Des cours le jour, un job la nuit : on survit ?

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Publié le 02/04/2014 par TRD_import_AgnèsMorel ,
Loyer, courses, factures, sorties, vacances… Pour assumer toutes vos depenses, vous songez a un job etudiant. Avec des missions bien payees qui n'empietent pas sur vos cours, le job de nuit pourrait faire l'affaire. Mais l'equation est-elle vraiment possible ? * *

Quand les parents de son petit ami lui proposèrent de travailler dans leur crêperie, comme serveuse, Zoé sauta sur l’occasion. « J’étais très contente ! J’avais 16 ans, je voulais commencer à gagner un peu d’argent, m’acheter un scooter, partir en vacances… Bref, gagner mon autonomie. » Ils l’embauchent alors les vendredis et samedis, ainsi que les soirées des vacances scolaires. Elle travaille le soir, de 18h00 à minuit, « l’idéal pour continuer à suivre les cours au lycée », sourit-elle.

Comme elle, beaucoup de jeunes rêvent de cumuler une vie diurne consacrée aux études à une vie nocturne permettant de faire un peu de « sous ».

Un rythme qui assure des lendemains difficiles

« À l’époque, se souvient Élise, j’étais en licence de Lettres modernes et je n’avais qu’une vingtaine d’heures de cours. En parallèle, j’étais rédactrice en chef du journal de la Sorbonne et quand je pouvais, je faisais des petits boulots : inventoriste dans la grande distribution, ouvreuse au théâtre, standardiste pour une hot-line téléphonique… »

Un jour, elle trouve du baby-sitting de nuit. Sa mission : s’occuper d’un nouveau-né, pour que sa mère, qui a trois autres enfants, puisse se reposer. « C’était dans les beaux quartiers. Trois nuits par semaine, je dormais dans la chambre du bébé et devais m’en occuper : le prendre quand il pleure, lui donner le biberon, le changer… », raconte-t-elle.

Un job très bien payé, mais qui l’empêche de fermer l’œil. « Je n’étais pas rassurée. Je n’avais jamais eu d’enfants, je ne savais pas trop comment faire, et surtout, j’avais peur que le bébé ne respire plus… poursuit-elle. Mais surtout, comme tous les nouveau-nés, le bébé se réveillait… trois à quatre fois par nuit ! »

Un rythme qui lui assure des lendemains difficiles. « Je luttais pour me lever, mais j’allais en cours, explique-t-elle. Je ne voulais pas entrer dans un cycle ‘je bosse la nuit – je rate mes cours – je les rattrape quand je peux’ « . Je faisais une petite sieste quand je pouvais et ça allait… à peu près. » Épuisée, Élise arrête au bout de trois mois, histoire de « récupérer et de finir l’année ».

Choisir un job moins prenant et plus flexible

Car l’emploi du temps n’est pas extensible. « On ne peut pas travailler tout le temps, 24h/24. Il faut se réserver des pauses dans la semaine, ne serait-ce que pour souffler et continuer à avoir une vie sociale », conseille Jeanne, qui travaille comme documentaliste sur une petite chaîne télé, deux soirs par semaine, pendant son Master de Sciences politiques. « C’est important : on n’est pas des robots ! ».

Question fatigue, certaines activités sont plus flexibles que d’autres.  » C’est le cas du soutien scolaire , explique Brigitte Bleyer, conseillère au Pôle Emploi Etudiant du CROUS (Paris), non seulement c’est moins prenant que la restauration par exemple, mais il est possible de s’arranger avec les parents sur la question des horaires. » Ce qui permet de dégager du temps quand on en a besoin.

Jeanne a cette chance : « Ma responsable est conciliante. Quand j’ai un ‘coup de bourre’, c’est-à-dire un devoir ou un exposé à préparer, je peux décaler mon planning de travail et récupérer mes heures sur la semaine suivante. Il faut juste que je la prévienne à temps ».

Troisième astuce : éviter de perdre du temps dans les transports. Brigitte Bleyer, qui organise chaque année en septembre le Forum « Baby sitting dating » incite les étudiants à trouver un job proche de leur domicile pour faciliter le retour et s’épargner de la fatigue supplémentaire.

Consacrer plutôt ses vacances scolaires aux jobs

Enfin, il ne faut pas se leurrer : « Quand on étudie le jour et qu’on travaille le soir, on rentabilise le moindre temps libre « , témoigne Zoé, qui travaillait dans une crêperie.

Avec 35 heures de cours en Terminale, ce n’était pas chose facile : elle a dû mettre à profit la moindre heure libre entre les cours et même son trajet quotidien en train jusqu’au lycée. « Cela ne m’a jamais posé de problème, avoue-t-elle. J’étais bonne élève, j’avais des facilités, je travaillais régulièrement, et surtout efficacement. »

Quelques années après, Zoé se demande toutefois si elle n’aurait pas mieux réussi son bac sans travailler le soir comme serveuse : aurait-elle décroché la mention Bien si elle s’était plus concentrée sur les études ?

« Quand on est jeune, on est plein d’énergie, on croit qu’on arrivera à tout gérer », avertit Brigitte Bleyer. « Mais forcément la scolarité en pâtit et certains étudiants doivent même abandonner leur scolarité … ». Pour la conseillère, le secret de la réussite tient à deux éléments : « réduire au maximum les heures travaillées en semaine » et « consacrer plutôt ses vacances scolaires aux jobs« . Vous voilà avertis.