Décryptage

Ni master ni PGE classique, les formations bac+5 "atypiques" des écoles de commerce

Par Corentin Parbaud, publié le 04 mars 2021
Durée de lecture : 
6 min

Sortant du modèle de cursus habituel des écoles de commerce, plusieurs formations proposent des parcours post-bac en cinq ans, s’appuyant sur un encadrement poussé des élèves, un regard sur l’étranger et des innovations pédagogiques.

Dans le paysage des écoles de commerce post-bac, majoritairement occupé par les programmes grande école (PGE) ou les masters, certaines formations détonnent, avec des programmes hors de ces sentiers battus. Proposant des cursus "atypiques" en cinq ans, l’Esam, Kedge ou Neoma offrent des alternatives aux étudiants souhaitant entrer dans les études sans passer par une formation généraliste.

"C’est une vraie demande de la part de beaucoup de lycéens, qui cherchent une pédagogie différente, détaille Jérôme Ony, chargé d’enseignement de la formation Tema, un programme de Neoma dispensé à Reims (51). Nous cherchons à ce que nos élèves apprennent à travers des projets, en prônant le 'learning by doing' ('apprendre en faisant', NDLR). Ils mobilisent leurs connaissances pour que ça devienne des compétences et l’on ne reste pas sur des notions abstraites et théoriques comme à la fac."

Entrepreneuriat, technologie et international : à chacun sa spécialité

Sans grade master et relativement onéreuses, ces formations s'appuient sur leur singularité pour être attractives. À l’Esam, c’est l’entrepreneuriat qui est mis en avant. "On essaie de faire de nos élèves des jeunes créateurs, en organisant des rencontres avec des entrepreneurs, en les formant sur des gros projets, explique Yannick Roussel, directeur de l’école basée à Paris (75), Lyon (69), Toulouse (31) et Rennes (35). Ils rentrent très vite au sein des entreprises et c’est ce qui leur plait. Ça les sort un peu de l’université, des grands amphis, pour être un peu plus encadrés."

Pour Tema, qui tient son nom de la contraction entre technologie et management, l’ambition est d’offrir une formation numérique et technologique de base, en plus de la formation principale. Pour cela, elle propose par exemple un semestre complet "hors management", dans une école d’ingénieurS, de codage ou de design, selon les préférences de chacun.

Un focus sur l’étranger

Avec une possibilité de double diplôme à Shanghai et Melbourne, Tema partage également avec les autres formations "atypiques" un focus marqué sur l’étranger, plus encore que dans les écoles de commerce classiques. C’est même la principale caractéristique d’EBP international, le programme post-bac en 5 ans de Kedge.

"Pour résumer rapidement notre formation, on utilise souvent la formule : trois diplômes (dont un bachelor et un master à l’étranger), trois langues et trois pays", avance Marc Faget, son directeur. "La multiculturalité est une notion très importante chez nous, on accueille beaucoup d’étudiants étrangers. Nos élèves partagent cette appétence pour l’international, les langues étrangères."

"Le fait de partir hors de France autant de temps, c’était une opportunité à ne pas rater", confirme Claire Courbaigts, 22 ans, étudiant en 5e année à l’EBP. Au cours de son cursus, elle a enchaîné un stage à Bruxelles, avant deux séjours en Allemagne, pour un stage à Göttingen, puis un an et demi à Brême, dans une université partenaire.

"J’avais un attachement important à l’allemand et je voulais conserver ça pendant mon cursus, complète la Bayonnaise. Cette branche de Kedge m’a permis de garder un gros focus sur les langues." Idem à l’Esam, l’école du groupe IGS, qui propose un PGE n’ayant pas le grade master. Un départ à l’étranger y est mis en place dès la première année et l’apprentissage du chinois est obligatoire.

Une proximité élèves-professeurs accrue

Ces écoles se rejoignent aussi sur leur proximité élèves-professeurs, avec un encadrement très poussé. "Dans une classe d’une quarantaine d’élèves, j’ai une proximité avec mes profs que n’ont pas forcément mes amis à la fac", précise Claire. Ce que confirme Marc Faget : "On met un point fort à avoir des étudiants très encadrés sur les cinq ans, avec un accompagnement spécifique sur tout ce qui est transversal : le savoir-vivre, l’employabilité".
La longueur de la scolarité, cinq ans, permet aussi d’assurer un encadrement sur le long terme et d’assurer que les diplômés soient aptes à entrer sur le marché du travail. "C’est un niveau d’études qui donne une vision globale, une prise de hauteur et une maîtrise de plus d’outils, détaille-t-on au sein de l’EBP. L’accumulation de stages et d’expériences à l’étranger permet de colorer ses diplômes pour être expert dans une entreprise, là où un PGE sera plus généraliste."