Alcool : comment éviter de gâcher la soirée

No thumbnail
Publié le 25/05/2017 par TRD_import_NatachaLefauconnier , Mis à jour le 28/09/2023 par TRD_import_NatachaLefauconnier
Rares sont les fêtes étudiantes sans alcool. S'il peut "désinhiber" certains, il est aussi un facteur de risques important. À partir de combien de verres faut-il s’inquiéter ? Quels réflexes avoir quand un pote a trop bu ?

Les jeunes boivent-ils plus d’alcool qu’avant ? Selon le docteur Olivier Phan, la réponse est non. « La consommation chronique a baissé. En revanche, les alcoolisations ponctuelles, appelées ‘binge drinking’, ont augmenté, notamment chez les étudiants », précise ce psychiatre, responsable de la consultation jeunes consommateurs du centre Pierre-Nicole de la Croix-Rouge française. Et les garçons ne sont plus les principaux concernés : parmi les consommateurs, on trouve autant de filles que de garçons.

Tout commence généralement au lycée, lorsque vous pouvez (enfin) aller seuls à des soirées, et cela continue à la fac ou en écoles de commerce. « Le stress des études, la difficulté de la rencontre avec l’autre et la fragilité due à l’éloignement du domicile familial sont des facteurs qui incitent à consommer de l’alcool », explique Olivier Phan.

Régularité, intensité : attention danger

Les signes qui doivent vous alerter ? Une consommation régulière… et/ou intense. « Tout le monde fait la fête, rassure le médecin. Mais là où ça devient dommageable, c’est quand la consommation d’alcool est excessive et qu’on ne ne souvient plus de rien le lendemain. » Un « black out » qui signifie que votre cerveau en a pris un coup… littéralement. « Le ‘binge drinking’ entraîne de fortes concentrations cérébrales d’alcool : c’est comme un coup de poing au cerveau », confirme le docteur Phan, qui précise qu’il y a alors des “altérations des connections neuronales ».

Bien manger et s’hydrater

Si vous consommez de l’alcool, privilégiez les petites quantités de temps à autre, plutôt qu’une consommation intense un soir par semaine. Trois autres conseils sont également à suivre. Tout d’abord, laissez tomber le défi « manger c’est tricher » et avalez un bon repas avant d’aller en soirée. « Une grosse portion de frites permet de ralentir l’absorption de l’alcool”, recommande le psychiatre. Ensuite, évitez le black out, c’est-à-dire le coma éthylique dû à une consommation trop rapide ou trop importante d’alcool. Enfin, pensez à bien vous hydrater… en buvant de l’eau !

Vous n’avez pas envie de boire mais vous craignez de vous faire rejeter par le groupe ? « Laissez les autres vous servir un verre lorsque vous arrivez et gardez-le plein, à la main, pendant la soirée », propose le médecin. Vous aurez l’air aussi cool que les autres et personne ne vous forcera à le boire. Autre solution radicale : recracher discrètement le shot qu’on vous a fait boire dans une plante verte !

Comment réagir quand un pote a trop bu ?

Mais si l’un de vos amis a la ferme intention d’abuser, la prévention n’aura que peu d’effet. Ce sera alors à vous d’agir en cas de problème. S’il y a un moment où l’agressivité prend le dessus, prenez votre pote à part et tâchez de le calmer du mieux que vous pouvez. « Il ne faut jamais hésiter à intervenir », recommande le psychiatre.

C’est ce qu’a fait Juliette, 16 ans, en seconde dans un lycée parisien. « Un garçon est arrivé en cours de soirée à l’appartement où on s’était retrouvés avec une quinzaine de copains du lycée. Il était un peu pâle, visiblement pas sobre. » Pourtant, ce dernier se sert des verres d’alcool. « Son meilleur ami lui a dit d’arrêter, mais le gars s’est énervé. Ce qui n’a pas empêché l’ami de rester à ses côtés », poursuit Juliette.

Sauf qu’à un moment donné, il s’est assis au milieu de la pièce et s’est mis à fixer le sol, sans bouger. « Je ne savais pas quoi faire : le faire dormir sur place ? Le raccompagner chez lui ? Appeler les secours ? Alors j’ai téléphoné à ma mère pour avoir son avis. Elle m’a conseillé d’appeler les parents du garçon ou les secours. »

Finalement, Juliette et le meilleur ami de la personne éméchée l’ont raccompagné jusqu’au domicile parental. « On devait le soutenir pour qu’il ne tombe pas ! ». Une mauvaise expérience qui a calmé le jeu… pendant un temps seulement. « Depuis, il a recommencé plusieurs fois et pense qu’il n’y a pas de souci », regrette Juliette.

