Enquête

Baromètre l’Etudiant/BVA : "Quand on est en précarité étudiante, on vit le moment présent"

Par Julien Mazzerbo, publié le 08 novembre 2022
Durée de lecture : 
4 min

De la hausse de l'inflation à la guerre en Ukraine, en passant par la crise énergétique, le pouvoir d’achat des jeunes a été particulièrement secoué, selon le baromètre 2022 de confiance dans l’avenir l’Etudiant/BVA.

Près de la moitié (46%) des jeunes de seconde à bac+2 estime que l’inflation a un impact direct sur leurs dépenses en alimentation, selon le baromètre de confiance dans l’avenir l’Etudiant/BVA. Ils sentent notamment les effets de la hausse des prix sur leurs dépenses de loisirs (42%) et de mobilité (33%).

Un constat partagé par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, qui a reconnu dans une vidéo diffusée sur Twitter que les dernières mesures mises en place (revalorisation des bourses de 4%, aide de rentrée de 100 euros…) ne permettent pas d’effacer "les problèmes de fond".

Des étudiants acculés

De nombreux étudiants se retrouvent acculés comme Maëlle, étudiante à Sciences po dont la détresse a été médiatisée et lui a permis de recueillir 14.000 euros de dons en partie reversés à des associations.

Un élan de charité qui reste un cas exceptionnel : "Quand on est en précarité étudiante, on vit le moment présent", explique Laura, étudiante en classe préparatoire de journalisme réservée aux boursiers à Paris (75).

Installée dans la capitale depuis septembre, elle souligne les difficultés rencontrées par les jeunes, et leurs répercussions : "Quand tu es aidé et soutenu, tu étudies mieux et tu peux t’épanouir dans tes études, mais quand tu as un petit boulot qui te prend du temps… Je pense que l’avenir est assez flou pour beaucoup d’entre nous et ça, c’est très compliqué moralement".

Un budget alimentation en baisse

Kathia, étudiante internationale burundaise en L1 administration économique et social à l’université Paul-Valéry de Montpellier (34), évoque aussi ses difficultés : "Je continue de manger de la viande mais c’est cher donc je dois souvent m’en priver. On m’a dit que ce n’était pas comme ça avant". Elle confie avoir récupéré plusieurs colis de nourriture lors de campagnes d’aide alimentaire organisées par des associations. Selon l’association Cop1 – Solidarité Étudiantes, 56% des étudiants ne mangent pas à leur faim en 2022.

Des difficultés qui concernent aussi la mobilité : Mathis est étudiant en L2 histoire dans la même université. Malgré sa demande, il n’a pu obtenir de logement CROUS et se retrouve contraint de faire les trajets en voiture depuis son domicile à Fos-sur-Mer (13).

Une routine éreintante qu’il tente tant bien que mal de parer : "Pour limiter les frais d’essence, j’utilise beaucoup BlaBlaCar, mais je trouve que les prix ont augmenté de manière excessive".

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Des jeunes stressés dans un monde incertain

L’autre constat du baromètre concerne le stress qui est en constante augmentation depuis 2020 : cette année, deux-tiers des sondés se disent stressés dans leurs études (67%), contre 61% en 2020 et 64% en 2021.

Parmi eux, 72% sont des femmes. Ce que Laura constate amèrement : "Quand je pense à plus tard : avoir un appartement, une famille... j’ai du mal à imaginer obtenir une meilleure rentrée d’argent et j’ai l’impression que je vais rester indéfiniment dans cette situation".

Méthodologie
Étude réalisée par Internet (e-mailing) du 26 septembre au 10 octobre 2022 auprès d’un échantillon de 1.528 jeunes dont le niveau d’études est compris entre la seconde et bac+2 et résidant en France métropolitaine, en Outre-mer et à l’international. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas appliquée à la variable de la région.

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