Mon frère/ma sœur débarque dans mon lycée : comment survivre ?

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Publié le 21/08/2014 par TRD_import_VirginiePlaut ,
Jusqu'a present, le lycee, c'etait votre territoire, hermetiquement separe de la maison. Et puis voila qu'a la rentree, votre frere ou votre soeur va y pointer le bout de son nez. Adieu votre liberte et votre vie privee… sauf si vous vous arrangez pour que chacun trouve ses marques. Mode d'emploi pour preserver votre complicite.

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© iStock._

« J’adore Leslie ma sœur cadette, sincèrement, se défend Ève, 18 ans, en terminale L. Mais franchement, quand elle a débarqué au lycée l’an dernier, c’est devenu un cauchemar pour moi. » Le problème, c’est que Leslie, qui ne connaissait personne dans cet établissement, s’est accrochée à sa sœur comme à une bouée de sauvetage. « Ma sœur est très timide. Et ses deux copines ont été affectées dans un lycée différent. Donc elle se retrouvait toute seule aux récréations. Alors, elle les passait plantée à côté de moi, à me coller pendant que j’étais avec mes copains. »

« Je ne la supportais plus, je me sentais envahie »

Ève étouffe. Et finit par devenir très dure avec Leslie.  » Moi qui avais été très protectrice avec elle, là je ne la supportais plus, je me sentais envahie. Du coup, je l’envoyais balader méchamment… Ça devenait très difficile à la maison. Nos parents étaient désespérés. » Jusqu’au jour où une de ses amies l’a prise à part : « Elle m’a dit qu’elle était choquée de mon attitude, qu’elle était déçue de voir que je préférais laisser ma sœur toute seule et qu’au contraire, je devrais plutôt l’aider à vaincre sa timidité. Ça m’a fait un déclic. J’ai parlé honnêtement avec Leslie, pour lui expliquer ce que je ressentais, pour m’excuser aussi de mon attitude. Avec mes copines, nous l’avons aidée à s’ouvrir un peu, et quelques semaines plus tard, elle était intégrée dans un petit groupe de sa classe. Elle a eu beaucoup moins besoin de moi… sauf pour l’aider sur ses devoirs maison, bien sûr ! »

Comme pour Ève, l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur dans « son » univers scolaire peut être très mal vue par l’aîné déjà dans la place. « Souvent, les parents ne sont pas conscients des conséquences qu’une telle situation peut avoir, assure Marie-Noël, conseillère principale d’éducation en région parisienne. Ils s’imaginent que, parce que tout se passe bien à la maison, tout va forcément rouler dans le milieu scolaire. Mais c’est loin d’être toujours le cas. L’aîné s’est construit une vie, un équilibre, sans son cadet. Et tout à coup, cela est remis en cause. Surtout si son frère ou sa sœur se fait trop présent. »

« Pendant des semaines, il faisait à ma mère le compte rendu de ma vie privée »

Esther, 19 ans, en première année de licence d’anglais, avait construit une vraie frontière entre sa vie au lycée avec ses amis et sa vie à la maison. Au point que personne chez elle n’était au courant de l’existence de Noam, son petit ami depuis près de deux ans. Et son petit frère n’a pas été très délicat… « Le soir même de sa première rentrée, il avait tout raconté à notre mère. Et pendant des semaines, il lui faisait le compte rendu de ma vie privée : que j’embrassais mon copain dans la cour, que je me maquillais en arrivant au lycée… Le jour où il lui a rapporté qu’il m’avait surprise en train de fumer à la sortie des cours, c’est devenu la guerre ouverte. Ma mère ne savait plus quoi faire… Finalement, mon frère s’est un peu calmé, mais ça a cassé quelque chose entre nous. Aujourd’hui, je suis partie de la maison pour faire mes études, donc ça va mieux. Mais quand on se voit, c’est froid. Peut-être que dans quelques années, on en discutera et on crèvera l’abcès. Mais pour l’instant, je suis déçue et je n’ai plus confiance. »

« Les profs ont commencé à nous comparer… »

