Echos du colloque de la CPU : universités et collectivités territoriales prêchent pour de nouvelles formes de coopération

De notre envoyée spéciale à Marseille, Maëlle Flot Publié le
Le périmètre d’action des collectivités territoriales dans l’enseignement supérieur était au cœur des débats de la deuxième table ronde du colloque de la CPU (Conférence des présidents d'université), organisé à Marseille du 8 au 10 février 2012. Les représentants des collectivités, AVUF (association des villes universitaires de France) et ARF (association des régions de France), ont plaidé pour la mise en place de nouvelles formes de coopération.

« Le joug de l’Etat est aujourd’hui moindre. Il serait paradoxal que les universités se laissent maintenant inféoder par d’autres structures comme les régions ». Patrick Hetzel , directeur de la DGESIP, a ouvert les « hostilités » dès le lancement du colloque de la CPU (conférence des présidents d’université), le 9 février 2012 à Marseille, dans la lignée des récentes déclarations de son ministre , Laurent Wauquiez.

Les nouvelles logiques d’appels à projets (IDEX, LABEX, etc.) au sein du Grand Emprunt ont mobilisé, sur chaque territoire, les acteurs liés aux activités d’enseignement supérieur et de recherche. Elles ont ainsi reposé la question des modalités d’actions communes.

Les universités de plus en plus attendues par les collectivités territoriales

« Les universités ont connu jusqu’à la loi LRU principalement des relations verticales avec l’Etat, nécessaires à la garantie du service public, a rappelé Daniel Filâtre , président de l’université de Toulouse Le Mirail. Nous, présidents d’université, vivons tous aujourd’hui de nouvelles relations horizontales destinées à mieux asseoir des stratégies territoriales avec les régions, les agglomérations et les villes. »

En tant qu’établissements publics et dans le contexte de l’autonomie, les universités sont davantage attendues pour répondre aux attentes des acteurs des territoires, étudiants, entreprises, etc. Se posent alors deux questions principales : celle de l’équilibre entre la politique de l’Etat central et celle des collectivités, et celle des outils juridiques nécessaires pour mener en commun ces politiques locales.

L'Etat stratège, les Régions dans le rôle d'accélérateur

« Il n’y a pas de volonté de mise sous tutelle des universités par les régions, a répondu Laurent Beauvais, président de la commission enseignement supérieur, recherche et innovation de l’ARF, et président de la région Basse-Normandie, au directeur de la DGESIP. Ce n’est pas du tout le sujet, notamment si l’Etat stratège demeure aussi un Etat financeur. Nous régions, souhaitons avoir un Etat qui mette en œuvre la stratégie et la régulation afin d’assurer le service public de l’enseignement supérieur. Mais il se trouve que les collectivités ont investi considérablement ces dernières années, avec plus d’un milliard d’euros par an, et un élargissement de la nature de nos interventions. Les régions sont présentes à tous les étages, de la vie étudiante à la recherche avec le transfert de technologie  ».

Le représentant de l’ARF estime que les régions ont « un rôle à jouer en matière de cohésion, un rôle d’accélérateur de l’innovation car c’est un niveau territorial où nous pouvons agir rapidement ».

« L’université est déjà présente à tous les étages des activités des collectivités territoriales, lui a répondu Jean-Paul de Gaudemar , recteur de l’académie d’Aix-Marseille. L’université doit répondre positivement comme opérateur déterminé du développement du territoire ».

Le rôle des villes : favoriser les coopérations


Les villes définissent leur action vis-à-vis de l’enseignement supérieur de façon assez similaire. Hélène Mandroux , présidente de l’AVUF (association des villes universitaires de France) et maire de Montpellier, a rappelé que des schémas de développement universitaire se mettaient en place dans les villes : « le rôle des villes est de favoriser les coopérations et les mises en réseaux ».

Les maires se sentent de plus en plus concernés par leurs étudiants et leurs universités selon elle, car « une université soutient notre tissu économique : une ville qui perdrait ses étudiants, ça serait une catastrophe. Mais ça le serait aussi pour les étudiants, car il est essentiel qu’ils aient la possibilité d’étudier près de chez eux ».

Hélène Mandroux regrette que « les villes doivent bien souvent subir les évolutions du secteur sans y participer toujours comme elles le souhaiteraient. ». Pour l’international par exemple, domaine qui fait l’objet d’une des quatre commissions mises en place cette année (voir encadré), l’association souhaiterait une meilleure coordination entre les villes et les universités par rapport aux jumelages afin d’aider la mobilité étudiante.

Des modalités de travail en commun à revoir

« Les modalités de travail en commun avec les universités sont complètement à revoir, plaide Laurent Beauvais pour l’ARF. Il est nécessaire de remettre les compteurs à zéro car les moyens manquent et il n’est plus possible d’ouvrir le chéquier pour tel ou tel projet sans stratégie dans la durée.

Il faut par ailleurs simplifier le « millefeuille », la complexité du paysage d’enseignement supérieur. Les PRES peuvent être un bon niveau de dialogue avec les collectivités ». Une dizaine de régions ont mis en place - ou s’apprêtent à le faire, comme la Bretagne où c'est en cours - des schémas régionaux d’enseignement supérieur et de recherche.

« Nous sommes confrontés à la difficulté du choix d’affectation des moyens. A ce titre, nous ne pouvons plus refaire la contractualisation des années 1990 ; elle ne répond pas aux questions de la décentralisation. La question du transfert de compétences dans le domaine des bâtiments se pose  ; nous sommes à peine sortis de l’investissement des lycées... Des expérimentations, pourquoi pas ? Nous plaidons pour une nécessaire évolution des relations entre l’Etat, l’enseignement supérieur et les régions ».

L’AVUF et les nouvelles compétences des villes en matière universitaire

L’association, qui fêtera ses vingt ans en 2013, témoigne de l’importance du maillage territorial des universités avec ses 72 villes membres (de très grandes villes comme Paris à des villes moyennes comme Bourges ou Villeneuve d’Ascq). L’association a lancé cette année quatre commissions de travail :
- la commission « recherche, développement économique et performances territoriales », dirigée par la ville de Bordeaux
- la commission « vie étudiante », pilotée par les villes de Lille et de Toulouse
- la commission sur les « réseaux européens et internationaux » , suivie par les villes de Montpellier et d’Orléans.
- la commission « urbanisme », avec notamment Paris

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