Ma jalousie me rend malade

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Publié le 20/04/2018 par TRD_import_MariaPoblete , Mis à jour le 28/09/2023 par TRD_import_MariaPoblete
Vous épiez votre petit(e) ami(e), vous angoissez à l’idée qu’il(elle) fasse un pas sans vous, vous le(la) bombardez de SMS si vous n’obtenez pas de réponse dans la minute, cela vous rend dingue ! Et si vous décidiez de changer…

« Quand j’étais plus jeune, je suis sortie avec un garçon pendant plusieurs années. J’étais folle amoureuse de lui et très jalouse. Dès qu’il regardait une fille, je vrillais. Je me rappelle d’un lendemain de fête où je lui ai fait une crise : la veille, j’étais fatiguée et j’étais allée me coucher tôt, tandis que lui était resté avec sa famille et ses amis. Je lui en voulais d’avoir profité de la soirée sans moi, et, surtout, j’étais énervée qu’il puisse s’amuser avec d’autres personnes. De fait, il m’arrivait souvent de lui faire la gueule, même parfois d’être méchante. J’ai fini par rompre avec lui parce que je n’arrivais pas à gérer mes émotions… »

Lou, 22 ans, ne s’est jamais résolue à dénouer son problème, qui remonte à l’adolescence. « Je garde tout pour moi. Je ne veux pas passer pour la folle de service, alors je n’en parle pas. Cette jalousie est propre à mon histoire, à ma personnalité. J’ai toujours besoin de plus d’affection, et quand j’ai l’impression que je n’en ai pas assez, je suis blessée. »

Des signes qui ne trompent pas

Le manque de confiance dans l’autre et en soi, l’insécurité affective… peuvent en effet expliquer la jalousie excessive, qui envahit tout, rend malheureux et provoque de réelles souffrances. Ce sentiment de jalousie sont-elles justifiées par des comportements ambigus de votre partenaire, voire des infidélités réelles ?

Dans ce cas, vous devrez crever l’abcès. Rompre ou déterminer s’il s’agit d’un égarement et pardonner : à vous deux de décider de la suite. « Mon copain m’a trompée avec une fille du lycée. Je m’en doutais, je l’épiais, et quand j’ai eu confirmation, je l’ai quitté. De toute façon, il embrassait d’autres filles dans les fêtes ! » se souvient Marie, 17 ans.

Le sentiment d’être trahi(e)

Pour Léo, 19 ans, il n’existe réellement aucune justification possible à sa jalousie. « Vers 15-16 ans, je me servais de la complicité de mes amis pour vérifier la fidélité de la personne dont j’étais amoureux. Je voulais garder cette fille rien que pour moi et être constamment avec elle. Pour moi, c’était normal d’agir ainsi. Mon meilleur ami était très exclusif vis-à-vis de moi. En arrivant à la fac, j’ai commencé à évoluer, et j’ai changé de copains car les crises de jalousie devenaient intenables ! »

Confirmation auprès de Bernard Geberowicz, psychiatre et thérapeute familial :  » La jalousie excessive est un poison pour celui qui en souffre mais également pour la relation , souligne-t-il. Quand la surveillance est étroite, qu’elle s’accompagne de la dévalorisation de la personne et qu’elle aboutit à une exigence, une restriction de la liberté, nous pouvons considérer que la ligne jaune est dépassée. »

Ne tombez pas dans l’excès

Pour Lise, 22 ans, l' »enfer » qu’elle imposait à son copain mettait en évidence l’échec futur de son couple. « Nous sommes restés ensemble pendant deux ans. Les six derniers mois, il était parti en séjour Erasmus en Allemagne. Je le surveillais à distance, via les réseaux. Un soir, il me souhaite bonne nuit mais au lieu d’aller se coucher, j’apprends qu’il a fait la fête, et là, j’explose ! Il a été obligé de prendre un avion en urgence. Je suis devenue violente, j’étais hors de moi ! C’était totalement démesuré. Quelques jours après, je le quittais. J’ai alors consulté une psychologue pour essayer de comprendre mon attitude.  »

Soyez moins possessif

Pour éviter d’en arriver à ces extrêmes, Mariana, 16 ans, a fait un gros travail sur elle-même. « J’ai une petite tendance à la paranoïa, admet-elle. En grandissant, j’apprends à me raisonner et je réalise que ce n’est pas parce que mes amis ou mon amoureux passent du temps avec d’autres personnes que je vais les perdre. Ce n’est pas facile au quotidien, car j’ai tout le temps besoin d’être rassurée, mais j’essaie de gérer et de contrôler mon énervement », avoue-t-elle.

 » Ces émotions peuvent faire écho à des relations difficiles avec ses frères et ses sœurs. Quand on a eu l’occasion de ressentir la perte ou l’abandon, il est possible que ces sentiments ressurgissent au moment de se lier à d’autres, amis ou amours », rappelle le psychiatre.

Une explication totalement plausible pour Elisa, 21 ans : « Au collège, j’étais jalouse quand ma meilleure amie devenait pote avec d’autres filles. J’avais l’impression de ne pas être assez bien pour elle et je me sentais obligée de faire des blagues pour me mettre plus en valeur. J’ai fini par me livrer à ma famille et cela m’a permis de réaliser que cela ne servait à rien d’essayer de ressembler aux autres. Au final, quand vous êtes jaloux, c’est que vous ne vous acceptez pas tel que vous êtes. Une fois que vous en avez conscience, vous pouvez avancer. »

Apprenez à faire confiance

Être sûr de sa valeur, s’imaginer aimable et respectable aident à faire confiance aussi aux autres. Et, comme tout, c’est un apprentissage. « Si je sais qu’on m’aime vraiment, sincèrement, je ne suis pas jalouse, poursuit Élisa. Mais à l’inverse, si je suis en couple avec quelqu’un en qui je n’ai pas confiance, cela peut me rendre folle de jalousie. »

Mathieu, 19 ans, a, quant à lui, une méthode infaillible : « Je suis en couple depuis deux ans et je sais que ma copine ne me trompe pas. Nous en avons parlé et nous avons décidé de bâtir une relation saine, sincère, sans prises de tête. Nous avons gardé chacun notre espace de liberté, nos potes respectifs et partons même en vacances séparément. J’ai parfois un peu peur qu’elle rencontre quelqu’un, mais je chasse tout de suite ces idées noires : * j’ai confiance en elle. »*

Sans espace, sans liberté et dans le contrôle, les histoires d’amour s’avèrent compliquées. « Il paraît évident que lorsque vous vous liez à quelqu’un, vous vous exposez aussitôt à la peur de la perte de ce lien, poursuit Bernard Geberowicz. Quand on est amoureux, on prend un risque !  »

Attendre et souffler…

Le jaloux ne diffère pas ses réactions, il explose ! Alors avant de piquer une colère, essayez de respirer. À l’inspiration, gonflez profondément votre ventre puis serrez-le en expirant. Attendez avant d’envoyer un message, généralement empreint de rage et de colère. D’abord écrivez-le sur un papier. Ou envoyez-le vous ! Lisez-le. Alors, vous en pensez quoi ? Est-il raisonnable, approprié, juste ? Ne serait-il pas trop agressif et violent ? L’étape manuscrite et celle de la relecture permettent de respirer, de dire différemment. Échapper à l’impulsion permet de laisser place à la discussion.