Stressé(e) par la fac, le travail, le lycée : nos remèdes contre l’anxiété

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Publié le 17/10/2014 par TRD_import_MariaPoblete , Mis à jour le 02/10/2023 par TRD_import_MariaPoblete
Estomac noue, ongles ronges, insomnies… Quelle que soit la raison - un expose a presenter, un controle programme, l'impression d'etre depasse -, l'anxiete vous gagne rapidement et vous met dans de droles d'etats. Pas de panique ! Il existe des moyens relativement simples a mettre en place pour ne plus vous mettre sous pression.

Non, tout le monde n’est pas égal face au stress et à l’anxiété : si certains vivent très bien avec, d’autres ont plus de mal à les gérer. // © PlainPicture.

Se mettre la rate au court-bouillon : cette expression vous sied comme un gant. Vous ne pouvez plus rien avaler, votre ventre se noue, vous avez la nausée, mal à la tête, vos mains tremblent, et ce court exposé – pourtant conforme à votre niveau – se transforme en « grand oral ». Vous pensez ne jamais y arriver, vous envisagez le pire et vous vous rongez les sangs. Margot, 19 ans, en deuxième année de bilicence anglais-espagnol à l’Institut catholique de Paris, connaît bien tous ces symptômes :  » Tout a commencé au lycée, en première, j’avais peur de rater mon bac, alors que je suis objectivement une bonne élève ; une fois le bac obtenu – avec mention –, j’ai passé la première année de licence sur les nerfs, mon corps a même commencé à produire des manifestations bizarres, je tombais malade, infections urinaires à répétition, migraines, l’horreur ! »

 » Nous ne sommes pas égaux face à la pression de la société, des parents et des enseignants, ou face à celle que nous nous mettons nous-mêmes, explique Dominique Servant, psychiatre spécialiste du stress au CHU (centre hospitalier universitaire) de Lille (59). Certains jeunes la dépassent ou vivent avec, d’autres y voient des obstacles infranchissables. L’anxiété est une question personnelle, qu’il faut gérer avec méthode et patience. »

Remède #1 : s’organiser et anticiper

L’année de son bac, Vanessa, aujourd’hui 23 ans et étudiante en licence professionnelle management des organisations à l’université Paris 13, était si stressée qu’elle a pris 10 kilos en quelques mois et perdu le sommeil ! « J’étouffais sous des tonnes de choses à apprendre, j’étais une boule de nerfs, déclare-t-elle. Alors, au début de mes études en BTS [brevet de technicien supérieur, NDLR], j’ai décidé de consulter une nutritionniste, de faire du sport et de m’organiser, c’était un tout. J’ai commencé à travailler régulièrement, en rédigeant mes fiches au fur et à mesure, les apprenant à chaque fin de mois sans attendre les partiels. Cette méthode m’a permis de ne plus être débordée ; j’ai compris que la panique me rendait anxieuse, même hors période d’examens. »

Remède #2 : s’initier au shiatsu…

Vanessa a aussi participé à des séances de massage shiatsu offertes par la SMEREP, une mutuelle étudiante. « Ces séances ont été un remède efficace contre l’anxiété », poursuit Vanessa, qui, maintenant, n’oublie jamais de respirer « en conscience ». Explication de Michelle Benoit-Dur, enseignante de shiatsu de Vanessa : « Confortablement allongé ou assis dans une pièce calme, on doit d’abord poser ses mains sur le ventre et sentir qu’en inspirant le ventre se gonfle, qu’en expirant il se rentre. Après avoir respiré librement pendant quelques secondes, vous pouvez commencer à compter jusqu’à trois en inspirant, bloquer sur trois temps, expirer sur trois temps, rebloquer jusqu’à trois, etc. Puis aller jusqu’à cinq, six…  » Cet exercice peut se faire à tout moment, pendant cinq à dix minutes. Vous pouvez alors calmer votre anxiété en ouvrant cette « boîte à outils » !

Remède #2 bis : … au qi gong ou au yoga

Persévérance et patience sont indispensables. C’est la leçon que retient Amélie, 19 ans, en L2 de droit à l’université Paris 1. Elle vient de traverser « les deux années les plus stressantes de [s]a vie », en terminale et en L1. Aujourd’hui, elle « souffle » grâce au yoga.

Amélie le reconnaît, sans ce cours hebdomadaire de méditation, elle aurait craqué. « J’avais les nerfs à vif, la moindre dissertation me rendait malade, je passais mes week-ends à la bibliothèque pour assurer et tout savoir par cœur. Même si j’étudie autant aujourd’hui, mon regard a changé. Ma séance de yoga me détend en profondeur, me permet de faire baisser la pression face aux exigences de la fac : nous sommes très nombreux et les professeurs nous répètent qu’un étudiant sur deux ne résistera pas, c’est horrible ! Quand je sors du yoga, j’ai fait le vide, je me sens légère, je flotte, je relativise. Et si, dans la semaine, l’anxiété menace, je m’allonge, je prends conscience des manifestations de mon corps – le cœur qui bat vite, les mains moites, les mauvaises idées qui défilent –, je respire calmement et je me recentre. »

Marie Andrée Baillon, responsable du diplôme universitaire de yoga de Lille 2, le confirme : « La pratique du yoga permet un retour sur la personne, de prendre conscience de son mode de fonctionnement, et donc de le modifier. L’essentiel est d’accepter que nous ne pouvons pas être au maximum de nos possibilités en permanence, que nous avons le droit d’hésiter ou d’aller doucement.  »

Nathalie, 15 ans, en seconde au lycée agricole Édouard-Herriot à Misérieux (01), était si inquiète qu’elle perdait connaissance. Ses crises de panique se sont espacées grâce au qi gong, un art martial, avec une professeure de sa classe de troisième. « Je suis une vraie éponge, témoigne la jeune fille, dès qu’une amie a un problème ou qu’une difficulté se présente, je me sens nulle et j’angoisse ! Le qi gong m’a calmée.  »

Remède #3 : s’amuser, sortir… bref, se faire plaisir !

