Accro à 2048, Flappy Bird, Candy Crush… C’est grave ?

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Publié le 03/04/2014 par TRD_import_StéphaneMoret ,
Vous ne suivez plus les cours, vous ne faites plus vos devoirs, vous restez des heures sans parler a vos proches, et tout ça a cause de ces jeux sur smartphones qui font parler d'eux parce qu'ils rendent addictifs. Comment ça commence et quels sont les dangers ? Petit guide pour (peut-etre) decrocher.

C’est officiel, vous n’avez plus besoin d’amis. Parce que votre vie sociale a basculé. Pendant les cours, à table pendant le dîner, et même aux toilettes, vous ne quittez plus votre smartphone. La cause ? Des jeux addictifs qui consument votre attention, votre temps, et parfois votre argent. Alors attention danger, ou OSEF ?

Des jeux gratuits qui en veulent à votre porte-monnaie

Tout a commencé sur Facebook, avec « Farmville ». D’un coup, bêcher, vendre des légumes, et monter sa ferme sont devenus tendance, au point que les invitations à jouer de la part de vos amis, devenus accros, ont pullulé. Première fracture sociale : on s’unfriendait à cause de ça. Avec la démocratisation des jeux sur smartphone, le jeu est devenu nomade, vous suivant maintenant partout pour combler vos moments d’ennui et d’attente, et même plus. Aligner des cakes, des bonbons ou des fruits pour les éliminer et créer des combinaisons est devenu hyper tendance, mais surtout addictif. Et a enrichi King, la société qui édite « Candy Crush », à millions.

Comment est-ce possible, alors que le jeu est gratuit ? Il est en fait Freemium, un terme qui désigne une appli gratuite à télécharger, mais qui vous demandera de payer pour certains contenus. En l’occurrence, il faut débourser pour passer certains niveaux, au risque d’y passer des journées. À raison de 0,89 € par-ci, 1,29 € par là, multiplié par les 50 millions de joueurs assumés, ça commence à chiffrer…

 » Je ne pensais pas payer un jour pour passer un niveau sur un jeu gratuit , témoigne Alicia, 26 ans, mais au bout d’une semaine, je n’en pouvais plus, j’ai craqué. » Sabrina, un peu plus âgée, fait partie des ultras, ceux qui ne baisseront jamais la garde du porte-monnaie : « En fait, il faut jouer encore et encore sur le même niveau, je suis sûre qu’ils programment le truc pour qu’à un moment on le passe quoi qu’il arrive. »

À ce jeu, vous ne pourrez que perdre !

Pas sûr que ça arrive avec la sensation « game » du début 2014 : « Flappy Bird ». Le but : faire passer un oiseau entre une série de tubes au graphisme 8-bits très inspiré des anciens jeux « Mario Bros ». Le jeu a eu tellement de succès en quelques jours qu’il a été… retiré de l’Apple Store. « Ça me rendait fou ! décrit Benjamin. Tu ne pouvais pas passer plus de 3 tubes avant que ton oiseau ne s’explose. Infaisable comme jeu ! » Résultat, beaucoup de mauvais « ratings » sur les stores, et la décision, par son créateur, de retirer le jeu. Peine perdue, les copies faites par de jeunes programmeurs, et autres dérivés dus à la licence Creative Commons (droits en libre accès), se sont multipliés et l’ont remplacé. Mais alors pourquoi on joue à un jeu auquel on ne peut pas gagner ? Pur masochisme ?

Plaisir de gamer VS phénomène de masse

« J’ai réalisé ce jeu en un week-end, pour me détendre et pour m’amuser » déclare Gabriele Cirulli, développeur Web de 19 ans et créateur de « 2048 », le nouveau jeu qui rend fou. Et d’assumer : « Je suis le pire cauchemar de votre productivité. » Ben oui, Gaby, t’as raison, faire des additions sans fin pour tomber pile-poil sur le nombre 2048, ça nous détend vachement ! Enfin, c’est ce que je pensais avec ironie, jusqu’à ce que j’entende, lors d’une fête entre amis, tout le monde ne parler que de ça ! Et je ne traîne pas avec des mathématiciens, c’est vous dire ! « C’est marrant », m’a assuré ainsi Vincent. « Mais c’est quoi le but ? » m’a demandé un convive qui avait pourtant *déjà joué plusieurs parties. Alors ce serait ça, le secret : si tout le monde le télécharge, je me sens obligé de le télécharger aussi ? Parce qu’il y a un effet de masse indéniable, *l’envie de faire comme les autres, cette mode « communauté » qui s’applique à tout , même au téléchargement d’applications.

Un jeu chasse l’autre… Motif d’espoir ?

Mais le côté « Social-Mouton » n’est pas la seule explication. C’est en fait un retour aux sources des premiers jeux vidéo, où la difficulté était élevée, malgré un graphisme et un développement niveau CE1. Ici, on l’applique au smartphone : « Flappy Bird » ou « 2048 » ont ce point commun de ne pas avoir des graphismes évolués, un principe de jeu simplissime (donc accessible à tous) et un challenge évident : être plus malin que les autres, même si c’est de peu, via des parties courtes. L’antithèse d’un « Call of Duty » ou d’un « Assassin’s Creed ».

Bien sûr, psychologues et analystes se sont emparés de la question de cette addiction, et trouvent cela logique : dérivé 2.0 du casse-tête pour certains, principe de la récompense sociale pour d’autres, motivation cérébrale, jeu de bar réinventé… il y a presque autant d’interprétations que de personnes qui se penchent sur le sujet. Quoiqu’il arrive, il y a toujours un moment où on décroche du jeu, par lassitude ou manque de temps. Ou bien parce qu’un autre prend sa place. « Un jour, je prends mon smartphone et je vois que je n’ai pas joué à ‘Candy Crush’ depuis un mois, sans que ça me manque, dit David. J’étais guéri ! » Alors aucune raison de vous inquiéter si vous – ou l’un de vos amis – devenez accro : ça passera bien avec le temps, et ça finira en « Game Over ».