L’interview indiscrète : les premières fois de Franck Ferrand

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Publié le 29/04/2015 par TRD_import_SophiedeTarlé ,
Animateur d'"Au coeur de l'histoire" tous les jours de la semaine sur Europe 1, Franck Ferrand presente egalement sur France 3 l'emission "L'ombre d'un doute" et est l'auteur d'une vingtaine de livres historiques. Retour sur toutes les premieres fois de celui qui, a 17 ans, quitte le lycee Victor-Hugo de Poitiers (86) et la boucherie familiale, direction Paris et Sciences po !

CÔTÉ ÉTUDES

La première fois que… j’ai stressé pour un examen

« C’était en CM2, pour un test de prévention routière ! C’était horrible, j’ai eu mal au ventre. Cela n’avait aucune incidence, mais j’ai pris ça très au sérieux, car c’était la première fois que je passais un examen. Finalement, ça s’est plutôt bien terminé : devenu champion départemental, j’ai même été reçu par le député-maire ! Un comble quand on pense que, maintenant, j’ai perdu tous les points de mon permis ! À la radio, je n’ai jamais le trac, et rarement à la télévision. Si c’était le cas, je changerais de métier, car je ne suis pas maso. »

La première fois que… j’ai eu une « taule » à un examen

« En 4e, j’ai perdu pied à un contrôle de maths. J’ai eu une crise d’angoisse vertigineuse, avec des palpitations, des cauchemars, j’ai dû aller à l’infirmerie. Finalement, j’ai écopé d’un E. C’est curieux car jusqu’alors, j’avais toujours été un excellent élève. J’ignore ce qu’il s’est passé ce jour-là… Par la suite, quand j’ai passé mon bac C (S aujourd’hui), j’ai eu des notes épouvantables en sciences : 2/20 en maths et 4 en physique ! Heureusement, j’avais obtenu un doublé en français, 19/20 à l’oral, 19 à l’écrit. En philo, j’ai eu aussi une bonne note, 16/20, et 17 en histoire-géo.

Il est clair que je n’étais pas dans la bonne filière ! Mais j’avais choisi le bac C pour être dans une classe de bons élèves. J’ai fait du grec et de l’allemand exactement pour la même raison. Et après mon bac, je me suis dirigé vers Sciences po alors que je détestais le droit public ! »

CÔTÉ LOOK

La première fois que… j’ai cassé ma tirelire pour des fringues

« À 18 ans, j’ai été invité au Prix de Diane [élégante course hippique où tous les spectateurs portent des chapeaux extravagants, NDLR] grâce au père d’un copain qui réalisait des reportages pour le tiercé. J’ai dépensé l’intégralité de mon budget mensuel dans un chapeau de paille Hermès. Nous avons pique-niqué à Chantilly, avec Jean-Claude Brialy [célèbre comédien de la Nouvelle Vague NDLR], un grand moment ! »

La première fois que… je me suis senti bien sapé

« À 10-11 ans, pour le mariage d’un cousin, j’avais mis un costume, un petit gilet, une cravate. Mais en y repensant, je ne devais pas être si terrible que ça. J’avais une chemise marron et une cravate beige. On était dans les années 1970, mais tout de même ! »

La première fois que… je me suis trouvé ridicule dans mes vêtements

« Je devais avoir 5 ans et ma mère m’habillait avec des culottes courtes. Je me souviens avoir beaucoup pleuré sur le chemin de l’école, je hurlais en tirant ma mère par le bras : ‘Je veux une culotte longue !’ Enfant, je pleurnichais beaucoup. Ma famille me ressort souvent cette anecdote ! »

_Franck Ferrand alors élève à Sciences-po Paris pose devant le château de Vaux-le-Vicomte

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© Photo fournie par Franck Ferrand.

CÔTÉ SORTIES/LOISIRS

La première fois que… j’ai été à un concert

« C’était à 14 ans, pour un concert de musique classique, les Rencontres musicales de Poitiers, avec un copain. Plus tard, j’ai cassé ma tirelire pour un concert de Karajan [célèbre chef d’orchestre autrichien, NDLR] à la salle Pleyel, je me souviens, cela m’avait coûté 500 francs de l’époque (l’équivalent de 150 ou 200 € aujourd’hui), c’était énorme pour moi. Je ne suis allé à un concert rock qu’à 25 ans : c’était pour Dire Straits à Bercy… »

La première fois que… j’ai acheté un disque

« Je devais avoir 9 ans, et ce n’était pas un CD mais un 33 tours, « l’Adagio » d’Albinoni. Nous étions fans de musique classique. À l’adolescence, avec des copains, nous collectionnions les vinyles de Karajan, entre autres. C’est sûr, je n’étais pas du tout AC/DC ! Mais à l’époque, je n’étais pas le seul jeune à m’intéresser à la musique classique, cela n’avait rien d’anormal. Même si on nous étions un peu à part au lycée, les intellos, il n’y avait rien de choquant, c’était moins étrange qu’aujourd’hui. À l’époque, la musique classique occupait la moitié des bacs de la Fnac. C’est mon institutrice qui m’en avait donné le goût, car mes parents préféraient écouter de la variété… sur Europe 1 ! Je crois bien que je n’ai jamais réussi à les emmener à un concert, sauf peut-être ma mère, une fois, à un concert d’orgues. »

La première fois… qu’un livre a changé ma vision de la vie

« À 7 ans, ma mère m’a offert un livre sur Versailles, d’Adhémar de Montgon. Elle l’avait reçu en prix d’excellence à l’école. Je l’ai tellement lu que je le connaissais par cœur. Je l’ai toujours, mais il a perdu cette forte odeur d’encre que j’aimais tant. Quand, à 11 ans, j’ai visité le château de Versailles, j’ai été très déçu de voir vides ses grandes salles. »

