Nous nous sommes rencontrés jeunes, et alors ?

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Publié le 07/01/2016 par TRD_import_CarolineMichel ,
Vous vous connaissez depuis quelques annees, depuis votre enfance parfois, et vivez une belle histoire d'amour. Mais votre entourage ne cesse de faire des remarques du genre : "Tu n'as connu que lui ?", "Tu n'as jamais appris a etre seul(e)", etc. À tort ou a raison ? Trendy a rencontre Martine Teillac, psychanalyste, qui demonte les idees reçues.

Idée n°1 : « Vous ne pourrez jamais être avec quelqu’un d’autre »

Rémi connaît Marie depuis qu’ils ont trois ans. Ils ont grandi côte à côte, dans des maisons voisines. Et ils ont tout fait ensemble : les premiers bains, les sauts dans la piscine, leurs anniversaires. Ils ont même été « mariés » à l’école suite à une animation de la maîtresse et « un tirage au sort qui a vu juste », s’amusent-ils à dire. Leur histoire existe depuis toujours même si elle a réellement démarré l’année de leurs 16 ans. On dit souvent à Rémi qu’il ne pourra jamais être avec quelqu’un d’autre que Marie. Ça ne l’inquiète pas, mais il est las d’entendre cela. Martine Teillac, psychanalyste, relève en effet que se rencontrer jeunes, c’est très bien se connaître, être comme des jumeaux et aussi ne pas avoir toutes les clés pour s’adapter à une autre personne. Mais ce n’est pas insurmontable. Rassurez-vous : « Face à une rupture et une nécessité d’avancer, personne ne se condamne à n’avoir qu’un seul amour dans sa vie. Il est plus difficile de s’adapter mais c’est possible » explique notre experte.

Idée n°2 : « Vous n’avez pas assez profité et vous finirez par aller voir ailleurs »

Angèle, 34 ans, a rencontré son petit ami à 17 ans. Ils sont toujours ensemble. Elle a très souvent entendu qu’elle courait à la catastrophe parce qu’elle n’avait connu que lui. Alors, est-ce vraiment dangereux de rester toute sa vie avec la même personne ? Finit-on par aller danser dans d’autres lits ? Martine Teillac nous rassure d’emblée :  » Le nombre d’expériences ne compte pas, c’est la qualité de nos expériences qui compte. On peut rencontrer très tôt le partenaire qui nous convient et faire sa vie avec lui. La multiplicité des rencontres peut, elle, finir par nous désespérer, justement ».

Idée n°3 : « Vous allez souffrir énormément si vous vous séparez »

Anne a 50 ans, elle a une fille de 20 ans, Sybille, qui a rencontré son copain à 16 ans. Anne craint de ramasser sa fille à la petite cuillère si l’histoire se termine. Or, comme le précise notre psychanalyste, le premier chagrin d’amour peut marquer mais ne fait pas nécessairement souffrir. Un chagrin reste un chagrin, tous les chagrins sont potentiellement douloureux. Après, tout dépend de l’âge auquel on se sépare. « Se quitter jeune, c’est aussi apprendre à se reconstruire. On sait qu’on a la vie devant soi et rapidement, on va mieux. Cependant, se quitter plus tardivement alors qu’on s’est rencontré à l’adolescence peut être un peu plus difficile, disons qu’un pan de notre vie s’écroule et qu’on voit notre jeunesse partir avec cette relation. On a moins de repères, on n’a pas l’habitude de la souffrance et des malentendus, on ne sait pas qu’on peut s’en remettre. Mais ce que la vie a de merveilleux, c’est qu’elle finit toujours par nous remettre d’aplomb ».

Idée n°4 : « Vous n’apprenez pas à être seul(e) »

Se rencontrer au collège et poursuivre ensemble, c’est en effet passer à côté de la solitude et cela peut fragiliser. « Nous n’apprenons pas à aborder les peurs qui nous habitent, commente Martine Teillac. Selon moi, l’unique danger de ces rencontres précoces est de ne pas avoir de période d’initiation au fait d’être seul(e) et d’apprendre à gérer sa vie de façon indépendante. Quand la solitude débarque, ça peut être difficile ». Mais, la psychanalyste note très justement que la société actuelle nous permet très facilement de ne jamais être isolé(e). Aujourd’hui, la rencontre et la drague sont accessibles, notamment via les sites de rencontre. « On peut cumuler les partenaires. Ainsi quand la solitude nous semble insurmontable, on a toujours cette solution pour éviter le problème ».

Idée n°5 : « Vous n’avez plus rien à découvrir »

À cette remarque, Rémi et Marie répondent que si, ils ont toute une vie à découvrir ensemble. « Certes, le couple existe de façon précoce mais le mouvement de la vie va les modeler, certaines difficultés vont les mettre à l’épreuve et ils se découvriront sous d’autres angles. Ils évoluent comme les autres couples, à la seule différence que c’est une bénédiction que de s’être trouvés tôt ! » s’exclame la psychanalyste. Nathalie, elle, a rencontré son homme très tôt, ils sont restés ensemble quatorze ans. « Nous avons évolué différemment, la séparation s’imposait. Mais c’était un risque à prendre, je n’allais pas me priver de cette histoire sous prétexte qu’on n’allait peut-être pas grandir de la même façon et rester sur la même longueur d’ondes ! ».

En conclusion : vivez !

« On condamne les jeunes amoureux en leur faisant de telles remarques ! Or, est-il nécessaire d’aller chercher loin si la première rencontre rend heureux ? Tant mieux si le hasard fait bien les choses, les autres sont peut-être jaloux ! » nous rassure la psychanalyste. Bien sûr, il ne faut pas ignorer la réalité, il est possible qu’une rupture survienne. Mais ça peut arriver à tous les couples, personne n’est épargné. « Vous aurez toujours eu le bénéfice de vivre une époque bénie, même anticonformiste par rapport au contexte dans lequel les jeunes évoluent » insiste Martine Teillac. Il faut y croire, continuer de penser que ça peut durer toute une vie, parce que ça arrive. « Et ce genre d’histoires qui démarrent tôt peut permettre de se construire narcissiquement, expose la psychanalyste. Être aimé à un âge difficile, c’est nécessairement un pilier et d’ailleurs, certains décident de s’en passer le jour où ils n’en ont plus besoin ». L’essentiel, vous l’avez compris, c’est de vivre le moment présent, votre moment présent. Enjoy !