Le jour où mes parents ont voulu me parler de sexe

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Publié le 29/06/2017 par TRD_import_SaraSaidi ,
L’adolescence, le sexe… et le moment fatidique de la discussion avec les parents. Tout le monde a connu cette situation embarrassante. Et force est de constater que les plus gênés sont souvent... les parents eux-mêmes ! Si, si.

« À l’âge de 13 ans, nous étions plusieurs dans la classe à avoir reçu ‘Le guide du zizi sexuel’ de Titeuf pour notre anniversaire, je pense que nos parents avaient décidé d’un commun accord de déléguer ça à une BD pour éviter la discussion gênante !  » se rappelle Adrien, 22 ans, étudiant en master d’histoire à Strasbourg.

Selon lui, sa génération n’a pas vraiment eu besoin des parents pour comprendre : « J’ai tout appris dans les livres ! affirme-t-il. Ajoutez à cela les campagnes de sensibilisation aux MST… ».

« Après les interventions à l’école, si j’avais encore des questions, j’allais chercher sur Internet » , se rappelle Romain, 19 ans, étudiant en économie-gestion. Pas le meilleur moyen pour échanger avec les parents ! Heureusement, les sites sur le sujet ont bien progressé ces dernières années.

Pour Adrien, il y a bien eu une conversation, mais plutôt d’ordre sentimental : « Mes parents m’ont trouvé affecté après des difficultés avec ma copine, ils ont voulu en parler et j’ai pensé que c’était une bonne chose , je ne suis pas resté dans ma bulle ».

Appoline, 21 ans, étudiante en troisième année de psychologie, avait 14 ans quand ses parents lui ont fait le discours :  » C’était très gênant, parce que je ne pensais pas que mes parents avaient cette vision de moi , je m’imaginais encore comme une petite fille ». L’étudiante avoue qu’à ce moment-là, elle ne se sentait pas prête du tout pour une relation : « À l’époque, j’avais de l’acné donc mon rapport aux garçons était compliqué ». Pourtant, des années plus tard, elle leur en est reconnaissante : « c’est comme s’ils m’avaient donné le feu vert, je devenais une femme et ils m’ont permis de m’en rendre compte », explique-t-elle.

Le monde à l’envers

On est loin des scènes hilarantes de la saga « American Pie », lorsque le père de Jim tente (très) maladroitement de donner des conseils à son fils. Pour Pierre, 23 ans, étudiant en communication à Paris, la conversation a eu lieu très tard. Ses parents, démunis face à la sexualisation de la société, ne s’étaient jamais emparé du sujet. « J’ai eu la discussion avec eux… l’an dernier, quand j’ai fait mon coming-out« , confie-t-il.

Un moment d’autant plus délicat que ses parents étaient contre le mariage pour tous : « Je n’ai jamais mal vécu leur engagement, parce qu’ils étaient ignorants sur la question. » Pierre a donc fait les choses à l’envers : « C’est moi qui leur ai donné des informations, je leur ai dit que ça dépassait les clichés qu’on pouvait avoir. Ils ont été honnêtes, m’ont dit qu’ils avaient besoin de temps pour digérer ça. Ils ont voulu savoir si j’avais été malheureux, et comment j’avais vécu mon passage de l’adolescence à l’âge adulte sans en parler », se souvient-il.

Quand la discussion gênante vient d’ailleurs

Pour Gwendydd, 23 ans, étudiante au CELSA, à Paris, les échanges embarrassants ont surtout eu lieu avec les parents de ses copains. L’étudiante en communication se rappelle d’un matin au petit-déjeuner, quand la mère de son copain de l’époque lui a lancé : « j’espère que tu prends une contraception« . « J’avais 17 ans, je ne savais pas trop comment réagir. J’ai dit oui pour qu’elle ne me jette pas dehors ! Mon copain était là aussi, et il n’avait pas l’habitude de ce genre de phrase au petit-déjeuner… ». *

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Les discussions gênantes arrivent souvent quand les adultes projettent leur propre peur sur les enfants. Caroline*, 21 ans, en a fait l’expérience avec sa grand-mère : « Ma mamie était une fille-mère, elle ne voulait donc pas que je tombe enceinte, elle s’est mise à me parler de ses expériences personnelles », se rappelle-t-elle.

À l’inverse, sa mère a préféré prendre les devants : « Elle avait mis à disposition un tiroir rempli de préservatifs. Elle faisait attention qu’il soit toujours plein. Ça m’a aidé, et du coup je ne suis pas gênée de poser des questions à ma mère « , témoigne-t-elle.

Avis à celles et ceux qui redoutent l’inévitable instant, ne vous inquiétez pas trop, ça va bien se passer.

*Le prénom a été modifié