être aménagé.
Autre stand, autre ambiance : Romain a deux écrans devant lui. Pendant quatre jours, lui va devoir prouver ses compétences en cybersécurité. Basile, lui, est plongé dans sa première épreuve de conception assistée par ordinateur. Un peu plus loin encore, Thomas est déjà en train de manipuler les pièces d’un robot…
Comme eux, 63 Français représentaient leur métier à la finale de la compétition mondiale WorldSkills, après avoir été sélectionnés lors de la finale nationale en septembre 2023. Toute l’année, ils se sont donc préparés à cette ultime étape.
Une préparation digne de sportifs de haut niveau
"C’était intense, il a fallu concilier l’école, l’entreprise, et les entraînements", décrit Basile, élève-ingénieur en alternance à l’ENSMM de Besançon. De mars à septembre, il a consacré deux matinées par semaine à s’entraîner. Thomas, également en alternance à Polytech Dijon, en intégration robotique, s’exerçait "les soirs après le boulot", sur un petit robot installé chez ses parents.
En plus de ces séances quasi-quotidiennes, tous ont dédié au moins cinq semaines entières avec un "expert international" de leur métier, dans un "centre d’excellence". Tess s’est ainsi rendue plusieurs fois à Angers. "Fin juillet, nous avons participé à une compétition à Taïwan", rapporte Thomas, quand Basile a, lui, passé une semaine à s’entraîner en Corée du Sud.
Les participants ont également bénéficié d’une préparation physique et mentale. "Durant la compétition, il faut être à 100% pendant trois jours, malgré la fatigue, explique Romain, alors alternant à l’ESIEE IT et chez Airbus, et il faut aussi apprendre à gérer nos changements d’états émotionnels, ne pas se laisser envahir par le stress."
Un peu comme les athlètes des Jeux olympiques : "Ce ne sont pas les mêmes disciplines, mais c’est le même acharnement, et le même esprit de compétition", confirme Basile.
Un rythme intense
Ces semaines ont aussi été l’occasion pour ces jeunes venus de tout le pays de rencontrer les autres membres de l’équipe de France : "On vit tous la même chose, donc on est vite devenus très proches", raconte Tess. Durant l’été, les vacances ont été courtes. "J’ai pris six jours de congés, mais j’avais mon ordinateur avec moi", confie Romain.
La dernière semaine avant le jour J, leurs coachs leur avaient recommandé de se reposer : "Il n’y a rien de plus horrible que de ne pas réussir un sujet trois jours avant la compétition", souligne Basile.
Stress, excitation et hâte dominaient à la veille du coup de sifflet. "Je me sens prêt !", affirmait l’étudiant à l’ENSMM.
Durant les WorldSkills, la pression de la compétition
À travers les stands des 69 métiers représentés au sein de l’Eurexpo, on passe d’un univers à un autre : un mur de peinture, une charpente, un salon de coiffure, un garage automobile… Mais aussi d’un pays à un autre, grâce aux petits drapeaux dressés à côté des candidats.
Malgré le brouhaha qui domine – 200.000 visiteurs ont défilé sur les quatre jours – Tess, Romain, Thomas et Basile devaient rester concentrés sur leurs épreuves. "Pendant la compétition, tout est absent autour de nous, résume Thomas, on a des casques anti-bruit, on est dans notre bulle."
Ils doivent aussi faire face à des imprévus : un ordinateur qui plante pour Tess, des sujets beaucoup plus difficiles que prévus pour Basile. "C’était plus mental que physique", analyse celui-ci une fois les épreuves terminées. "On a accumulé pas mal de fatigue au fil des jours", raconte de son côté Thomas.
Quand, enfin, la dernière minute de la dernière épreuve retentit, c’est un premier soulagement. "J’étais contente, car tous mes proches étaient là", témoigne Tess.
L'attente du podium
C’est alors un autre stress qui monte : celui de l’attente des résultats, annoncés le lendemain… Il n’y aura pas de podium pour nos quatre champions, mais une 4e place pour Thomas, une 6e place pour Basile, tous les deux hissés au rang de la première nation européenne, et gratifiés d’une médaille d’excellence en raison de leurs très bons scores.
Tess décroche elle aussi cette médaille, alors que Romain se retrouve un peu plus bas dans le classement… Joie ou déception, l’aventure reste "un truc de ouf", comme l’affirme Tess. Cette compétition les aura fait progresser dans leurs compétences, et ouvert au monde.