J’ai l’impression que mon prof me note mal : que faire ?

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Publié le 19/11/2012 par TRD_import_VirginiePlaut ,
Les relations profs-élèves, ça ne peut pas être le grand amour à chaque fois. Le problème, c’est quand ça dégénère : notes anormalement basses, appréciations médiocres… Comment réagir sans envenimer la situation ? Auprès de qui trouver de l’aide ? Nos conseils pour ne pas (trop) pâtir de la situation.

Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un mauvais souvenir pour Louise, étudiante en L3 (licence 3) d’histoire à l’université de Dijon (21). Mais pendant son année de 1re, aller en cours d’histoire a été un calvaire. « Je ne dormais plus, se souvient-elle. Ça me paraissait insurmontable. » Elle ne sait toujours pas comment la situation s’est dégradée : « Je ne me souviens d’aucun élément déclencheur. C’était une enseignante qui avait la réputation d’être très sévère. De mon côté, j’aimais beaucoup l’histoire, j’ai toujours été bonne élève. Il est vrai que je suis un peu extravertie mais jamais impertinente ! »

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« Quel que soit le travail que rendais, j’avais 3 ou 4/20 »

C’est finalement lorsqu’elle a reçu sa première note que la jeune fille s’est rendu compte du problème : « 5/20 ! Ca ne m’était jamais arrivé. Peut-être que j’avais un peu raté ma dissert… mais quand même ! » Et les choses ont empiré : notes encore plus basses, conflit ouvert en classe. « Quel que soit le travail que je rendais, j’avais 3 ou 4. Je suis certaine qu’elle ne lisait même pas mes copies. D’ailleurs, j’ai fait un test : j’ai fait faire l’une de mes dissertations par ma grande sœur qui était en prépa littéraire… elle a obtenu 3. » Sur son bulletin, le problème s’est vite fait sentir.

« Je ne voulais pas que ça me porte préjudice, alors je me suis confiée à mon professeur principal. Il a tenté de lui parler, mais elle n’a rien voulu entendre. Avec mon prof principal, on a établi une ‘tactique’. Lui s’est occupé d’expliquer la situation à ses autres collègues pour ne pas ternir ma réputation de bonne élève. Et moi, j’ai dû prendre mon mal en patience et ne plus répondre aux provocations en classe. Dans le même temps, un autre professeur d’histoire-géo faisait une seconde correction de mes copies… Je n’ai jamais eu moins de 10 avec lui ! » Bon an, mal an, Louise a terminé cette année difficile et, l’année suivante, a obtenu un joli 15 au bac.

Si dans le cas de la jeune fille, les soupçons étaient visiblement fondés, attention à ne pas voir des signes d’injustice partout. « Un jour, le CPE est venu me voir en m’expliquant qu’un de mes élèves avait l’impression que je l’avais pris en grippe », raconte Christiane, enseignante dans un lycée lyonnais. « Il avançait comme preuve les heures de colle que je lui donnais ou le fait que je le séparais de son copain en classe et que je le mettais tout seul à une table. Mais si je faisais ça, c’est parce qu’il bavardait et gênait les autres. Et les heures de colle, c’était parce qu’il ne me rendait pas ses devoirs. Je n’en faisais pas un bouc émissaire ! Si je ne l’avais pas aimé, je n’aurais pas essayé de l’aider à avoir son bac… »

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N’hésitez pas à faire appel à un médiateur

Ce genre de situations, Rachel Vagney, ancienne CPE en lycée, aujourd’hui principale adjointe du collège Marie-Noël à Joigny (89), en a connu à la pelle. « Les élèves fonctionnent à l’affectif, alors dès qu’un conflit s’installe, cela prend des proportions importantes, explique-t-elle. L’écoute est essentielle. » Rachel Vagney a mis en place une sorte de « processus de règlement » de ces situations. « Je commence par recevoir le jeune en entretien. Ensuite, je reçois l’enseignant. Enfin, j’organise un rendez-vous de médiation en présence des deux parties. Afin de faire baisser la pression, ce rendez-vous n’a lieu que quelques jours après l’incident. Je leur demande chacun leur tour de s’exprimer, sans agressivité, sur ce qu’ils ressentent, et non sur ce qu’ils reprochent à l’autre. Et nous tentons de rechercher ensemble des solutions pour prendre un nouveau départ. Et généralement, c’est très positif des deux côtés. » Quelle que soit l’origine du problème, Rachel Vagney insiste : « Il ne faut pas laisser s’aggraver une situation. L’élève doit rapidement prendre contact avec un adulte pour parler de sa difficulté : un CPE, son professeur principal, la direction ou un assistant d’éducation. »

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Pour ne pas le payer cash si vous visez une filière sélective

Réagir vite… car les conséquences peuvent être importantes pour l’avenir, surtout lorsque l’on vise une filière sélective. Une moyenne anormalement basse, des appréciations médiocres, et c’est une place en prépa ou en DUT (diplôme universitaire de technologique) qui peut vous passer sous le nez. « En toute honnêteté, entre un petit 11 de moyenne avec des appréciations encourageantes et un 14 avec une tendance à être dissipé, nous retenons le premier », reconnaît Jacques Viléo, professeur de droit fiscal et membre de la commission de recrutement en DUT gestion des entreprises et des administrations à Dijon.

Si vraiment votre bulletin est touché par cette mauvaise relation, vous pouvez demander de l’aide au proviseur : c’est lui qui a la charge de donner son appréciation dans le dossier de poursuite d’études. « C’est la seule façon efficace de nuancer un problème dans une matière », estime Gérard Morquin, ancien CPE du lycée Stéphen-Liégeard de Brochon (21). « Le proviseur peut y expliquer que l’élève est un bon élément, qu’il ne s’agit que d’un dérapage, que les torts sont partagés… Cela peut avoir un poids non négligeable au moment de la sélection. »

N’hésitez pas non plus à vous servir de votre lettre de motivation, quasiment systématiquement exigée. Tentez d’y justifier cette mauvaise relation, cela peut faire pencher la balance. « Nous étudions chaque cas très précisément, assure Jacques Viléo. Parfois, nous connaissons la réputation de l’enseignant avec qui il a eu des problèmes, cela nous aide à trancher. Lorsque ce n’est pas le cas, nous nous renseignons sur les rapports que ce professeur entretient avec les autres élèves… Nous ne voulons rien laisser au hasard. »

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