CÔTÉ INDÉPENDANCE

La première voiture que… je me suis payée

« Assez tard, je devais avoir 30 ans. C’était une BMW Série 3 achetée à mon frère, qui, à l’époque, vendait des voitures d’occasion. Mais elle ne tenait pas la route et j’ai dû la revendre assez rapidement. »

La première fois que… j’ai quitté le nid familial

« À 17 ans, quand j’ai réussi le concours de Sciences po Paris. J’ai dû quitter Poitiers, mes parents (qui tenaient une boucherie), mon frère… J’ai perdu tous mes repères d’un coup. Les choses ont changé mais à l’époque, Sciences po accueillait essentiellement les enfants de la bonne société parisienne. Je me suis retrouvé avec des fils d’ambassadeurs et de conseillers d’État. Mais j’ai été très bien accueilli. Le week-end, j’étais invité dans de belles demeures. Il n’y a que les rallyes où je n’étais pas convié : je n’étais pas un assez bon parti ! »

CÔTÉ PREMIER JOB/CARRIÈRE

La première fois que… j’ai passé un entretien d’embauche

« Cela va vous paraître curieux, mais cela ne m’est jamais arrivé ! Étudiant, j’ai travaillé trois ans de suite au Crédit agricole, mais j’y étais entré grâce à des clients de mes parents. Au service militaire, on m’a demandé de remplacer mon chef au service historique de l’armée de l’air. Et là non plus je n’ai pas passé d’entretien.

Comme j’étais un peu désœuvré, j’ai créé ma société, Cassiopée, devenue ensuite le Mémogramme : j’écrivais des livres de mémoires pour des particuliers. Mais nous avions du mal à nous faire payer. À cette époque, Pierre Bellemare nous a repérés, mon associé et moi, lors d’un concours de jeunes entrepreneurs, et nous a engagés. Nous écrivions les histoires qu’il racontait à l’antenne pour Radio Nostalgie. J’écrivais avec sa voix dans la tête, ce que font aujourd’hui mes équipes…

Bien plus tard, pour la sortie d’un de mes livres, j’ai été reçu par Jacques Pradel sur Europe 1. Et Vanessa Zha, qui travaille toujours à la radio, m’a repéré et m’a mis sur la liste des ‘bons clients’. C’est ce qui a grandement facilité mon recrutement, quelques semaines plus tard. Ça s’est passé comme dans un film ! »

La première fois que… j’ai eu le déclic pour ma carrière

« J’avais écrit ce livre, ‘Ils ont sauvé Versailles’. Comme j’avais le même éditeur qu’Alain Decaux, je faisais une signature lors d’un salon à ses côtés. Il présentait un livre sur saint Paul, ‘l’Avorton de Dieu’. Sauf qu’il en a vendu 200.000 exemplaires, et moi seulement 2.000. Il m’a expliqué que si je voulais vendre davantage, il fallait que je sois connu, car le public n’achète pas un sujet mais un auteur. Et il m’a conseillé de faire de la télévision. La télévision me semblait un peu mystérieuse et j’ai préféré me tourner vers la radio. J’ai postulé à Europe 1, car c’était la station que mes parents écoutaient – même si, personnellement, j’écoutais plutôt France Culture. »

La première fois que… j’ai eu une grosse galère dans ma carrière

« J’en ai eu beaucoup. La plus terrible et qui est restée dans les annales d’Europe 1, c’est un direct calamiteux aux Gobelins, dans le XIIIe arrondissement de Paris. En 2007.Le temps s’est dégradé d’un seul coup, une tornade a surgi, avec des trombes de pluie. On nous a mis une bâche. Et la transmission s’est interrompue onze minutes. Un record ! On peut d’ailleurs le voir sur Internet, car pour couronner le tout, ce jour-là une équipe du service audio était venue nous filmer ! »

La première fois que… j’ai été fier d’une réussite pro

« Quand j’ai reçu le prix de la Fondation Jacques-Douce, en 1994, pour la société Cassiopée (ce prix récompensait de jeunes créateurs d’entreprise dans le secteur de la communication). »

CÔTÉ LOVE

La première fois que… je suis tombé amoureux

« À 9 ans, je me suis pris de passion pour jeune fille bien plus âgée – elle devait avoir 16 ou 17 ans – un grand échalas, elle n’était même pas jolie. J’étais très épris, très amoureux, rien que d’y penser… Il a fallu que j’attende d’avoir 20 ans pour que cela me reprenne, mais avec des raisons plus objectives. »

CÔTÉ #JEDOISBIENLAVOUER…

La première fois que… j’ai fait un gros mensonge à mes parents

 » J’ai attendu d’avoir 29 ans pour annoncer à mes parents que je préférais les garçons. Je leur ai caché cela pendant quinze longues années de ma vie. Ils ont été les derniers à le savoir je pense. Ils ne s’en doutaient pas et, pour ma mère en particulier, ça n’a pas été très facile, mais elle a accepté. Mon père, quant à lui, n’a fait aucune difficulté. J’imagine – je veux croire – que c’est plus facile à dire de nos jours. »

La première fois que… j’ai pris une grosse cuite

« J’ai souvent été bien éméché, mais je ne prends pas de cuite. Sauf une fois, en Angleterre, mais c’est parce que les Britanniques peuvent boire des heures sans manger une cacahuète ! Je crois que cette nuit-là, je suis sorti du taxi à quatre pattes ! »