Que faire en cas de coma éthylique ?

Pourtant, le principal danger lié à la prise excessive d’alcool est bien le coma éthylique. Mais comment savoir s’il s’agit d’un coma ? « Si la personne ne répond pas aux stimulations simples et aux ordres simples », détaille le docteur Phan. Par exemple si vous lui secouez un bras et elle ne répond plus.

Dans ce cas, “il y a un risque de suffocation par ingestion de son propre vomi, prévient le médecin. Il est donc impératif de mettre la personne enposition latérale de sécurité , et surtout pas sur le dos ou sur le ventre. » Très important : ne laissez jamais seule une personne dans cet état, restez à côté d’elle. En cas de pause respiratoire, appelez les secours.

Gare à la prise de risques

Autre danger : les troubles du comportement. Autrement dit, la prise de risques multipliés, car l’alcool lève l’inhibition et vous fait prendre des risques que vous n’auriez pas pris à jeûn. Mais il entraîne aussi une altération de votre conscience et de vos réflexes. Résultat de l’équation : des accidents, parfois mortels. « L’accident est toujours une conjonction d’événements, un alignement de points », explique le psychiatre.

C’est ce qui est arrivé au cours d’une Techno parade, à Paris. Un jeune homme saoûl a escaladé la statue de la place de la Nation. Seulement il n’avait pas prévu que les spectateurs l’encourageraient dans sa prise de risques, que la statue serait glissante, qu’il glisserait du mauvais côté de la statue, avec un effet toboggan, qu’il n’aurait pas le réflexe de se rattraper…

« En état d’ébriété, lorsqu’on fait un vol plané, on n’a pas la coordination nécessaire pour essayer de se mettre sur les pieds, et on tombe généralement sur la tête », décrypte le médecin de la Croix-Rouge, en précisant que le garçon est décédé.

La e-réputation vite entachée

Moins dramatique, mais pouvant également causer d’importants dégâts psychologiques : les conséquences d’une soirée trop arrosée sur votre e-réputation. « Il y a désormais des mouchards dans les soirées, c’est-à-dire des gens qui filment ou qui prennent des photos compromettantes et les mettent en ligne. » Une fois la photo sur le Net, le mal est fait. Et cela peut aller très vite.

« Je me souviens du cas de cette étudiante dans une grande université parisienne qui, bourrée, a fait une fellation qui a été filmée et diffusée sans qu’elle le sache, relate Olivier Phan. Elle a mis des années à s’en remettre. » Une atteinte morale qui peut nuire à vos relations amicales, mais aussi professionnelles : les recruteurs n’hésitent plus à aller vérifier vos profils sur les réseaux sociaux pour s’assurer qu’il n’y a rien qui puisse nuire à l’image de leur entreprise.

Les troubles de la mémoire et de la concentration

Sur le plan physique, enfin, outre les risques pour votre santé sur le long terme (risque accru de cancer, de cirrhose du foie…), une consommation régulière ou importante d’alcool peut provoquer à court terme des troubles cognitifs : problème de mémorisation, de concentration… Pas terrible pour les études ou les examens !

« Sans oublier les risques d’isolement et de dépression lorsque l’alcoolisation est répétitive », ajoute le docteur Phan. « C’est ce qui est arrivé à un étudiant en école d’ingénieurs. Dans son école, qui dispose d’un bar, il allait aux « grosses fêtes » du mardi et du jeudi, mais aussi aux « petites fêtes » du lundi et du mercredi… Résultat : il a fallu le mettre sous anti-dépresseurs. Plus l’état d’euphorie est intense, plus grave est l’état dépressif qui s’ensuit« , conclut le psychiatre.

Vous l’avez compris, il n’est pas question de ne plus faire la fête ! Continuez à passer de bons moments avec vos amis, mais conservez ces mises en garde en tête lorsque vous consommez des boissons alcoolisées. Vous sauverez votre réputation… et peut-être même des vies.

Un manga sur la consommation d’alcool

Le Dr Olivier Phan est le co-auteur, avec Ekundayo Zinsou, du manga Doka-V (éditions K’noë), qui met en scène un jeune samouraï qui tente d’apaiser ses angoisses face à l’avenir en faisant la fête avec ses amis. Mais l’ivresse ne dure qu’un temps et le réveil peut s’avérer douloureux…

Et toi, quel est ton rapport avec l’alcool ? Réponds à notre sondage ci-dessous !