L’interview indiscrète : les premières fois d’Agnès Maupré, auteure de BD

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Publié le 14/01/2017 par bettybetzy ,
Cette dessinatrice marseillaise de 33 ans, passée par une école d’architecture "pour faire plaisir à [sa] maman" avant d’intégrer les Beaux-Arts de Paris, a adapté en bande dessinée "Le Journal d’Aurore", série de romans de Marie Desplechin. Elle a confié ses "premières fois" à Trendy.

La première fois que… j’ai stressé pour un examen

C’était en solfège. À l’école, j’avais plutôt des facilités, donc je ne stressais pas. Et les matières dans lesquelles j’étais nulle, je le savais… alors je m’en foutais ! En physique-chimie, par exemple, je n’ai jamais rien pigé : j’ai cartonné à 6 pendant toute ma scolarité. J’étais quand même en terminale S !

La première fois que… j’ai eu une tôle à l’école

En 6e, en français, en rédac, je crois que j’ai eu un 7, alors que l’écriture, c’était plutôt mon truc. C’était un peu vexant. C’est à ce moment que je me suis aperçue qu’on ne pouvait pas faire les mêmes blagues pourries qu’en primaire.

La première fois que… je me suis acheté une belle fringue

C’était un manteau style 1900 qui m’avait fait fantasmer pendant des mois dans une friperie. Il était vraiment très cher pour mes moyens, mais la fripière m’avait mis dans la main une valise et un grand chapeau à plumes : je ressemblais à Adèle Blanc-Sec… J’aime bien les costumes et vêtements anciens !

La première fois que… j’ai pensé devenir dessinatrice

Au lycée, vers 16 ans. Je m’enquiquinais alors que tous mes copains allaientpartir en prépa – moi je ne savais ni à quoi ça servait ni ce qu’on faisait après. Et comme on m’avait mis quelques bonnes BD dans les mains (« Ghost World » de Daniel Clowes, « Le petit monde du Golem » de Joann Sfar, « Mort Cinder » d’Alberto Breccia), j’ai pensé que c’était quelque chose de beaucoup plus concret et envisageable. J’avais contacté Joann Sfar qui m’a très gentiment donné son avis et conseillée, ça m’a vachement boostée.

La première fois que… j’ai pris un appart seule

C’était pour mes études d’architecture, à côté du port à Marseille, j’avais 17 ans… C’était un appart *cool. Bon, il y avait des cafards, et ça c’était horrible.*

La première fois que… je suis tombée amoureuse

En primaire, je tombais tout le temps amoureuse des bad boys. Qui, a posteriori, étaient de gros débiles, du genre à manger des pelures de gomme. Je crois que j’avais un peu le fantasme du mauvais garçon.

La première fois que… j’ai touché mon premier salaire

C’était pour mes premiers dessins publiés, dans le magazine « DLire », une histoire de princesse assez chouette… J’avais démarché Bayard alors que j’étais aux Beaux-Arts de Paris, et ça avait fini par aboutir. J’ai été payée 3.000 €, ce qui était une somme faramineuse pour moi. Elle a dû partir en pâtes et en fromage râpé !

La première fois que… j’ai eu un entretien avec un éditeur

Un de mes premiers entretiens a eu lieu avec mon éditrice actuelle chez Rue de Sèvres… sauf qu’à l’époque, elle était chez Bayard. Elle ne m’avait pas embauchée, j’avais 19 ans et n’étais pas mûre pour ça… Ça m’a fait rire qu’elle me donne du boulot dix ans plus tard !

La première fois que… j’ai eu une galère professionnelle

C’est quand j’ai voulu faire éditer « Milady de Winter » et que personne n’en voulait, alors que c’était la première fois que je me mouillais pour écrire quelque chose. Mon contrat pour l’adaptation du « Chat du Rabbin » s’arrêtait et je me suis retrouvée le bec dans l’eau. C’est un peu dur de garder confiance après ça. Mais finalement un copain m’a parlé des éditions Ankama qui venaient de se lancer et mon projet a pu se faire. Comme quoi, pour initier un projet, il faut être capable de garder son énergie.

Making of de l’adaptation en BD du « Journal d’Aurore » en BD, par Agnès Maupré

« Au départ, ça me stressait de travailler avec Marie Desplechin, une auteure vivante ! Je pensais qu’elle allait tout superviser, jusqu’au dress code des personnages… Et puis quand j’ai lu les romans de la série « Le Journal d’Aurore », j’ai rigolé tout du long.

J’ai toujours eu envie de travailler sur l’adolescence. Ce moment où on n’aime rien, où on n’a foi en rien, et petit à petit, on rencontre des gens qui font qu’on accepte de s’ouvrir et de se livrer. Je trouve qu’avec Aurore, Marie Depleschin a bien rendu ce moment charnière un peu magique où l’on passe du tout négatif à ‘peut-être qu’il y a des choses qui valent le coup’. »

« Le Journal d’Aurore », Marie Desplechin (scénario) et Agnès Maupré (dessin), éditions Rue de Sèvres, juin 2016, 128 pages, 15 €.

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