Pour Ingrid aussi, l’arrivée d’Erika, sa jeune sœur, dans son lycée, a signé la fin de leur complicité. « Et le pire, c’est qu’Erika n’y est pour rien ou presque, reconnaît Ingrid, 20 ans, en terminale ES. Mais je n’arrive pas à dépasser ça. » La jeune femme a toujours été une élève laborieuse : « J’ai beau réviser, m’exercer… ce n’est jamais évident. Et malgré mes efforts, je peine à être au dessus de la moyenne. » À l’inverse, sa jeune sœur a toujours été particulièrement brillante.  » Moi, j’avais déjà redoublé deux fois et je galérais. Et elle, elle arrive et cartonne dans toutes les matières, avec les mêmes profs que moi. Ça a été un peu dur à digérer. Mais en plus, les profs ont commencé à nous comparer, à me dire devant toute ma classe qu’ils ne comprenaient pas comment je pouvais être aussi moyenne alors que ma sœur comprenait tout du premier coup. Ça a été le coup de grâce. J’ai commencé à avoir des angoisses, mal au ventre, mal à la tête, à ne plus vouloir aller en cours… Après plusieurs semaines, un médecin a finalement compris l’origine de mes maux. Mes parents sont allés voir la CPE et le prof principal pour leur expliquer la situation. Mais rien n’a vraiment changé, et je me sentais toujours aussi mal. À la fin de l’année scolaire, on a décidé qu’il valait mieux que je change d’établissement. Aujourd’hui, loin de ma sœur, je vais beaucoup mieux. Mais entre nous, il y a un vrai malaise. »

Mais parfois aussi l’occasion de se rapprocher…

Heureusement, il y a aussi des histoires qui finissent bien. Comme Thibaut et Louis, deux ans d’écart, et pas vraiment proches jusqu’à l’arrivée du plus jeune, Louis, en seconde. Il s’est inscrit, comme Thibaut, au hand à l’UNSS. Les deux frères se sont rendu compte qu’ils avaient la même passion pour ce sport… ils ont décidé de tenter leur chance en club, ensemble. Résultat, deux ans plus tard, ils s’apprêtent à partir en vacances ensemble. Et envisagent de devenir colocataires quand Louis aura lui aussi passé son bac.

Les 5 bons réflexes qui sauveront votre complicité

#1. Souvenez-vous que vous êtes passé par là.

Pour vous, le lycée, maintenant, c’est votre quotidien. Mais souvenez-vous de vos débuts… Vous aussi vous étiez un peu perdus et vous auriez bien aimé avoir un visage connu dans l’établissement pour vous guider. Ayez ça en tête quand votre cadet ou votre cadette vous sollicitera un peu trop à votre goût.

#2. Mettez-y du vôtre.

C’est vrai, vous étiez bien plus tranquille tout seul au lycée. Mais ça a changé. Alors plutôt que vous braquer et voir vos relations se dégrader, faites quelques efforts… Conseillez-le/la dans ses rapports avec les profs. Proposez-lui votre aide pour les révisions dans les matières qui lui posent problème. Aidez-le/la à se repérer dans le lycée.

#3. Restez discret.

Vous voulez garder votre jardin secret ? Alors ne l’affichez pas dans la cour du lycée. Par exemple, si vous n’avez pas envie que votre famille connaisse l’existence de votre petit(e) ami(e), ne l’embrassez pas à pleine bouche devant tout le monde.

#4. Mettez les choses au point calmement.

Vous trouvez que votre cadet(tte) dépasse les bornes ? Dites-le lui calmement avant que cela ne vous soit insupportable. Vous trouvez qu’il/elle vous colle trop ? Demandez-lui de vous laisser un peu seul avec vos amis de temps en temps. Vous voulez qu’il reste discret sur votre vie privée vis-à-vis de vos parents ? Dites-le-lui tout simplement.

#5. Sachez donner l’alerte en cas de besoin.

Si vraiment la situation vous est insupportable et que vous en souffrez, confiez-vous. A vos parents, au CPE, à un surveillant, à l’infirmière scolaire… Plutôt que laisser la situation dégénérer.