Kaps : colocations pas chères contre engagement associatif

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Publié le 02/12/2014 par TRD_import_DelphineDauvergne ,
L'Afev propose aux jeunes de b eneficier d'un logement a un prix faible, en colocation, en echange de participations a des projets solidaires. Une initiative enrichissante et tres pratique.

Appartement en colocation au loyer modéré contre heures d’accompagnement éducatif et projets solidaires dans des quartiers dits « populaires ». C’est le deal proposé par l’Afev dans 17 villes et une trentaine de quartiers. Après trois ans de tests, le dispositif a pris de l’ampleur et profite à environ 400 jeunes.

Près de la moitié d’entre eux se sont réunis vendredi 21 décembre 2014, pour la première rencontre nationale entre « kapseurs ». Les « kaps » sont des colocations solidaires, mises en place par l’Afev, grâce à des partenariats avec notamment les Crous et les collectivités locales. Inspiré d’un modèle belge existant depuis une trentaine d’année (les « cokoteurs »), il permet aux jeunes de moins de 30 ans de bénéficier d’un logement accessible, tout en participant à améliorer l’image des quartiers solidaires.

Un loyer peu onéreux

Les kaps sont un paradis pour les étudiants en mal de logement, notamment car le loyer tourne autour des 200 euros. « Les démarches administratives sont simplifiées pour les étudiants, la gestion locative s’effectue par le Crous, ce qui regroupe et facilite les services comme l’électricité ou le wifi », explique Morgane Pages, chargée de mission sur le projet des kaps à l’Afev Toulouse.

« Les kaps nous permettent d’accéder plus facilement à un logement, surtout lorsqu’on ne peut pas avoir une caution suffisante pour les bailleurs », constate Enzo, étudiant en musicologie à Toulouse Le Mirail. Quant à son colocataire, Loup, en M1 Sciences politiques à Toulouse 1, sa recherche d’appart a été « difficile » à mener, car il est arrivé un mois après la rentrée.

Engagés pour créer du lien social

« Beaucoup de personnes sont surtout intéressées par le loyer peu cher, mais pas pour s’engager dans des projets », regrette Samantha, 19 ans, kapseuse à Metz. Elle a vécu son enfance et son adolescence « dans une cité de l’Essonne, où l’entraide était très présente, alors qu’ici c’est chacun pour soi, j’aimerais changer cela », souhaite-t-elle. Cette étudiante en L1 psychologie a commencé ses heures de soutien scolaire dans une famille serbe. « J’essaie de leur apprendre des choses de manière différente qu’à l’école, notamment en faisant des sorties, en allant à la bibliothèque… », raconte-t-elle.

Du cirque aux ateliers cuisine, en passant par le recyclage, le troc ou encore les jardins partagés, les actions de solidarité sont multiples et variées. Elles créent du lien entre les habitants des quartiers et les jeunes arrivants, qui y consacrent environ deux heures par semaine. « Avec mes colocataires, on va organiser des carnavals, car on a des contacts dans le milieu festif et certains sont musiciens », explique Loup. Enzo apprécie d’être « impliqué dans son quartier, cela permet de nombreuses rencontres et une bonne ambiance au quotidien ».

Vivre en coloc’

L’expérience d’une kaps est bien plus qu’une astuce pour obtenir un bon loyer, c’est aussi une aventure humaine, de solidarité entre habitants d’un même quartier, mais pas seulement. « Dans ma colocation, nous sommes cinq étudiants dans des filières très différentes : maths-info, santé, économie sociale, génie mécanique, nous aurions jamais pu nous rencontrer ailleurs, c’est très enrichissant », illustre Emmanuel, 21 ans, étudiant en 2e année de commerce et développement international à l’école 3A, à Lyon.

Les kapseurs Emmanuel et Hélyette sont en colocation à Villeurbanne (Grand Lyon) _//©Delphine Dauvergne_

Sa colocataire, Hélyette, en deuxième année d’école d’infirmières, nuance tout de même : « cela reste une colocation normale, on peut ne pas s’entendre ». Arrivée depuis un an et demi dans ce dispositif, elle apprécie le côté « donnant-donnant et rencontres ».

Un encadrement et des compétences

Tous les kapseurs ne sont pas forcément étudiants, ils peuvent être apprentis, ou encore en service civique, comme Francky-Valentin, 19 ans, engagé à l’Afev. Il est « volontaire en résidence » et fait le lien à Metz entre les kapseurs et les établissements pour que les élèves en difficulté puissent bénéficier d’accompagnement scolaire. « Nous n’avons pas de statut supérieur par rapport aux kapseurs que nous encadrons, nous fonctionnons plutôt comme une équipe », souligne Francky-Valentin. Chaque kapseur s’engage en effet à donner deux heures de soutien scolaire par semaine.

Samantha et Francky-Valentin, font partie des 18 kapseurs de Metz // _©Delphine Dauvergne

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« Toutes les deux semaines, nous faisons un point d’étape avec les kapseurs pour voir comment cela se passe, faire le lien avec le Crous ou le bailleur. On leur propose aussi des temps de formations, notamment pour mettre en avant les compétences qu’ils acquièrent avec leur engagement », décrit Morgane Pages. Apprendre à développer un projet, trouver des partenaires, savoir communiquer, créer des affiches… Des atouts qu’on peut ensuite utiliser pour se valoriser sur un CV.

Les kaps se développent

« D’ici deux ans, nous espérons avoir près de 1000 kapseurs », ambitionne Thibault Renaudin, secrétaire général de l’Afev. Un projet de résidence de kaps est en cours notamment dans le 18e arrondissement de Paris et pourrait accueillir 20 jeunes à la rentrée 2015, puis 40 supplémentaires d’ici début 2016. Pour Thibault Renaudin, « ce dispositif confirme à la fois un espoir et une réalité, la jeunesse en France a soif d’engagement ».