Actu

Réforme de l'enseignement pro : ce qui va changer pour 600.000 lycéens

Par Etienne Gless, mis à jour le 03 mai 2023
Durée de lecture : 
5 min

Orientation plus précoce, gratification des stages, formations révisées, périodes de stage plus longues... La réforme du lycée professionnel se mettra progressivement en place à compter de la rentrée de septembre 2023.

Dans le cadre d'un déplacement, jeudi 4 mai, au lycée technologique et professionnel Bernard Palissy de Saintes en Charente-Maritime (17), Emmanuel Macron va présenter les détails attendus depuis plusieurs mois de la réforme de la voie professionnelle, empruntée par un lycéen sur trois.

À cette occasion, l'Elysée confirme les grandes lignes attendues de cette réforme, qui se mettra en place progressivement à partir de la rentrée de septembre 2023 : gratification des stages, refonte de leur durée et révision de la carte de formations. En se fondant sur trois piliers - lutter contre le décrochage scolaire, améliorer l'insertion professionnelle et reconnaître l'engagement des enseignants - la réforme entend faire de la voie professionnelle "une voie d'excellence" choisie et non plus subie par les élèves.

Dans un post Facebook, le président de la République a annoncé des investissements d'un milliard d'euros par an pour les lycées professionnels. "C’est un choix pour l’avenir. Car nous avons besoin de ces talents, de ces compétences, de ces savoir-faire" a t-il déclaré.

Découverte des métiers plus tôt

Dès la classe de cinquième au collège, votre emploi du temps pourrait contenir des journées ou des demi-journées "Avenir professionnel" pour vous informer sur le monde du travail : les entreprises viendront au collège pour échanger avec vous sur leurs métiers, leurs besoins de compétences, et les opportunités. L’objectif est que l’orientation en lycée professionnel en fin de troisième soit davantage choisie alors qu'elle est encore trop souvent subie.

Des formations mieux adaptées aux besoins du monde du travail

Certaines formations en lycée professionnel ne correspondent plus aux besoins du monde du travail et offrent peu de débouchés aux élèves. D’autres n’existent pas où sont encore insuffisamment remplies dans certains métiers en pleine croissance : métiers de la rénovation thermique, métiers de la mobilité, métiers de l’hydrogène, métiers de la chaudronnerie…
Dans les mois à venir, les cartes des formations vont donc être révisées localement, bassin d’emploi par bassin d’emploi, en concertation avec les régions. Certaines formations en lycée professionnel devront être fermées, d'autres développées ou créées pour répondre à des métiers en tension. Par ailleurs, les lycéens auront davantage de cours donnés par des professeurs associés, issus du monde professionnel.

Une durée de stage allongée

La durée des périodes de stage en entreprise est toujours à l'ordre du jour. Mais le gouvernement a renoncé à l'idée d'augmenter de 50% et de manière uniforme le temps passé par les lycéens professionnels en stage. Actuellement, les périodes de formation en milieu professionnelle durent de 12 à 16 semaines en CAP selon les spécialités. En bac professionnel, elles sont de 22 semaines réparties sur trois ans.

Augmenter le temps de formation professionnelle en entreprise doit permettre aux élèves de s’insérer plus facilement : actuellement, deux ans après l'obtention de leur diplôme, 41% des titulaires d'un CAP ont un emploi, contre 53% chez les titulaires d'un bac pro. Un taux d'emploi jugé trop faible alors que les entreprises ont d'importants besoins de jeunes professionnels bien formés dans les métiers manuels et techniques.

Des stages mieux rémunérés

Les stages doivent être mieux rémunérés pour les élèves de lycée professionnel.

Actuellement, la gratification de stage est d’un montant modeste : 4,05 euros de l’heure. Et encore, cette gratification n’est obligatoire que si le stage dure au moins 44 jours. En deçà, l’employeur n’est pas tenu de vous indemniser.

À l’avenir, les élèves de lycée professionnel sous statut scolaire pourront toucher une rémunération plus importante et systématique. C’est l’État qui prendra en charge le salaire des lycéens professionnels en stage et non l’employeur.

Une réforme qui entrera en vigueur progressivement

La réforme de l'enseignement professionnel ne commencera à entrer en vigueur progressivement qu'à la rentrée 2023 et s'étalera jusqu'à la rentrée 2025. Pour l'instant, l'heure est à la concertation, menée par Pap Ndiaye, ministre de l'Éducation nationale et Carole Grandjean, ministre déléguée à l'Enseignement et la Formation professionnels. Les derniers arbitrages seront annoncés ce printemps 2023.