Arrêter de s’épiler, la tendance qui pousse

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Publié le 04/10/2017 par TRD_import_ÉléonoredeVaumas ,
Si dans certains pays, comme l’Allemagne, afficher sa pilosité est courant chez les femmes, en France, la guerre contre le poil ne connaît pas de répit. Pourtant, depuis quelque temps on voit apparaître sur les réseaux sociaux une nouvelle tendance. Témoignages de celles qui ont lâché le rasoir.

 » J’ai commencé par laisser mes jambes en jachère, puis j’ai fait la même chose pour le maillot. Ça va faire un an et, à part les aisselles que je rase occasionnellement, j’ai retrouvé tous les poils de mon corps et je me sens bien ». Considérant l’épilation comme trop récurrente, trop chère et trop douloureuse, Louna, 17 ans, a dit stop au diktat de la beauté uniforme où le poil est l’ennemi n°1. « Ça m’arrive de croiser des regards de dégoût, mais ça ne me fait ni chaud, ni froid », déclare-t-elle.

Entre l’usage de la cire, qui est un peu douloureux, et le rasage, qui peut provoquer des coupures, avoir une peau de bébé n’est pas toujours aisé ! Et tout ça pour quoi ? « Plus les cultures ont cherché à distinguer l’homme de l’animal, plus il fallait ôter les poils. Pour les femmes, c’est encore pire. Rien ne doit dépasser ! », analyse Elisabeth Azoulay, anthropologue.

Halte à la pilophobie

Pourquoi tant de haine envers le poil ?  » On a toujours eu un jugement sur ce que devait être ou ne pas être un poil, mais il a d’abord une raison d’être physiologique : il a un rôle protecteur face à la chaleur, au froid et aux ultraviolets », rappelle l’anthropologue. Sans compter qu’à force de s’épiler, des problèmes de peau peuvent survenir : poils incarnés, mini-coupures, boutons !  » Ma peau lisse, j’en profitais deux ou trois jours. Ensuite, j’étais trop complexée en attendant la repousse. Il y a 8 ans, j’ai arrêté de céder à la pression de l’épilation », se souvient Marie*, 25 ans. Depuis quelques années, cette anti-tendance gagne, en effet, du terrain. À l’instar de stars comme Madonna, Miley Cyrus, la blogueuse fitness Morgan Mikenas oul’actrice Lola Kirke qui affichent sans complexe des touffes bien garnies, un nombre croissant de femmes ont rangé leur rasoir au placard.

Le poil bien parti pour pousser ?

Coup de bluff ou vraie tendance ? « Nos critères esthétiques se rapprochent d’un corps moins travaillé, plus naturel, mais on est encore loin du phénomène de société », constate l’anthropologue. Si côté visage, les sourcils épais sont redevenus à la mode ; pour le corps, c’est une toute autre histoire ! « C’est tout de même injuste que les femmes soient obligées de s’épiler pour mettre un short, alors que les hommes sont libres vis-à-vis de leur pilosité « , s’insurge Marie. La transition vers le total look peut tout de même être pénible : « Ma mère avait honte de moi. Elle me culpabilisait en disant que je n’arriverais jamais à trouver un petit ami. C’est finalement tout le contraire qui s’est produit : m’accepter telle que je suis, avec ma pilosité, m’a permis d’avoir confiance en moi pour entamer des relations amoureuses » , s’amuse la jeune femme. Alors, vous aussi, vous allez jeter vos rasoirs ?

*Le prénom a été changé.