Mais, surtout, Nathalie, férue d’équitation, s’est recentrée sur sa passion. « Je conseille aux ados comme moi de se concentrer sur ce qu’on aime, en se donnant à fond. Grâce au cheval, j’ai réussi à moins paniquer. Il faut aussi se répéter que rien ne vaut de se mettre dans des états pareils : plus on pense qu’on va être anxieuse, plus on l’est ! »

C’est ce qui est arrivé à Louis, 17 ans, aujourd’hui élève en première S au lycée Jean-Perrin à Lyon (69). « J’avais peur de m’angoisser et, pire, que mes copains s’en rendent compte. » En seconde, Louis était si mal qu’il s’est « déclenché » un énorme psoriasis sur les bras. « Je me tartinais de crèmes, ça n’y changeait rien. J’ai vu un psy, qui m’a aidé à y voir plus clair. J’avais juste besoin de temps pour moi, de me faire plaisir, de m’amuser un peu, comme tout le monde ! »

Lucie, 21 ans, en L3 de biologie à Paris 7, est arrivée à la même conclusion : « Quand je suis en période de révisions, je ne reste pas enfermée. Avant, je stressais trop ; ça ne sert à rien, j’ai changé de méthode. Lors des derniers partiels, je suis partie à Bruxelles, en Belgique, je me faisais plaisir avec des moments de détente, en gardant du temps pour réviser, et ça marche ! »

Remède #4 : faire un sport d’endurance pour doper ses endorphines

Lucie a aussi une astuce contre l’anxiété : bien dormir, bien manger et bouger. L’anxiété se manifeste via le corps. Il faut savoir l’apprivoiser, bien le traiter. Comme les disciplines douces, les sports d’endurance sont parfaits.  » La marche tonique, le vélo ou la natation sont tout indiqués, confie Jean-Loup Dervaux, psychiatre et auteur de ‘Libérez-vous du stress’ (éditions Dangles). L’effort prolongé, entre quarante-cinq minutes et une heure, même une fois par semaine, met la totalité du corps en mouvement, il s’emplit d’hormones euphorisantes. »

Oscar, 18 ans, en terminale S au lycée Colbert à Paris, conseille de noter le rendez-vous natation dans son agenda.  » Depuis que je nage 1 kilomètre par semaine, je n’envisage plus mon emploi du temps de la même façon alors que rien n’a changé ! J’ai la même surcharge de travail, la même angoisse de ne pas savoir dans quelle prépa je serai accepté, mais je n’ai plus de crises de panique. »

Remède #5 : parler pour ne pas se sentir seul(e)

Connaître ou contrôler les manifestations de l’anxiété n’est pas toujours suffisant. Lucie, 21 ans, étudiante en biologie, ne se contente pas de réfléchir sur ses peurs : elle les partage ! Elle se rend au BAPU (bureau d’aide psychologique universitaire) de Paris. Elle suit, chaque semaine, une thérapie de groupe et une séance de thérapie individuelle.  » Lors de la séance de groupe, on livre nos angoisses et on voit qu’on n’est pas seul dans cette situation ; on vit la même chose ! C’est un soutien extérieur et stable, en lien avec l’université, qui paraît instable et stressante. » Le Dr Servant estime qu’il est « important de se faire aider. Les parents sont parfois loin et le fait de parler et de se sentir soutenu peut suffire ».

Kit de survie : 3 conseils de psy

Dominique Servant, psychiatre, responsable de la consultation gestion du stress au CHU de Lille (1), livre trois moyens de vaincre l’anxiété.

Contrôlez les signes de votre corps. “L’anxiété est accompagnée de symptômes physiques : accélération du rythme cardiaque, transpiration excessive, entre autres. Apprenez à les contrôler par des techniques simples comme s’exercer à une respiration profonde, lente et régulière. Entraînez-vous au calme.”

Réalisez un « arrêt sur images ». “Quand un problème prend une ampleur démesurée tout au long de la journée, essayez de recouvrer votre lucidité et votre sang-froid en remontant à la source de la frustration. Cela vous aidera à relativiser les événements qui vous angoissent et à cesser de ruminer vos mauvaises pensées.”

Détendez-vous pour bien dormir. “Quand vient le moment de se coucher, les anxieux continuent à s’agiter… mentalement ! Adoptez quelques exercices de relaxation musculaire : levez les sourcils et baissez-les, contractez les muscles du visage et détendez-les. Évitez de penser au planning du lendemain.”

Pour plus d’infos : www.soigner-le-stress.fr.